Un faux western, mais une vraie curiosité.
L’uomo, l’orgoglio, la vendetta
Luigi Bazzoni
1968
Avec :Franco Nero, Tina Aumont, Klaus Kinski
Une affiche dans le plus pur style spaghetti, des acteurs de western spaghetti, des paysages désertiques de western spaghetti, une année de production en plein boum spaghetti, des chapeaux partout, mais L’Homme, l’Orgueil et la Vengeance n’est pas un western spaghetti. Il s’agit d’une libre adaptation de Carmen, la nouvelle de Prosper Mérimée.
Le western avait-il à ce point le vent en poupe en 1968 qu’il était impossible de tourner autre chose que des westerns, au point de tenter de faire passer l’espagnolade de Mérimée en western ? Peu importe, une fois la surprise passée, on retrouve assez fidèlement la trame de la nouvelle, qui a été un peu supplantée malgré-elle par le bel opéra-comique de Bizet. Pas de toréador ici, donc, juste un picador qui l’espace d’une scène distrait un peu la belle Carmen. Qui est donc cette Carmen me demandez vous, les deux cancres du fond, qui ne connaissez ni l’opéra, ni la nouvelle, ni l’adaptation cinématographique de Rosi ?Un rustre qui dit tout fort ce que tout le monde pense tout bas dirait que Carmen est une salope qui se sert de l’amour qu’elle inspire chez les hommes pour mener un beau brigadier à sa perte. Un élève passant le bac de français serait plus avisé d’écrire que Carmen est une femme libre, en avance sur son temps, qui ne veut pas vivre sous le joug de la jalousie masculine, telle une Manon Lescaut bohémienne du XIXe siècle.
Dans le rôle, Tina Aumont fait merveille, parce qu’elle apporte une fraîcheur très « années 60 » au personnage, accentuant le coté « femme libre » qui commençait alors à être de plus en plus d’actualité dans les sociétés occidentales. Cet aspect transparait dans son maquillage, très typé de ces années là, comme celui de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'Ouest avec cet épais trait d'eyeliner noir autour des yeux, destiné à cacher la colle des faux cils. Klaus Kinski joue Klaus Kinski avec sa folie habituelle, et, si on ne s’en lasse pas, il ne tient pas là le rôle de sa vie. La surprise vient plutôt de Franco Nero, glabre, en jeune premier gauche et naïf, qui parvient à faire oublier totalement ses Django et autres Burt Sullivan. Poli, les yeux bleus pétillants, l’uniforme bien repassé, Franco Nero change totalement de registre, au point de faire penser à Gian Maria Volonte dans Le désert des Tartares ! Et vous conviendrez qu’il s’agit là d’un joli tour de force, quand on sait que Le Désert des tartares n’est sorti qu’en 1976 et que Gian Maria Volonte ne joue pas dedans. A cause de Carmen, l’officier tue un supérieur, devient bandit et se laisse pousser la barbe, ce qui ne lui ôte pas sa belle fragilité. Les diverses péripéties de notre héros que l’amour rend aveugle se déroulent par la suite sans ennui et offrent une nouvelle fois l’occasion d’admirer les montagnes du désert espagnol d’Almeria, la trogne de Kinski, et un joli combat au couteau avec caméra subjective, 25 ans avant Doom. Le final, tragique au possible, arrachera une larme aux plus sensibles et aux moins exigeants en ce qui concerne la qualité de l’image, car comme de coutume avec les DVD Evidis, aucun travail de restauration ne vient rendre hommage au travail de Luigi Bazzoni et de son équipe. Si Evidis ne cherche pas spécialement à dissimuler sur la jaquette qu’il s’agit d’une adaptation de Carmen, le camouflage « western » est tout de même laissé en avant pour peut-être attraper le gogo. Peut-être aurait-il été plus judicieux de donner une seconde chance à ce film en le vendant pour ce qu’il est vraiment, mais ce n’est pas moi le roi du marketing chez Evidis.
Le western avait-il à ce point le vent en poupe en 1968 qu’il était impossible de tourner autre chose que des westerns, au point de tenter de faire passer l’espagnolade de Mérimée en western ? Peu importe, une fois la surprise passée, on retrouve assez fidèlement la trame de la nouvelle, qui a été un peu supplantée malgré-elle par le bel opéra-comique de Bizet. Pas de toréador ici, donc, juste un picador qui l’espace d’une scène distrait un peu la belle Carmen. Qui est donc cette Carmen me demandez vous, les deux cancres du fond, qui ne connaissez ni l’opéra, ni la nouvelle, ni l’adaptation cinématographique de Rosi ?Un rustre qui dit tout fort ce que tout le monde pense tout bas dirait que Carmen est une salope qui se sert de l’amour qu’elle inspire chez les hommes pour mener un beau brigadier à sa perte. Un élève passant le bac de français serait plus avisé d’écrire que Carmen est une femme libre, en avance sur son temps, qui ne veut pas vivre sous le joug de la jalousie masculine, telle une Manon Lescaut bohémienne du XIXe siècle.
Dans le rôle, Tina Aumont fait merveille, parce qu’elle apporte une fraîcheur très « années 60 » au personnage, accentuant le coté « femme libre » qui commençait alors à être de plus en plus d’actualité dans les sociétés occidentales. Cet aspect transparait dans son maquillage, très typé de ces années là, comme celui de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'Ouest avec cet épais trait d'eyeliner noir autour des yeux, destiné à cacher la colle des faux cils. Klaus Kinski joue Klaus Kinski avec sa folie habituelle, et, si on ne s’en lasse pas, il ne tient pas là le rôle de sa vie. La surprise vient plutôt de Franco Nero, glabre, en jeune premier gauche et naïf, qui parvient à faire oublier totalement ses Django et autres Burt Sullivan. Poli, les yeux bleus pétillants, l’uniforme bien repassé, Franco Nero change totalement de registre, au point de faire penser à Gian Maria Volonte dans Le désert des Tartares ! Et vous conviendrez qu’il s’agit là d’un joli tour de force, quand on sait que Le Désert des tartares n’est sorti qu’en 1976 et que Gian Maria Volonte ne joue pas dedans. A cause de Carmen, l’officier tue un supérieur, devient bandit et se laisse pousser la barbe, ce qui ne lui ôte pas sa belle fragilité. Les diverses péripéties de notre héros que l’amour rend aveugle se déroulent par la suite sans ennui et offrent une nouvelle fois l’occasion d’admirer les montagnes du désert espagnol d’Almeria, la trogne de Kinski, et un joli combat au couteau avec caméra subjective, 25 ans avant Doom. Le final, tragique au possible, arrachera une larme aux plus sensibles et aux moins exigeants en ce qui concerne la qualité de l’image, car comme de coutume avec les DVD Evidis, aucun travail de restauration ne vient rendre hommage au travail de Luigi Bazzoni et de son équipe. Si Evidis ne cherche pas spécialement à dissimuler sur la jaquette qu’il s’agit d’une adaptation de Carmen, le camouflage « western » est tout de même laissé en avant pour peut-être attraper le gogo. Peut-être aurait-il été plus judicieux de donner une seconde chance à ce film en le vendant pour ce qu’il est vraiment, mais ce n’est pas moi le roi du marketing chez Evidis.
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