The far country
1954
Anthony Mann
Avec: James Stewart, Walter Brennan
Chez moi c’est un peu le Kadjhaksistan de Borat, je n’ai toujours pas d’enregistreur disque dur/DVD, juste un bon vieux magnétoscope qui fait crrr crrr. J’avais donc enregistré Je suis un aventurier diffusé il y a quelques mois sur Arte. Soudain, alors que je nettoyais ma télécommande, l’accident bête, le coup est parti tout seul, j’ai enregistré la bataille de Trafalgar en images de synthèse par-dessus. Damn! Ces engins devraient être interdits!
Tout ça pour dire que, comme naguère pour Le dernier train de Gun Hill, j’ai pris le film carrément vers la fin.
Mais ce qui fonctionna pour Sturges qui fait du cinéma commercial de qualité – en effet prendre ce film au milieu apporte une touche de mystère à l’intrigue qui peut la rendre plus profonde – ne fonctionne pas du tout pour un film d’Anthony Mann, qui façonne des portraits d’anti-héros forcés par la société de prendre leur destinée en main. James Stewart joue Jeff Webster, un type tout à fait capable de tirer, mais qui refuse de prendre le poste de shérif qu’on lui propose dans la petite ville de mineurs de Dawson en Alaska. Il semble en effet que la loi du plus fort règne, les méchants arrachant leurs concessions aux plus faibles. Comme tout anti-héros, notre James Stewart ne veut s’occuper que de ses affaires. On lui tue son vieux Ben (Walter Brennan toujours aussi Stumpy) et là il se met en branle et fait enfin ce qu’on attendait de lui : s’impliquer dans la société et dégainer son flingue.
Or donc quand on prend ce film vers la fin, la mort de Ben et le revirement de Jeff Webster coulent de source, sans émotion, sans libération, sans tension. On dirait presque un cliché pompeux, un court métrage résumé de l’intrigue type du western. L’important dans un film de Mann étant la progression morale de l’anti-héros, ses désillusions et ses faiblesses, il est inutile de vouloir se contenter d’une partie de l’œuvre seulement. Il me faudra donc la revoir.
Reste tout de même un gunfight final étonnant de modernité : les hommes se ratent, se blessent atrocement, se tirent dans les jambes, sans gestuelle étudiée, sans virtuosité. Jack Elam (si c’est bien lui) y passe froidement. Et avant le règlement de compte, ce cheval qui avance lentement, caméra dans les pattes, et la clochette qui sonne qui sonne… c’est beau comme du spaghetti !
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