En 1980, le dessinateur Yves Swolfs commence une série Western en BD presque exclusivement influencée par le Western Italien : Durango.
Dès le premier tome la griffe « italienne » est très marquée puisque Les Chiens meurent en hiver est quasiment un décalque en BD du Grand Silence de Sergio Corbucci. Durango est un héros peu bavard, énigmatique, mal rasé, très proche de l’homme sans nom de Sergio Leone. Tout au long des albums qui suivront, l’influence du western européen ne cessera de se préciser : les titres de certains albums sont des références directes à des western spaghetti existants (Colorado, Une Raison pour Mourir), bon nombre de personnages sont des portraits assez réussis d’acteurs bien connus du genre (Klaus Kinski dans Les chiens meurent en hiver, le Tomas Milian du Dernier face à face dans Amos et les deux albums suivants), l’attention portée aux armes est typique de cet univers (on retrouve le Mauser du Grand Silence et la mitrailleuse de Django) et enfin un certain nombre de sales gueules typées parcourent l’ensemble des albums. Les scénarios très simples, secs, violents et sans concession font de Durango une série western agréable à suivre, d’autant que les dessins assez proches de l’univers de Giraud sont efficaces et s’améliorent d’album en album. Un grand souci de détails est porté aux décors, vêtements, etc…Là où la série pêche un peu à mon goût c’est dans sa volonté de vouloir trop coller au cadrage, au découpage et au langage cinématographique. Une succession de gros plans en BD avant un duel est loin de faire monter la tension, car le lecteur a tendance à lire les cases plus vite afin d’arriver rapidement à la conclusion. De même le fait d’étirer la mort violente d’un personnage sur plusieurs cases ne parvient pas à créer l’illusion du ralenti, et on sent que Swolfs est frustré de ne pas avoir la possibilité d’accompagner ses planches d’une belle musique de Morricone. Le traitement de la violence est également trop complaisant à mon goût : trop de noirceur, trop de violence gratuite, trop de méchanceté humaine. C’est assez curieux de ressentir ça pour cette série alors que cela me gêne rarement à la vision de westerns spaghetti souvent assez malsains. C’est aussi le reproche généralement fait au genre depuis qu’il existe par tous les puristes du western américain, alors je ne sais pas, peut-être que Yves Swolfs va trop loin pour moi. La représentation de la violence dans Durango n’est pas « divertissante », elle est crue et presque dérangeante, et au fond c’est peut-être mieux comme ça.
Swolfs se démarque quand même de ses modèles, puisque l’on suit son héros d’album en album et qu’on le voit évoluer lentement. C’est une sorte de première ici dans le western spaghetti, le héros se construit une histoire devant nos yeux. De même, l’auteur reste fidèle à certaines traditions de la BD qui éloigne la série du monde du western italien : Durango est un héros foncièrement bon et positif et les bulles nous font part de ses pensées et tourments. A noter également des personnages féminins assez travaillés dans les cycles entamés avec Une Raison pour Mourir et L’Héritière.
La série Durango compte 14albums publiés aux éditions Alpen. Le tome 14, est dessiné par Girod (et non pas Giraud) .
La série Durango compte 14albums publiés aux éditions Alpen. Le tome 14, est dessiné par Girod (et non pas Giraud) .