2008
Emile Bravo
Jeune, j’ai toujours aimé Spirou, et ayant fini d’acquérir la production Franquin et Tome et Janryesque, je rêvais de remonter la collection dans l’autre sens, de trouver les Spirou de Jijé et de Rob Vel des années 40. Ces œuvres étant introuvables à l’époque, s’alimentait alors un fantasme sur les aventures qu’avait bien pu vivre notre jeune groom avant l’ère Franquin.
Aujourd’hui, on peut trouver finalement certains Spirou de Jijé et de Rob Vel sur le net (http://www.inedispirou.net/bd-inedites-vf7.html) ou dans des rééditions (en ce qui concerne Jijé en tout cas), et bien sûr, rien ne paraît à la hauteur du fantasme : dessins affreux mal servis par la qualité ancienne du matériel d’origine, lettrage bâclé, scénarios sans queue ni tête, ces « aventures » telles Spirou et l’Aventure, Spirou au Pôle nord, Spirou et la puce n’offrent au mieux qu’un intérêt historique agrémenté d’une certaine fraîcheur d’historiettes sans enjeux.
Et voici que débarque en 2008, pour les 70 ans du groom, Le journal d’un ingénu par Emile Bravo. Il s’agit d’une histoire en un volume qui s’inscrit au sein de la collection « Une aventure de Spirou et Fantasio par… » qui permet à certains auteurs confirmés de se faire plaisir en réalisant du Spirou. Jusqu’ici l’intérêt de cette collection se limitait à l’hommage réussi, au pastiche de l’ère Franquin sans enjeu véritable, sans autre but que de ressortir des personnages connus, la turbotraction, des scénarios tarabiscotés et quelques allusions plus ou moins voilées à la sexualité de nos héros. Emile Bravo va beaucoup plus loin que ça, il place Spirou dans un contexte historique (1939, la veille de la seconde guerre mondiale), soit à l’époque des histoires de Rob Vel et Jijé, il raconte la rencontre entre Fantasio et Spirou, il explique pourquoi Spirou garde toujours son costume de groom, pourquoi Spip est doué de conscience, et pourquoi il ne tombera jamais plus amoureux. Et il fait tout cela en inscrivant son histoire dans le drame de la grande Histoire, tout en respectant les données d’origine de la série (Spirou groom au Moustic Hotel, le portier Entresol, le petit appart minable de Spirou) et en ressortant quelques perles des débuts de Franquin (les gosses dont le petit Maurice, le déguisement de Fantasio en vieille dame). Et comme si cela ne suffisait pas, son récit pose de vraies questions sur l’engagement politique, sur cette fameuse question d’avant guerre (vaut il mieux négocier le plus loin possible avec les nazis pour sauver la paix ou être ferme dès le début pour sauver le monde ?), sur la nationalité, non parfois sans naïveté un peu trop « lisible » mais toujours avec sincérité et toujours avec émotion.
Au final on n’avait pas pris autant de plaisir à lire du Spirou depuis des années, et surtout, on veut connaître la suite, qu’ont fait Spirou et Fantasio pendant la guerre, la suite la suite !!!
Emile Bravo
Jeune, j’ai toujours aimé Spirou, et ayant fini d’acquérir la production Franquin et Tome et Janryesque, je rêvais de remonter la collection dans l’autre sens, de trouver les Spirou de Jijé et de Rob Vel des années 40. Ces œuvres étant introuvables à l’époque, s’alimentait alors un fantasme sur les aventures qu’avait bien pu vivre notre jeune groom avant l’ère Franquin.
Aujourd’hui, on peut trouver finalement certains Spirou de Jijé et de Rob Vel sur le net (http://www.inedispirou.net/bd-inedites-vf7.html) ou dans des rééditions (en ce qui concerne Jijé en tout cas), et bien sûr, rien ne paraît à la hauteur du fantasme : dessins affreux mal servis par la qualité ancienne du matériel d’origine, lettrage bâclé, scénarios sans queue ni tête, ces « aventures » telles Spirou et l’Aventure, Spirou au Pôle nord, Spirou et la puce n’offrent au mieux qu’un intérêt historique agrémenté d’une certaine fraîcheur d’historiettes sans enjeux.
Et voici que débarque en 2008, pour les 70 ans du groom, Le journal d’un ingénu par Emile Bravo. Il s’agit d’une histoire en un volume qui s’inscrit au sein de la collection « Une aventure de Spirou et Fantasio par… » qui permet à certains auteurs confirmés de se faire plaisir en réalisant du Spirou. Jusqu’ici l’intérêt de cette collection se limitait à l’hommage réussi, au pastiche de l’ère Franquin sans enjeu véritable, sans autre but que de ressortir des personnages connus, la turbotraction, des scénarios tarabiscotés et quelques allusions plus ou moins voilées à la sexualité de nos héros. Emile Bravo va beaucoup plus loin que ça, il place Spirou dans un contexte historique (1939, la veille de la seconde guerre mondiale), soit à l’époque des histoires de Rob Vel et Jijé, il raconte la rencontre entre Fantasio et Spirou, il explique pourquoi Spirou garde toujours son costume de groom, pourquoi Spip est doué de conscience, et pourquoi il ne tombera jamais plus amoureux. Et il fait tout cela en inscrivant son histoire dans le drame de la grande Histoire, tout en respectant les données d’origine de la série (Spirou groom au Moustic Hotel, le portier Entresol, le petit appart minable de Spirou) et en ressortant quelques perles des débuts de Franquin (les gosses dont le petit Maurice, le déguisement de Fantasio en vieille dame). Et comme si cela ne suffisait pas, son récit pose de vraies questions sur l’engagement politique, sur cette fameuse question d’avant guerre (vaut il mieux négocier le plus loin possible avec les nazis pour sauver la paix ou être ferme dès le début pour sauver le monde ?), sur la nationalité, non parfois sans naïveté un peu trop « lisible » mais toujours avec sincérité et toujours avec émotion.
Au final on n’avait pas pris autant de plaisir à lire du Spirou depuis des années, et surtout, on veut connaître la suite, qu’ont fait Spirou et Fantasio pendant la guerre, la suite la suite !!!