Après une première saison mitigée, j'espérais que le verre serait cette fois à moitié plein pour la deuxième saison de Westworld. Or, cette saison 2 n'est qu'un immense carnage ininterrompu du début à la fin. On ne sait pas exactement combien ils avaient d'hôtes en réserve dans le parc, mais ces dix nouveaux épisodes montrent en permanence des décors remplis de cadavres savamment enchevêtrés et des hôtes se faisant massacrer à tour de bras. Et des humains aussi. Parce qu'on est passé aux choses sérieuses maintenant: les humains se font dézinguer par des robots qui ont des velléités d'indépendance et des envies de liberté.
Les questions métaphysiques sur la vie, la conscience, et l'éthique cherchent à monter d'un cran avec l'exploration du thème de la sauvegarde et de le recréation complète d'un être humain sous forme d'androïde. Cela donne lieu à des scènes excellentes. Mais à nouveau, la lecture est rendue extrêmement compliquée par des sauts temporels permanents, des révélations soudaines et inattendues, des dialogues et monologues qui se veulent profonds mais qui sont surtout pesants, et de nouveaux lieux sans cesse découverts, aux noms ésotériques et mystérieux : la vallée, le berceau etc. Je ne sais pas si des gens ont vraiment cherché à tout comprendre, à tout démêler, à remettre les scènes dans le bon ordre, à vérifier si tel hôte qui n'est pas celui qu'on pensait être au début a bien le comportement qu'il est censé avoir tout au long de la série, mais moi j'ai très vite lâché, passant d'un carnage sans intérêt à un autre carnage sans intérêt.
L'une des hôtes après avoir découvert qu'elle pouvait diriger ses semblables par commande vocale se découvre un nouveau pouvoir: elle peut commander d'autres hôtes à distance, over the air, en recompilant leur noyaux Linux (sous Ubuntu 18.4?) par des techniques de hack que même les Russes ne connaissent pas: froncer les yeux très forts, parler littéralement dans leurs esprits cybernétique et leur demander de s'entretuer. Ce développement intéressant qui ne semble pas respecter le cycle en V permet d'assister à des massacres encore plus huge. On est bien contents.
Les humains embarqués dans cette galère ne semblent pas pressés de chercher la sortie la plus proche. Alors que le premier réflexe des protagonistes, humains comme robots serait de partir le plus loin possible après avoir éteint la lumière, il semblerait qu'une force invisible les ramène toujours tous dans ce foutu parc. En particulier, ce pauvre vieux Ed Harris se prend une bonne dizaine de balles tout au long des dix épisodes de cette saison, mais à aucun moment il ne semble vouloir rentrer chez lui, prendre un bon bain et passer à autre chose. En tout cas, il doit être écrit dans le cahier des charges des scénaristes qu'on ne verra jamais le monde extérieur, sauf dans quelques flashbacks. C'est un petit peu frustrant à la longue.
Moi comme d'habitude, mon côté rationnel prend le dessus. Le parc est tellement énorme, qu'il semble contenir tout l'Ouest des États-Unis. Des extensions apparaissent: un parc dans les Indes du XIXe siècle, un autre dans le Japon médiéval avec son mont Fuji. Comment font-ils pour mettre tout cela dans leurs parcs? Les décors ne sont-ils que des illusions? Et sinon, sur quelle planète est-on? La question de l'énergie n'est toujours pas posée non plus et il ne semble pas qu'elle le sera à terme. Des hôtes luttant pour trouver leur énergie pour survivre, confrontés à des humains qui cherchent désespérément de la vraie nourriture dans un parc coupé du monde, auraient pourtant pu fournir des motifs de carnages supplémentaires. Quel dommage.
Vous l'aurez compris, la deuxième saison de Westworld échoue à emporter l'adhésion et à remplir les quelques promesses de la saison 1. On se prend au jeu au début mais très rapidement l'ennui prédomine. Quelques épisodes centrés sur tel ou tel personnage surnagent un peu. Quelques scènes fortes ou quelques bonnes idées réveillent parfois le spectateur largement inattentif le reste du temps. Le verre est quasiment vide en ce qui me concerne. Et pourtant, la saison 3 m'attend. L'affiche est accrocheuse. On s'attache à certains personnages. Je n'ai qu'à appuyer sur le bouton de ma télécommande et j'aurai perdu mon libre arbitre, en regardant une série que je n'ai pas trop envie de voir. Les créateurs de la série auront achevé de m'anesthésier en me plaçant exactement là où ils veulent que je sois, comme un hôte docile de leur show. Résistance!