lundi 12 mars 2018

Un train pour Durango



Un treno per Durango
Mario Caiano
1968


Un train pour Durango est un de ces westerns zapata qui n'a pas encore totalement basculé dans la parodie la plus pure de la fin du genre, mais qui est déjà très loin des chevauchées taciturnes des grands héros meurtris des spagh classiques des années 65-67. C’est un représentant du genre relativement médiocre, sans toutefois réussir à être totalement mauvais ou déplaisant. 
Au crédit du film on trouve déjà une certaine ambition de moyens, un soin de réalisation assez évident et une bonne tenue générale qui sauve le film de justesse. Il faut dire qu’il y a du beau monde à apporter sa touche à cette sympathique course au trésor : Mario Caiano, Enzo Barboni, à la réalisation et à la photographie, Anthony Steffen, Enrico Maria Salerno, Mark Damon, José Bódalo, Roberto Camardiel et Aldo Sambrell à la distribution, une palanquée de noms qui nous emmènent, sinon sur les terres d'un chef d'oeuvre, au moins en terrain connu, balisé et rassurant. Quelques blagues tournant la Révolution en dérision font mouche, par exemple sur la propension à promouvoir à peu près n’importe qui au grade de général ou de colonel. « Le colonel sera content de toi ! » « Lequel ? ». 
Quelques moments comiques dans le train semblent issues d’une veine chaplinesque assumée (Enrico Maria Salerno qui vole de la nourriture dans le train, la séquence de destruction du coffre au canon), certaines séquences distillent une étrangeté et un cynisme assez savoureux (le jeu macabre avec le revolver autour d'une table, les deux chefs de bande qui s'entretuent et qui réalisent qu'ils se sont fait avoir), d’autres lieux communs du western zapata, enfin - l’automobile, les soldats qui se font décimer - feront plaisir aux aficionados du genre dont je fais partie.
Ce qui fonctionne moins bien, c’est l’humour poussif et prévisible de situations comiques dont on devine la chute des kilomètres à l’avance. Qui n’a pas vu venir que nos deux lascars allaient se faire totalement dépouiller par le vendeur de billets avant de monter dans le train ? Qui n’a pas étouffé un bâillement devant le manège des peones qui baladent nos deux héros d’indic en indic ? Qui n'a pas ressenti une impression de déjà vu à chaque fois que Mark Damon apparaît de nulle part pour retourner la situation? Et qui n’avait pas deviné que la femme (Dominique Boschero) était plus intéressée par l’or que par n’importe quel mâle qui lui tourne autour ? ET surtout, au-delà de ça, le duo principal censé porter le film est légèrement boiteux. Si Enrico Maria Salerno fait le job, sans toutefois provoquer de sympathie débordante, on n’en dira pas autant d’Anthony Steffen, mauvais de bout en bout. Habituellement inexpressif dans le rôle de pistolero ténébreux, il est ici contraint de forcer son talent, de sortir de ses gonds et de tenter de faire rire. Entendons-nous bien, j’aime cet acteur, mais je défie quiconque de rire quand il fait semblant de se défoncer les papilles avec un piment local. On peut au moins lui reconnaître d’aller au bout du bout du ridicule et de l’autodérision, allant jusqu’à se déguiser avec des vêtements de péon deux fois trop petits pour lui. Mais ça ne suffit pas pour emporter l'adhésion, et malheureusement, j’ai peur que ce soit cette image, et cette image seule, qui me reste en mémoire quand j’aurai totalement oublié le film dans six mois…

 Oui, c'est bien Anthony Steffen, à gauche

2 commentaires:

  1. C'est vrai que le film est assez anecdotique. Mais plaisant. Tout comme relire à nouveau une chronique sur ton blog. Au plaisir!

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    1. Oui, film plaisant, sans plus... Et oui, je me fais de plus en plus rare, la vie n'attend pas!

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