Les charognards
1971
The Hunting party
Don Medford
Avec: Oliver Reed, Candice Bergen, Gene Hackman
Le viol dans le western est toujours un moment pénible. Parfois parce que le metteur en scène réussit à faire vaguement passer la vraie pénibilité de l’épreuve (par exemple Clint Eastwood dans Pale Rider ou Josey Wales, encore qu’ici le viol soit aussi une manière de soigner l’entrée du héros). Parfois aussi parce que le réalisateur réussit une scène bien sordide, installant un malaise indéfinissable chez le spectateur (par exemple Clint Eastwood encore dans L’homme de hautes plaines, ou Lucio Fulci dans 4 de l’apocalypse). Mais la plupart du temps, le viol dans le western est une affaire pénible parce qu’il n’est qu’un gimmick, une scène obligée censée titiller nos bas instincts. C’est déjà pénible en soi, mais en plus, les scènes ont bien souvent vieilli, les cris paraissent surjoués et peu réalistes. En gros, cela n’atteint même plus son but initial, même les plus pervers d’entre nous mâles baillent en attendant que le héros vienne faire cesser les brassages de jupons. C’est comme ça dans la plupart des westerns spaghetti, c’était déjà comme ça au temps du muet (en plus suggéré).
Les charognards de Don Medford, réussit à être particulièrement pénible dans tous ces domaines. L.Q. Jones tente par deux fois de violer Candice Bergen de façon classique, c'est-à-dire la façon où on s’emmerde à attendre que quelqu’un vienne la sortir de là pendant qu’il s’échine à éplucher toutes les couches de jupons qui font obstacle. Clairement, c’est du typique, on attend que ça passe. Mais il y a aussi deux autres viols, pénibles pour les autres raisons. Le premier est un viol conjugal de Candice Bergen (encore) par Gene Hackman, scène quasi muette, qui ne paraît pas être un viol à première vue, mais dont le montage en parallèle avec une scène montrant des bandits en train de découper une peau de bête fraichement tuée permet d’en faire ressentir de façon assez saisissante la violence sourde et la douleur.
Le deuxième est le viol de Candice Bergen (avait-elle lu le scénario ?) par Oliver Reed, qui a le mérite d’être moins bruyant, plus en retenue, plus en douceur, et donc plus crédible, tout en installant un malaise du fait qu’il est inattendu. En outre, le personnage de Candice Bergen semble s’en accommoder, et finit par tomber amoureuse du gars. On a donc là une morale vachement féministe : si vous devez absolument violer une femme, faites le avec douceur, peut-être qu’elle tombera amoureuse de vous. Histoire de dédouaner le pauvre Oliver Reed qui n’est qu’un bandit qui a ses besoins, Gene Hackman viole de façon particulièrement sadique une pute chinoise, pour bien montrer que le vrai méchant c’est lui.
Comme vous avez pu le remarquer, Les charognards est déjà vachement malsain sur le plan du viol. Mais il faut ajouter qu’il n’est pas avare en hémoglobine non plus. Le pitch est tout bonnement formidable. Les bandits qui avaient enlevé l’institutrice Candice Bergen pour qu’elle apprenne à lire a leur chef (Oliver Reed) se font décaniller les uns après les autres par Gene Hackman et ses hommes, armés de carabines très longue portée. Les bandits ne peuvent rien faire d’autre que fuir, car leurs poursuivants prennent soin de se tenir toujours hors de leur portée. C’est une très belle idée de scénario, que le peu connu Don Medford pousse jusqu’au bout, le film prenant sur la fin des airs de fable. Candice Bergen et Oliver Reed redeviennent des hommes primitifs (Oliver Reed s’étant débarrassé de ses armes devenues inutiles), des sortes d’Adam et Eve poursuivis par un Dieu colérique. Et la fin est bien dans le genre du film, c'est-à-dire sordide.
Riz Ortolani signe une superbe musique dramatique, et le film étant tourné en Espagne, c’est l’occasion de revisiter la plupart des lieux de tournage des westerns de Sergio Leone, dont cette immense dune qui fait office de désert. Le DVD de Seven 7 est OK, avec une présentation totalement inutile de Patrick Brion qui n’aime pas le film et qui ne s’en cache pas. Jean-François Giré aurait peut-être lui, eu des choses plus intéressantes à dire. En tout cas, un western des années 70 assez peu connu, et pourtant particulièrement soigné, original, bien qu’assez dur et morbide dans l’ensemble. A voir.
The Hunting party
Don Medford
Avec: Oliver Reed, Candice Bergen, Gene Hackman
Le viol dans le western est toujours un moment pénible. Parfois parce que le metteur en scène réussit à faire vaguement passer la vraie pénibilité de l’épreuve (par exemple Clint Eastwood dans Pale Rider ou Josey Wales, encore qu’ici le viol soit aussi une manière de soigner l’entrée du héros). Parfois aussi parce que le réalisateur réussit une scène bien sordide, installant un malaise indéfinissable chez le spectateur (par exemple Clint Eastwood encore dans L’homme de hautes plaines, ou Lucio Fulci dans 4 de l’apocalypse). Mais la plupart du temps, le viol dans le western est une affaire pénible parce qu’il n’est qu’un gimmick, une scène obligée censée titiller nos bas instincts. C’est déjà pénible en soi, mais en plus, les scènes ont bien souvent vieilli, les cris paraissent surjoués et peu réalistes. En gros, cela n’atteint même plus son but initial, même les plus pervers d’entre nous mâles baillent en attendant que le héros vienne faire cesser les brassages de jupons. C’est comme ça dans la plupart des westerns spaghetti, c’était déjà comme ça au temps du muet (en plus suggéré).
