1914
G.M. Anderson
Avec : G.M. Anderson, Marguerite Clayton
G.M. Anderson fut la première star de western au monde. Après avoir joué plusieurs rôles dans le Vol du Rapide en 1903, le premier western jamais réalisé, dont le rôle du voyageur qui se fait descendre de façon théâtrale, G.M. Anderson part à l’Ouest et fonde la compagnie Essanay avec George K Spoor. Il écrit et tourne alors à Niles (devenu Fremont, en Californie) plus de trois cent soixante quinze westerns entre 1908 et 1915, dont il interprète également le rôle principal : Broncho Billy. D’après Robert Florey dans son livre Hollywood années zéro, G.M. Anderson ne savait même pas monter à cheval. Il apprit sur le tas, et eut toujours recours à des doublures pour les chevauchées. En tant que producteur, il parvint également à débaucher Charles Chaplin du studio de Mack Sennet, pour le perdre assez rapidement ensuite.
Difficile d’opérer un jugement sur les films de Broncho Billy disponibles. En voir quelques un parmi les centaines tournés revient à découvrir Sergio Leone en se contentant d’une scène au hasard parmi tous ses films : on n’a pas assez de matière ni de référent solide pour juger. Les trois que j’ai vus ont été tournés en 1914 et 1915, c’est à dire vers la fin de la série des Broncho Billy, quand Anderson commençait sans doute à en avoir assez de son personnage. C’est le seul indice que l’on peut avoir sur un quelconque manque de qualité des films vus par rapport à la norme.
‘Broncho Billy’ Anderson tournait ses films à un rythme d’enfer, à une époque où le cinéma s’inventait chaque jour, où la demande était forte en quantité, pas encore mature en qualité. Les acteurs, presque toujours les mêmes d’un Broncho Billy à l’autre étaient payés à la semaine et enfilaient les tournages comme on pointe à l’usine. La recherche artistique n’était pas encore déterminante, il faudra attendre les grandes œuvres de Griffith pour que le cinéma commence à être pris au sérieux en tant qu’art, et non pas en tant que divertissement populaire seul.
Quoiqu’il en soit, les Broncho Billy sont tournés à l’économie et cela se voit, comparativement aux William S. Hart, qui lui commençait à percer à la même époque, alors qu’Anderson déclinait. Pas de plan large, aucune mise en valeur des extérieurs qui se résument à quelques branchages et quelques collines aperçues de loin. Aucun plan large des décors non plus, les cabanes sont filmées de près, le même magasin général sert d’un film à l’autre.
Dans Broncho Billy’s Fatal Joke, les mines sont symbolisées par une pancarte plantée au pied d’un rocher. Broncho Billy fait une mauvaise blague à un vieux prospecteur qui malheureusement meurt d’une crise cardiaque. Broncho Billy va tout faire pour réparer cela et faire en sorte que la fille du vieux récupère quelque chose de sa mine. Bien sûr, il en tombe amoureux. Très courts, les Broncho Billy fonctionnent comme des fables avec une morale naïve. Même s’ils sont très « plan plan » au niveau de la réalisation, ils bénéficient d’un sens très sûr du montage (quasiment sans intertitres pour ceux que j’ai vus) et de la narration, et d’un jeu d’acteur tout à fait acceptable. Le résultat est remarquable connaissant les conditions de tournage. Mais ces qualités semblent issues d’un métier répété cent fois et non pas d’un talent inné, d’une manufacture déjà bien rodée, et non pas d’un genre à la naissance de son art.
Où les voir : DVD Broncho Billy Shorts Volume 1 de sinistercinema qui reprend trois Broncho Billy, disponible sur amazon.com. J’ai bien l’impression qu’il n’y a pas de volume 2. La qualité de l’image est correcte, mais comme d’habitude, le recadrage laisse à désirer, il manque de l’image à gauche et parfois à droite. J’aimerais bien connaître la raison technique de ce défaut récurrent, peut être la dégradation des bandes.
PS. Je n'ai pas trouvé confirmation si le Bronco Billy de Clint Eastwood est un hommage à Broncho Billy, mais il y a de grandes chances.
