Le jardin du diable
Garden of Evil
Henry Hathaway
1954
Avec : Gary Cooper, Richard Widmark
Dans un patelin paumé du Mexique, une femme recrute cinq hommes prêts à tout pour porter secours à son mari blessé et coincé dans une mine.
Passé sur France 3 il y a quelques semaines, je l’avais enregistré puis laissé en plan, parce que souvent dans la vie on a d’autres choses à faire que regarder des westerns, et surtout parce que je n’aime pas Gary Cooper. Si j’apprécie assez Vera Cruz, c’est grâce à Burt Lancaster, sûrement pas grâce à Gary Cooper qui a toujours l’air trop vieux pour ses rôles, Le train sifflera trois fois m’a toujours fait le même effet qu’à Howard Hawk, à savoir qu’est ce que c’est que ce shérif qui passe son temps à rechercher de l’aide au lieu de faire son boulot, et je n’ai aucune envie de revoir L’Homme de l’Ouest et sa fameuse scène de striptease forcé uniquement à cause de Gary Cooper (et pourtant c’est un film d'Anthony Mann !). Que voulez vous, ça ne s’explique pas, c’est comme ça et c’est tout. Par contre, si j’avais su que Richard Widmark joue également dans ce film, je l’aurais peut-être visionné plus tôt, bien qu’ici Widmark n’ait pas un rôle extraordinairement significatif.
Quoi qu’il en soit, Le Jardin du Diable est un bon western qui lorgne beaucoup du coté du film d’aventure. On traverse de magnifiques décors au Mexique, dont une corniche à flanc de falaise sur laquelle les prises de vue ont un effet de réalité assez saisissant pour un film de 1954. La première partie est intéressante, quoi qu’un peu laborieuse : la petite troupe menée par la femme emmène tout son petit monde en direction de l’endroit où son mari se meurt : on a donc un rythme binaire : chevauchée, bivouac, chevauchée, bivouac. A chaque bivouac, on en apprend un peu plus sur les motivations de chacun et en particulier sur celles de la femme (Susan Hayward) qui est finalement très mystérieuse. A l’arrivée dans la mine, les évènements prennent une autre tournure mais malheureusement tout le galimatias psychologique construit jusqu’ici ne débouche sur rien de spectaculaire, a peine apprend-t-on qu’en fait la femme est beaucoup plus amoureuse de l’or que de son mari. Et cela n’a guère d’importance puisque les Apaches rodent et que tout le monde doit fuir. Le morceau de bravoure se situe sur la corniche : Richard Widmark prend de l’épaisseur et devient un héros, Gary Cooper reste le héros Gary Cooper. La menace indienne planante et invisible est bien menée (encore que, le coup de la flèche qui arrive de nulle part dans le bide d’un personnage sent vraiment le réchauffé). Lorsque les Apaches deviennent visibles, la déception pointe : ils restent sagement sans bouger à se faire tirer dessus comme au casse-pipe et quand ils bandent leurs arcs on dirait des mômes qui jouent en colonie de vacance. Mais sinon, l’interprétation est convaincante, le tout est bien troussé, les décors sont magnifiques et les personnages ont assez de consistance humaine pour qu’on y croit.
Henry Hathaway est un honnête faiseur qui réalisera ultérieurement Nevada Smith et 100$ pour un Shérif. Nevada Smith est mémorable (entre autre) pour le meurtre horrible du début, et 100$ pour un Shérif est mémorable (entre autre) pour un final traumatisant dans un trou de serpent. On note dans le Jardin du Diable ces allusions aux sévices infligés par les Apaches (« ils m’ont laissé en vie parce qu’ils n’ont pas réussi à trouver de pire moyen de me faire mourir » dit le mari qui mourait à petit feu la jambe coincée sous sa mine) qui montrent que si Hathaway n’avait pas l’étoffe d’un grand réalisateur, il savait marquer les esprits.
Encore un petit mot pour mon petit France 3 en sucre qui a gentiment programmé ce western : merci (par contre si vous aviez pu le passer au format, cela aurait été encore mieux, parfois des personnages entiers sont coupés !) ! J’ai malheureusement raté Le fort de la dernière chance vendredi dernier, mais je me rattraperai avec 10 hommes à abattre le 28 septembre et Le salaire de la violence le 5 octobre. Faites chauffer vos graveurs !
"Gary Cooper qui a toujours l’air trop vieux pour ses rôles"
RépondreSupprimerC'est marrant cet argument parce que je l'ai souvent entendu pour John Wayne. J'ai toujours aimé Coop', plus aujourd'hui pour autre chose que ses westerns, l'époque ou il avait l'âge de ses rôles :)
Mais je partage complètement ton avis (et celui de hawks, bien sûr)sur "High noon", surestimé et qui ne vaut guère mieux qu'une série B d'Humberstone. Sur le plan "politique, je te conseille si tu ne le connais pas "Quatre étranges cavaliers" de Dwan, supérieur à tout point de vue.
"Le jardin du diable", je m'étais ennuyé quand je l'ai vu. Pourtant j'en attendais beaucoup. C'est dur,mais c'est la vie.
Ce n'est pas vraiment un argument, d'ailleurs on peut l'entendre aussi sur Randolph Scott. De nos jours, toutes les stars des années 30-40 sont surtout connues pour leurs oeuvres les plus récentes: c'est vrai pour Cooper, pour Wayne, pour Stewart, pour Scott...
RépondreSupprimerMais John Wayne, il assure :)
Une des raisons pour lesquelles Garden of evil mérite de rester réside dans la formidable musique d'Herrmann (la seule fois qu'il toucha au western !). J'en dis quelques mots ici :http://unsoirunplan.blogspot.com/2011/03/garden-of-evil-henry-hathaway-1954.html
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