Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
mercredi 1 avril 2009
Santa Coglione, sei un figlio di …
Enzo G. Castellari
1976
Avec : Timothy Brent, Georges Eastman
Film méconnu de Castellari car totalement inédit en France et jamais sorti en Italie, ce film se trouve pourtant très facilement en DVD-R (repiqué d’une VHS estonienne avec des sous-titres grecs). Il s’agit, vous l’aurez compris, d’un film dans la lignée des Trinita, avec ses inévitables fayots et ses bastons interminables. Timothy Brent joue le rôle du Trinita de service, à savoir Santa Coglione, paresseux (haa la scène où il préfère aller se coucher plutôt que de se taper la nana amoureuse de ses yeux bleus), crasseux (on retiendra la scène où il donne l’accolade au notable véreux du coin et laisse les marques de ses bras et mains sur le costume blanc du type), extrêmement puant (on se souviendra de la scène où il fait fuir un couple de putois en s’endormant près de leur terrier) mais très bon dans le fond. Georges Eastman joue le Bud Spencer de service, à savoir Pepito Cacca, qui mêle sa pétomanie d’une incontinence de bon aloi permettant une succession de gags de haute tenue : le gag où Pepito Cacca vole les langes d’un nourrisson parce qu’il est pris d’une crise de diarrhée en plein repas gargantuesque, la scène de la baston dans les latrines où Benito Stefanelli se voit recevoir une certaine quantité de rab un rien verdâtre en sus de son lot réglementaire de couleur plus classique et enfin le gag de l’urne mortuaire qui se voit momentanément détournée de ses fonctions. Tout cela serait finalement assez commun, si Castellari n’enrobait son script ciselé d’un certain nombre de scènes énormes qui sont autant d’hommages au genre : la scène où Santa Coglione et Pepito Cacca tentent de parodier la scène des bottes de Et pour quelques dollars de plus alors même qu’ils sont en train de s’enfoncer dans des sables mouvants en est l’exemple le plus significatif, ainsi que la scène où Rick Boyd fait une entrée en scène alla Charles Bronson mais se coince la langue dans son harmonica. Castellari met ses talents de faiseur au service de l’intrigue, avec ses zooms répétés sur le fond de pantalon de Pepito Cacca qui s’alourdit au fur et à mesure de sa marche forcée dans le désert, ses mouvements de caméra audacieux autour des narines ronflantes de Timothy Brent qui s’endort en plein milieu de la baston dans la manufacture de goudron et ce plan séquence extraordinaire dans un saloon où la caméra passe en revue tous les clients du bar qui rotent chacun leur tour de plus en plus bruyamment jusqu’au dernier qui vomit dans le crachoir en commentant la mauvaise qualité du whisky du lieu. La caractérisation des personnages n’est pas en reste, avec ce méchant incroyable (Eduardo Fajardo), cul de jatte installé sur son fauteuil roulant à vapeur avec lanceur de tartes intégré. Bien sûr, c’est Santa Coglione qui est tenu pour responsable de son handicap (un flashback les montre tous les deux, grands amis, courant dans la riante Irlande, se partageant une platée de fayots, puis Eduardo Fajardo glissant sur une peau de banane…) et la quête de vengeance tient lieu de script, pour l’essentiel, avec un final grandiose sur fond de baston dans une manufacture d'édredons. Le film n’est pas au format, les sous-titres grecs sont durs à appréhender, mais ce film est néanmoins un must have, tant il est un fleuron oublié d’un genre décrié.
Capture: European film review