1971
Frank Kramer
Avec : Lee Van Cleef
Frank Kramer
Avec : Lee Van Cleef
Sabata tout de noir vêtu, pistolero énigmatique au sourire carnassier, arrive avec une troupe de cirque dans une petite ville où il sera rapidement confronté à la Mafia irlandaise naissante. Tous les méchants y passeront dans la bonne humeur et dans la joie, car le meurtre n’est qu’un jeu dans Le retour de Sabata tout comme dans le premier Sabata réalisé deux ans plus tôt par le même Frank Kramer, alias Gianfranco Parolini . La première séquence en trompe l’œil, où Sabata démontre ses talents au cirque est d’ailleurs significative en ce sens, elle pose le concept : au cinéma, la mort n’est qu’illusion. Ainsi plus tard, même si les balles trouent réellement le corps des méchants, on reste dans la prestidigitation, dans la représentation symbolique. Sabata est cet être presque entièrement déshumanisé, infaillible, toujours vainqueur, dont les motivations sont totalement opaques à force d’être inexistantes. Sabata ne vit que par et pour les armes. Que ce soit pour tuer ou pour effectuer les gestes simples (couper une corde, actionner un levier, mettre en marche un gramophone…) Sabata utilise ses armes. Celles-ci sont des armes de Dandy, qui se cachent, se confisquent à la vue de l’adversaire et sortent de nulle part. Sabata est un être trop sophistiqué pour utiliser un simple Colt ‘frontier ‘, on ne sait jamais combien de balles ses gadgets peuvent tirer au juste, on ne sait jamais combien d’armes il cache encore sur lui, il est imprévisible !
Comme tout héros de western spaghetti, Sabata sait aussi jouer du poing, malgré ses cheveux grisonnants. Néanmoins, il préfère s’en remettre à ses acolytes acrobates pour la castagne et les hold up audacieux. Comme dans Sabata et sa fausse suite Adios Sabata avec Yul Bryner, Frank Kramer semble vouer une passion pour le monde du cirque et ses prouesses. Dans Le Retour de Sabata les deux acolytes bondissant effectuent des miracles, sans câbles effacés à la gomme numérique. Les sauts sont réels et très impressionnants, les sourires sont bien là comme au spectacle, pour souligner la beauté du geste et la valeur représentative de l’action, au sens du don de soi dans une représentation théâtrale !
Le scénario est un bordel sans nom, on ne comprend absolument rien pendant les vingt premières minutes, surtout qu’un gros barbu vient jouer du tambour et commenter chaque action de Sabata (le spectacle, toujours), et Lee van Cleef lui-même en joue (« boum boum, ceci aurait mérité une annonce au tambour ! »). Mais ceci ne traduit pas un manque de cohérence, ni une réalisation bâclée. Frank Kramer parie sur l’intelligence du spectateur : les synapses s’accrochent, les neurones se réveillent, les éléments s’assemblent et le tout forme une intrigue, certes tirée par les cheveux, mais compréhensible. C’est pour ça que les Sabata sont des films extraordinairement plus exigeants que ne le sont les Trinita, car en effet pour apprécier un Sabata il vaut mieux avoir l’esprit libre de toute substance étrangère, sinon, on capte rien, et si on capte rien, les morceaux de bravoure restent sans intérêt.
Ce Retour de Sabata est donc pour ma part un bon divertissement tout à fait dans la lignée de Sabata et Adios Sabata avec les mêmes qualités, la même bonne humeur, le même esprit. On pourrait regarder dans le détail et essayer de voir lequel des trois est le meilleur, lequel tire un peu trop sur la corde – et sans doute à l’époque reprocha t-on à ce Retour de Sabata d’être une suite sans âme purement commerciale. Avec le recul, on retrouve une suite réussie, pas plus commerciale que ne l’était le Sabata original, avec une belle cohérence de casting (réalisateur, acteur…) ce qui est déjà assez rare en soit dans le petit monde du western italien où les Sabata/Sartana/Ringo/Django pullulent comme des lapins.
A ne pas manquer donc si vous avez déjà vu le premier, il existe un DVD MGM anglais des trois Sabata avec VF mesdames messieurs, disponibles sur amazon.uk ou hmv.uk par exemple.
Comme tout héros de western spaghetti, Sabata sait aussi jouer du poing, malgré ses cheveux grisonnants. Néanmoins, il préfère s’en remettre à ses acolytes acrobates pour la castagne et les hold up audacieux. Comme dans Sabata et sa fausse suite Adios Sabata avec Yul Bryner, Frank Kramer semble vouer une passion pour le monde du cirque et ses prouesses. Dans Le Retour de Sabata les deux acolytes bondissant effectuent des miracles, sans câbles effacés à la gomme numérique. Les sauts sont réels et très impressionnants, les sourires sont bien là comme au spectacle, pour souligner la beauté du geste et la valeur représentative de l’action, au sens du don de soi dans une représentation théâtrale !
Le scénario est un bordel sans nom, on ne comprend absolument rien pendant les vingt premières minutes, surtout qu’un gros barbu vient jouer du tambour et commenter chaque action de Sabata (le spectacle, toujours), et Lee van Cleef lui-même en joue (« boum boum, ceci aurait mérité une annonce au tambour ! »). Mais ceci ne traduit pas un manque de cohérence, ni une réalisation bâclée. Frank Kramer parie sur l’intelligence du spectateur : les synapses s’accrochent, les neurones se réveillent, les éléments s’assemblent et le tout forme une intrigue, certes tirée par les cheveux, mais compréhensible. C’est pour ça que les Sabata sont des films extraordinairement plus exigeants que ne le sont les Trinita, car en effet pour apprécier un Sabata il vaut mieux avoir l’esprit libre de toute substance étrangère, sinon, on capte rien, et si on capte rien, les morceaux de bravoure restent sans intérêt.
Ce Retour de Sabata est donc pour ma part un bon divertissement tout à fait dans la lignée de Sabata et Adios Sabata avec les mêmes qualités, la même bonne humeur, le même esprit. On pourrait regarder dans le détail et essayer de voir lequel des trois est le meilleur, lequel tire un peu trop sur la corde – et sans doute à l’époque reprocha t-on à ce Retour de Sabata d’être une suite sans âme purement commerciale. Avec le recul, on retrouve une suite réussie, pas plus commerciale que ne l’était le Sabata original, avec une belle cohérence de casting (réalisateur, acteur…) ce qui est déjà assez rare en soit dans le petit monde du western italien où les Sabata/Sartana/Ringo/Django pullulent comme des lapins.
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