L'énigme du lac noir
The secret of convict lake
1951
Michael Gordon
Avec: Glenn Ford
Un village perdu dans la montagne avec une tempête qui gronde en noir et blanc, une population essentiellement féminine car les hommes sont temporairement absents, cinq forçats qui s’invitent un peu de force.
Voilà un synopsis qui n’a curieusement jamais été exploité à ma connaissance par le western italien malgré le potentiel sadique sous-jacent au simple postulat « femmes contre bagnards ». Ici nous avons affaire à un western américain bien classique, pourtant ce potentiel est parfaitement exploité dans la première demi-heure : les forçats ne sont pas des enfants de cœur mais les femmes sont fortes et ne se laissent pas impressionner. Les regards tendus, la musique appuyée, le noir et blanc et l’oppression de la tempête créent un climat pesant – plus proche du film noir que du western – véritablement captivant. On est donc tout content d’avoir commencé à regarder ce film plutôt que Koh Lanta ou Mystères.
Et puis l’intrigue se dilate (si ça peut se dilater une intrigue) : l’un des forçats est en fait un mec bien (devinez lequel, sachant qu’il y a Glenn Ford dans la distribution), et comme tout mec bien qui se respecte, il a un petit plan de vengeance de derrière les fagots pour tuer le type qui l’a fait injustement condamner. Ajoutez à cela qu’il y a 40 000 dollars quelque part qui sont tombés d’un camion, ajoutez à cela que le mec bien et la femme de celui qu’il est venu tuer se roulent des pelles dès qu’il fait un peu froid (on appelle ça une idylle naissante quand on cause bien) et vous conviendrez que le postulat de départ est un peu noyé comme mon pastis du soir.
Et de ce fait, la confrontation femmes/bagnards a tourné court. Pendant que Glenn Ford et Gene Tierney se roulent des pelles, les quatre autres forçats désarment les nanas et passent à autre chose, à savoir récupérer les 40 000 dollars, ce qui est beaucoup plus convenu et donc beaucoup plus ennuyant. L’un d’eux est un violeur/assassin multirécidiviste mais heureusement Glenn Ford veille. Et comme toujours à la fin, les 40 000 dollars s’envolent dans le vent, perdus à jamais.
Malgré un début très prenant, L’énigme du lac noir reste donc plus dans le domaine des curiosités agréables que dans celui des chefs-d’œuvre inoubliables. Restent le souvenir de cette vieille dame (Ethel Barrymore) qui prend les choses en main au début et qui revient curieusement sur le devant de la scène à la fin lorsque les mâles ont fini de faire parler la poudre. Reste aussi le souvenir de la gueule du chef des forçats, très inquiétante et très expressive !
Où le voir : il passe régulièrement sur la chaîne CinéClassic en VOSTF.
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