Image du haut: capture DVD Sinister Cinema
Image du bas: wildwestweb.net
G.M. Anderson
Avec : G.M. Anderson, Marguerite Clayton
G.M. Anderson fut la première star de western au monde. Après avoir joué plusieurs rôles dans le Vol du Rapide en 1903, le premier western jamais réalisé, dont le rôle du voyageur qui se fait descendre de façon théâtrale, G.M. Anderson part à l’Ouest et fonde la compagnie Essanay avec George K Spoor. Il écrit et tourne alors à Niles (devenu Fremont, en Californie) plus de trois cent soixante quinze westerns entre 1908 et 1915, dont il interprète également le rôle principal : Broncho Billy. D’après Robert Florey dans son livre Hollywood années zéro, G.M. Anderson ne savait même pas monter à cheval. Il apprit sur le tas, et eut toujours recours à des doublures pour les chevauchées. En tant que producteur, il parvint également à débaucher Charles Chaplin du studio de Mack Sennet, pour le perdre assez rapidement ensuite.
Difficile d’opérer un jugement sur les films de Broncho Billy disponibles. En voir quelques un parmi les centaines tournés revient à découvrir Sergio Leone en se contentant d’une scène au hasard parmi tous ses films : on n’a pas assez de matière ni de référent solide pour juger. Les trois que j’ai vus ont été tournés en 1914 et 1915, c’est à dire vers la fin de la série des Broncho Billy, quand Anderson commençait sans doute à en avoir assez de son personnage. C’est le seul indice que l’on peut avoir sur un quelconque manque de qualité des films vus par rapport à la norme.
‘Broncho Billy’ Anderson tournait ses films à un rythme d’enfer, à une époque où le cinéma s’inventait chaque jour, où la demande était forte en quantité, pas encore mature en qualité. Les acteurs, presque toujours les mêmes d’un Broncho Billy à l’autre étaient payés à la semaine et enfilaient les tournages comme on pointe à l’usine. La recherche artistique n’était pas encore déterminante, il faudra attendre les grandes œuvres de Griffith pour que le cinéma commence à être pris au sérieux en tant qu’art, et non pas en tant que divertissement populaire seul.
Quoiqu’il en soit, les Broncho Billy sont tournés à l’économie et cela se voit, comparativement aux William S. Hart, qui lui commençait à percer à la même époque, alors qu’Anderson déclinait. Pas de plan large, aucune mise en valeur des extérieurs qui se résument à quelques branchages et quelques collines aperçues de loin. Aucun plan large des décors non plus, les cabanes sont filmées de près, le même magasin général sert d’un film à l’autre.
Dans Broncho Billy’s Fatal Joke, les mines sont symbolisées par une pancarte plantée au pied d’un rocher. Broncho Billy fait une mauvaise blague à un vieux prospecteur qui malheureusement meurt d’une crise cardiaque. Broncho Billy va tout faire pour réparer cela et faire en sorte que la fille du vieux récupère quelque chose de sa mine. Bien sûr, il en tombe amoureux. Très courts, les Broncho Billy fonctionnent comme des fables avec une morale naïve. Même s’ils sont très « plan plan » au niveau de la réalisation, ils bénéficient d’un sens très sûr du montage (quasiment sans intertitres pour ceux que j’ai vus) et de la narration, et d’un jeu d’acteur tout à fait acceptable. Le résultat est remarquable connaissant les conditions de tournage. Mais ces qualités semblent issues d’un métier répété cent fois et non pas d’un talent inné, d’une manufacture déjà bien rodée, et non pas d’un genre à la naissance de son art.
Où les voir : DVD Broncho Billy Shorts Volume 1 de sinistercinema qui reprend trois Broncho Billy, disponible sur amazon.com. J’ai bien l’impression qu’il n’y a pas de volume 2. La qualité de l’image est correcte, mais comme d’habitude, le recadrage laisse à désirer, il manque de l’image à gauche et parfois à droite. J’aimerais bien connaître la raison technique de ce défaut récurrent, peut être la dégradation des bandes.
PS. Je n'ai pas trouvé confirmation si le Bronco Billy de Clint Eastwood est un hommage à Broncho Billy, mais il y a de grandes chances.
Image du haut: capture DVD Sinister Cinema
Image du bas: wildwestweb.net
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