Pour un Evidis de plus, et pour un spaghetti de plus…
1968
All’Ultimo Sangue
Paolo Moffa
Avec Craig Hill, Ettore Manni
Un capitaine sans uniforme libère un détenu, qu’il avait lui-même capturé. Le but : récupérer de l’or qui a été volé, faire sa tête au carré au coupable, trucider du bandit mexicain, se faire torturer de façon sadique et effectuer un paquet de ballades à cheval.
Si j’en crois Giré, ce western est parsemé de bouts de séquences provenant de Lanky, l’homme à la carabine, 4 dollars de vengeance et Un mercenaire reste à tuer. Des trois, je n’ai vu que 4 dollars de vengeance et effectivement, certaines séquences de massacre de tuniques bleues pourraient bien en provenir, mais si je ne l’avais pas su à l’avance, je n’aurais rien remarqué. C’est donc comme un remix d’autres films, mais un remix assez bien fait, qui ne gêne pas la cohérence de l’ensemble.
Une fois mis de coté cet aspect « bricolage minable » comme dit Giré, on trouve un western tout à fait présentable, encore que je commence à me poser des questions sur ma capacité à discerner un bon western spaghetti d’un mauvais. On remarque d’abord une musique nerveuse, toute en cliquetis sonores et en pulsations octocouplées, sans oublier des jolis morceaux de trompette qui font chavirer le cœur et l’âme des spaghettovores déchaînés. On note ensuite une réalisation parfois assez surprenante avec un montage rapide, des effets de caméra, des angles inattendus, des petits trucs qui ont au moins le mérite de maintenir votre attention en éveil. Puis, et c’est tout à fait curieux, le scénario est cohérent, il n’y a pas trop d’éléments qui clochent, la relation entre Clive et Chaleco est assez bien rendue et le réalisateur prend son temps pour installer la psychologie des personnages (si tant est qu’on peut parler de psychologie dans le western spaghetti). Chaleco en particulier joué par Ettore Manni, apporte une certaine profondeur humaine à son personnage légèrement grassouillet. Ettore Manni était déjà le seul acteur à créer un semblant de sursaut cinématographique – à l’aide d’une béquille – dans le machin de Demofilo Fidani qui s’appelle Etranger fais ton signe de croix, alors surveillez ce gars, il apparaît dans d’autres productions frappées du sceau de l'inFidani !
Quoi d’autre à se mettre sous la dent se demande le spaghettocinglé alarmé ? Oui, un petit aparté pour préciser que ce film ne saurait – évidemment – s’adresser aux non amateurs de westerns, et encore moins – horreur – aux admirateurs exclusifs du western amerloque, et encore moins – terreur – aux personnes qui n’aiment que les films parfaits. Fin de l’aparté, quoi d’autre donc ? Des morts en cascade, des supplices italianesques (des serpents, une double pendaison en équilibre instable, un pauvre peon qui sert de cible aux éméchés maniaques du couteau), un énième massacre dans des grottes, et une baston au couteau dans la boue, dans un décor assez beau ma foi !
Quoi d’autre, quoi d’autre, quoi d’autre, demande encore le bouffeur de ravioli qui décidément a toujours faim ? Allez, pour le même prix vous avez : un bandit mexicain bien déjanté comme d’habitude, des répliques qui tuent (« si tu as perdu quelques hommes, c’est qu’ils ne valaient pas grand-chose ! »), une arnaque au cheval boiteux bien marrante, une pendaison explosive, des tuniques bleues qui sont là uniquement pour se faire décimer, et tout un tas de petits trucs foireux qui sont immédiatement pardonnés par le panzannien affamé.Mais alors, que demande donc le peuple ? Mais rien du tout, monsieur, si vous aimez les bons westerns italiens, n’achetez pas celui-là, par contre, si vous en êtes réduits à apprécier même les mauvais westerns italiens, et bien celui-ci fera aussi bien l’affaire qu’un autre! Parole de Tepepa!
Per Qualche Evidis in piu. Format cinéma plus ou moins respecté (j’entends par là que c’est pas du 4/3), son audible, copie à peu près regardable, toujours aucun menu, une jaquette pour demeurés de niveau 4 (« Rien ne pourra les arrêter ! »), des splendides rayures qui zèbrent l’image de temps à autre, et tout ça pour 4,99€ à Auchan, Leclerc, Shoppi et dans les bonnes merceries…Faut savoir ce qu’on veut dans la vie, voir peu de films dans les meilleures conditions possibles, ou voir beaucoup de films dans n’importe quelle condition. Les deux styles de cinéphilie se défendent !
PS : pour ceux qui se demandent ce que ça veut dire « pulsations octocouplées », demandez à votre cheval.
PS2: Jusqu'à La derniere goutte de sang est régulièrement disponible en kiosque, ainsi que tous les Evidis, pour 9,99€, mais là, ça s'appelle du vol...
Craig Hill, esposo de Teresa Gimpera
RépondreSupprimer