1966
Ride in the whirldwind
Monte Hellman
Avec: Jack Nicholson, Cameron Mitchell, Harry Dean Stanton, Millie Pirkins
Ride in the whirldwind
Monte Hellman
Avec: Jack Nicholson, Cameron Mitchell, Harry Dean Stanton, Millie Pirkins
Trois cow-boys du genre gars tranquilles s’arrêtent pour la nuit près d’une cabane occupée par des bandits en fuite. Pas dupes pour un sou, ils restent sur leurs gardes en pensant repartir le lendemain matin. Malheureusement, le lendemain matin, la cabane est encerclée par une bande de vigilantes assoiffés de pendaison, avec qui il est difficile de discuter.
Il est effectivement difficile de discuter dans l’Ouest et c’est bien le problème pendant tout le film. Nos trois lascars vont-ils tenter de s’expliquer quand ils sont encerclés ? Non, mais il faut dire qu’on ne leur en laisse pas vraiment le temps. Les deux bandits qui se font pendre vont-ils dire un mot pour disculper les trois cowboys ? Non, ils meurent sans ouvrir la bouche. Les deux survivants vont-ils raconter leurs mésaventures à la famille qu’ils prennent en otage et dont ils veulent voler les chevaux ? Non, ils se contentent d’être plus ou moins polis. La communication est bien le talon d’Achille de ces hommes par ailleurs durs et courageux, ils ne parlent pas, donc ils ne mettent pas toutes leurs chances de leurs cotés. C’est ce qui accentue le caractère désespéré du film, cette incapacité presque tragique à dissiper les malentendus, cette absence de volonté même, pour se disculper. Il faut dire que la tentation est là, diffuse et fugace. Les hommes pourchassés par erreur ont peur, mais ils sont presque content pourrait on dire, de ne plus avoir à travailler, et la fin ouverte laisse présager ce qui était sous-entendu dans le dialogue entre les trois hommes au début : le personnage de Jack Nicholson devient réellement un bandit, car en ces temps primitifs, il suffit d’être au mauvais endroit au mauvais moment pour devenir hors la loi ! Il ne reste alors qu’à accepter son destin et chevaucher à bride abattue vers le couchant.
Le sens du détail est très fort dans L’ouragan de la vengeance. Comme dans The Shooting, les chevaux sont d’une importance capitale : on prend soin d’écouter un cheval nerveux, on emmène les chevaux au corral et on les desselle pour les soulager. Pour le cowboy, s’enfuir à pied en abandonnant son cheval est une décision qu’on ne prend pas à la légère, et lorsqu’il perd ses éperons dans la montagne, cela semble le déranger au plus haut point. Comme dans The Shooting, la fatigue des hommes à pieds et en manque de sommeil et de nourriture est flagrante, l’action est définitivement anti-spectaculaire et les dialogues légèrement déphasés par rapport à l’action, ou tout simplement sans queue ni tête qui donne parfois l’impression que chaque personnage vit dans son monde indépendamment des autres. La seule communication semble vraiment être celle des actes, et Cameron Mitchell se fait même rabrouer par Jack Nicholson quand il tente d’engager une vraie conversation avec la mère de famille. Cette petite famille typique qui a le malheur de se trouver sur la route des fuyards est tout aussi désenchantée que les fuyards eux-mêmes. Le paternel tape en vain sur une souche pendant des heures, et le rituel du dîner est toujours le même. La mère et sa fille s’ennuient, et ne répondent qu’à moitié quand on leur demande si « elles se plaisent ici ». L’Ouest de Monte Hellman n’est pas à proprement parler un lieu où on s’amuse et s’excite beaucoup.
Les acteurs sont excellents à commencer par Jack Nicholson, qui jouait alors de manière sobre. Son personnage est ambigu, limite antipathique. Cameron Mitchell joue le plus vieux des trois cowboy, le plus sage, le plus expérimenté. Il offre une belle composition de fatigue et de désillusion permanente, il sait qu’il ne sert à rien de discuter avec les vigilants, il sait qu’il ne sert à rien de fuir. Harry Dean Stanton meurt vite mais sa trogne mémorable imprime l’écran. Si vous vous demandez où vous avez déjà vu cette tête récemment, il est dans La Ligne Verte et il apparaît aussi dans la trilogie du Parrain et dans Sailor et Lula. Pour l’anecdote, il joue le Shérif dans cette mythique scène d’introduction rajoutée par les américains à Pour une poignée de Dollars.
Plus classique, moins « intellectuel » que The Shooting, L’Ouragan de la Vengeance est par contraste encore plus pessimiste. Doté d’un excellent scénario, simple et implacable, de Jack Nicholson lui-même, le film est aussi très court (79 mn), ce qui à notre époque est assez réjouissant, donnant au final plus une impression de petit bijou ciselé que de chef d’œuvre prétentieux !
Le sens du détail est très fort dans L’ouragan de la vengeance. Comme dans The Shooting, les chevaux sont d’une importance capitale : on prend soin d’écouter un cheval nerveux, on emmène les chevaux au corral et on les desselle pour les soulager. Pour le cowboy, s’enfuir à pied en abandonnant son cheval est une décision qu’on ne prend pas à la légère, et lorsqu’il perd ses éperons dans la montagne, cela semble le déranger au plus haut point. Comme dans The Shooting, la fatigue des hommes à pieds et en manque de sommeil et de nourriture est flagrante, l’action est définitivement anti-spectaculaire et les dialogues légèrement déphasés par rapport à l’action, ou tout simplement sans queue ni tête qui donne parfois l’impression que chaque personnage vit dans son monde indépendamment des autres. La seule communication semble vraiment être celle des actes, et Cameron Mitchell se fait même rabrouer par Jack Nicholson quand il tente d’engager une vraie conversation avec la mère de famille. Cette petite famille typique qui a le malheur de se trouver sur la route des fuyards est tout aussi désenchantée que les fuyards eux-mêmes. Le paternel tape en vain sur une souche pendant des heures, et le rituel du dîner est toujours le même. La mère et sa fille s’ennuient, et ne répondent qu’à moitié quand on leur demande si « elles se plaisent ici ». L’Ouest de Monte Hellman n’est pas à proprement parler un lieu où on s’amuse et s’excite beaucoup.
Les acteurs sont excellents à commencer par Jack Nicholson, qui jouait alors de manière sobre. Son personnage est ambigu, limite antipathique. Cameron Mitchell joue le plus vieux des trois cowboy, le plus sage, le plus expérimenté. Il offre une belle composition de fatigue et de désillusion permanente, il sait qu’il ne sert à rien de discuter avec les vigilants, il sait qu’il ne sert à rien de fuir. Harry Dean Stanton meurt vite mais sa trogne mémorable imprime l’écran. Si vous vous demandez où vous avez déjà vu cette tête récemment, il est dans La Ligne Verte et il apparaît aussi dans la trilogie du Parrain et dans Sailor et Lula. Pour l’anecdote, il joue le Shérif dans cette mythique scène d’introduction rajoutée par les américains à Pour une poignée de Dollars.
Plus classique, moins « intellectuel » que The Shooting, L’Ouragan de la Vengeance est par contraste encore plus pessimiste. Doté d’un excellent scénario, simple et implacable, de Jack Nicholson lui-même, le film est aussi très court (79 mn), ce qui à notre époque est assez réjouissant, donnant au final plus une impression de petit bijou ciselé que de chef d’œuvre prétentieux !
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