Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
mardi 5 août 2008
La VF des Cruels
Il est sorti, il est tout neuf, le DVD Studio Canal des Cruels de Sergio Corbucci. Le film a toujours été inédit en France, de sorte que la VF de ce film est très récente. Et c’est curieux, parce que ça ne colle pas. Tout comme la VF récente des scènes coupées du Bon la brute et le truand ne colle pas. La façon de parler des années 2000 s’entend et détonne comme un coup de feu dans la sierra Nevada. Dans le cas du Bon la brute et le truand, ça peut se comprendre, on passe brutalement de la façon de parler des années 60 à la façon de parler des années 2000. La rupture de ton est criante et gênante. Mais dans le cas des Cruels, c’est plus problématique. Pourquoi cela nous choque-t-il alors que cela ne nous choque pas quand on entend la VF d’un western récent comme l’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou Open Range ? De même, les VF des westerns des années 90 (Tombstone, Wild Bill) ont leur timbre propre qui se reconnaît instantanément. Et ce n’est sûrement pas une histoire de doublage : évidemment même en VO, un western des années 60 ne « sonne » pas comme un western des années 90, et il est clair que la sonorité des années 50 ou 60 n’est pas plus proche historiquement de la façon de parler de la fin du XIXe siècle. Alors pourquoi bougre diable fichtre crotte sommes nous gênés d’entendre une VF récente sur ce film ? Avons-nous vu tant de films des années 60 que nous établissons inconsciemment un lien direct entre l'aspect de l’image et la sonorité des dialogues ? Notre cerveau est-il à ce point formaté ? Sans doute que non, car après quelques minutes d’accoutumance, les neurones ne font plus attention à la chose, d’autant que cette VF reste malgré tout de qualité, les acteurs de doublage ne parlent quand même pas comme ils parleraient dans la rue, et la traduction respecte assez bien le style des westerns de l’époque. Pas d’hésitation, donc, jetez vous sur ce bon petit Corbucci méconnu qui vaut le détour !
Il serait intéressant de comparer les trois cents mots du langage de 1960 à ceux de notre ère. Et puis, il y a des modes de phrasé, comme de laisser euh traîner euh les mots euh. Quoique, si on écoute bien Charles Trenet, il y a longtemps qu'il rend audible les "e" muets en fin de rime.
RépondreSupprimerJe vois que l'on a du commander un peu les mêmes choses. Je viens de finir "I crudeli" et, hier soir, "Le dollar troué". "Adios Gringo" est prévu pour demain.
RépondreSupprimerPour rester dans le sujet de ce billet, je ne me suis aperçu de rien côté doublage, sauf que je suis assez peu content de me retrouver sans les versions originales. Même si Cotten ne parlait sans doute pas italien, j'aime bien voir mes westerns italiens en italien.
Mais me voila encore plus dilettante que toi puisque je n'ai pas identifié un doublage récent, il faut dire que, ne voyant plus les VF que de façon exceptionnelle, je ne me rends plus bien compte. Et je trouve que les doublages années 60 (sur "Le dollar...") sont pour une large part dans le côté que l'on peut éventuellement trouver daté dans ces films. Sauf pour les Léone, mais c'est sentimental.
Bref, je crois que je vais continuer d'acheter mes westerns en Italie.
Et bien le bonjour au chat qui était sans doute en vacances.
Après avoir revu le film en VF, je me rends compte que la différence n'est peut-être pas aussi criante que ce que je pensais. En fait c'est surtout parce que je le savais à l'avance que je m'en suis aperçu.
RépondreSupprimerPar contre, dans BBT, on note tout de suite la différence de ton. Pour ce qui est de la version italienne, je ne suis pas fan même si je regarde volontiers les films en italien s'il y a des sous-titres français.
Le problème des redoublages c'est que le son est surtout trop net ! Il faudrait rajouter un léger souffle, essayer de moins détacher les dialogues du reste de la bande son. Il y aurait moyen de bien faire ! D'ailleurs, beaucoup de films (pas des westerns) ont été redoublés (surtout dans les années 80) sans que cela choque car c'était très bien fait. Par exemple "Bons pour le service", film avec Laurel et Hardy qui étaient redoublées respectivement par Michel Roux et Roger Carel.
RépondreSupprimerSinon je suis étonné qu'un fan de spaghetti ne regarde pas les films dans leur version originale italienne (car même si c'est doublé, c'est bien la VO car c'est la première version, celle du texte original et celle du réalisateur). Les VF sont souvent excellentes mais tellement charcuté que ça en devient terrible. Les versions anglaises par contre sont toutes, sans exceptions, des merdes sans nom qu'il faut absolument bannir. Quand je lis "vo" sur ces versions anglaises ça me donne envie de pendre le gars qui a osé écrire pareille ineptie ! Les versions anglaises ne seront JAMAIS les VO des westerns Italiens et quand je vois que les VO Italiennes sont souvent absentes au profit des abominables doublages anglais je trouve ça insultant pour l'Italie et les cinéphiles en général.
Sinon très bon site d'un grand passionné.
Si je n'm'abuse, Indiana Gilles, les films italiens, que ce soient des westerns "spagh" ou pas, sont souvent redoublés en italien, rarement en son direct. Ca sevoit à l'image et ça s'entend parfois.
RépondreSupprimerEn fait j'ai déjà commencé à suivre ton conseil, je regarde de plus en plus souvent les westerns spaghetti en italien.
RépondreSupprimerMême s'il est vrai que je n'en regarde plus beaucoup en ce moment, je me réserve pour plus tard :)
Et puis, Indy, il y a aussi des westerns européens qui ont toute légitimité à être en VO anglo-saxone : comme ça, au débotté, je cite Shalako, Take a hard ride, Hannie Caulder...
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