Les charognards de Don Medford, réussit à être particulièrement pénible dans tous ces domaines. L.Q. Jones tente par deux fois de violer Candice Bergen de façon classique, c'est-à-dire la façon où on s’emmerde à attendre que quelqu’un vienne la sortir de là pendant qu’il s’échine à éplucher toutes les couches de jupons qui font obstacle. Clairement, c’est du typique, on attend que ça passe. Mais il y a aussi deux autres viols, pénibles pour les autres raisons. Le premier est un viol conjugal de Candice Bergen (encore) par Gene Hackman, scène quasi muette, qui ne paraît pas être un viol à première vue, mais dont le montage en parallèle avec une scène montrant des bandits en train de découper une peau de bête fraichement tuée permet d’en faire ressentir de façon assez saisissante la violence sourde et la douleur.
Le deuxième est le viol de Candice Bergen (avait-elle lu le scénario ?) par Oliver Reed, qui a le mérite d’être moins bruyant, plus en retenue, plus en douceur, et donc plus crédible, tout en installant un malaise du fait qu’il est inattendu. En outre, le personnage de Candice Bergen semble s’en accommoder, et finit par tomber amoureuse du gars. On a donc là une morale vachement féministe : si vous devez absolument violer une femme, faites le avec douceur, peut-être qu’elle tombera amoureuse de vous. Histoire de dédouaner le pauvre Oliver Reed qui n’est qu’un bandit qui a ses besoins, Gene Hackman viole de façon particulièrement sadique une pute chinoise, pour bien montrer que le vrai méchant c’est lui.
Comme vous avez pu le remarquer, Les charognards est déjà vachement malsain sur le plan du viol. Mais il faut ajouter qu’il n’est pas avare en hémoglobine non plus. Le pitch est tout bonnement formidable. Les bandits qui avaient enlevé l’institutrice Candice Bergen pour qu’elle apprenne à lire a leur chef (Oliver Reed) se font décaniller les uns après les autres par Gene Hackman et ses hommes, armés de carabines très longue portée. Les bandits ne peuvent rien faire d’autre que fuir, car leurs poursuivants prennent soin de se tenir toujours hors de leur portée. C’est une très belle idée de scénario, que le peu connu Don Medford pousse jusqu’au bout, le film prenant sur la fin des airs de fable. Candice Bergen et Oliver Reed redeviennent des hommes primitifs (Oliver Reed s’étant débarrassé de ses armes devenues inutiles), des sortes d’Adam et Eve poursuivis par un Dieu colérique. Et la fin est bien dans le genre du film, c'est-à-dire sordide.
Riz Ortolani signe une superbe musique dramatique, et le film étant tourné en Espagne, c’est l’occasion de revisiter la plupart des lieux de tournage des westerns de Sergio Leone, dont cette immense dune qui fait office de désert. Le DVD de Seven 7 est OK, avec une présentation totalement inutile de Patrick Brion qui n’aime pas le film et qui ne s’en cache pas. Jean-François Giré aurait peut-être lui, eu des choses plus intéressantes à dire. En tout cas, un western des années 70 assez peu connu, et pourtant particulièrement soigné, original, bien qu’assez dur et morbide dans l’ensemble. A voir.
Hello Tepepa,
RépondreSupprimerl'éditeur français du DVD des Charognards a été bombardé de critiques d'avoir confié à Patrick Brion le soin de démolir le film, j'ai moi-même tiré à boulets rouges sur le présentateur du ciné-club de France 3 auprès de l'éditeur en question, lui suggérant la prochaine fois de faire appel à moi, car j'ai toujours apprécié le film de Don Medford. Prochainement, doit sortir en version Blu-Ray Bandolero présenté par le même Brion, ce vieil ayatollah de la critique traditionnelle s'en prend au passage au western européen, ça fait quarante que dure cet intégrisme, c'est pénible, il est temps que ces vieux machins prennent leur retraite.
J.F. Giré
LA CLASSE ! Un commentaire de JFG himself.
RépondreSupprimerJ'en profite - puisque j'ai revu en DVD, dernièrement, la trilogie des Sabata - pour vous conseiller, signor Giré, de ne porter ni bleu ni vert lorsque vous passerez à la télé (pour les incrustations, c'est coton).
C'est vrai, même sur Western Movies, l'anti-spaghettisme primaire perdure et à été responsable de la fuite de tous les fans sur Western Maniac!
RépondreSupprimerMerci Tepepa pour l'info. Je désesperais de ne plus trouver aucune info sur les sorties spagh en DVD zone 2. Je comprends mieux pourquoi. Je viens de suite de m'inscrire sur westernmaniac.
RépondreSupprimerDe rien...
RépondreSupprimerPour ma part je suis inscrit aux deux mais je regrette cet état de fait. Je trouve que chaque "communauté" a perdu de sa richesse.
Allons plus loin : il est dommage de segmenter par genre. Ton blog l'illustre bien à travers ta rubrique "carrément hors western".
RépondreSupprimerBen, après ça se discute. Les blogs et forums généralistes c'est bien aussi, à condition qu'une identité forte s'en dégage. Sinon le manque de fil conducteur a tôt fait de le rendre sans intérêt.
RépondreSupprimerC'est là le dilemme : faire un blog généraliste fourre-tout qui attire les internautes qui cherchent n'importe quoi ou un blog spécialisé qui ne reçoit des visites que des amateurs du genre.
RépondreSupprimerTant qu'on n'est pas obligé d'en vivre, je ne réponds pas à cette question.
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RépondreSupprimerA Mozart & Salieri, étant ici question d'écriture, ne pourriez-vous pas plutôt préférer la métaphore Goldoni et Gozzi ? Ces deux-là étant italiens, on resterait dans le domaine qui nous intéresse.
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