dimanche 29 novembre 2009

The Man Tamer



1927
Ernst Laemmle

Avec : Edmund Cobb, Barbara Worth

Celui-ci est très court (10 minutes) et fonctionne beaucoup plus comme une comédie que comme un western. Au moins, ça nous change des gangs de bandits qui veulent déposséder les innocents de leurs biens. Edmund Cobb est un garçon vif et bagarreur qui veut se marier avec Barbara Worth. Celle-ci veut bien se marier avec lui s’il promet d’arrêter de se battre tout le temps avec tout le monde. Aussitôt arrivé en ville, il se castagne avec son cousin de sa caractéristique façon : il balance ses bras comme des marteaux, un peu comme s’il fauchait du foin. La suite est une succession de quiproquos avec Edmund qui perd la mémoire et se retrouve à deux doigts de se marier avec une veuve mégère, puis retrouve la mémoire et s’enfuit avec sa belle, qui de façon assez soudaine ne semble plus se préoccuper de l’esprit bagarreur de son chevalier. On ne va pas dire : réservé au fans d’Edmund Cobb, car je ne suis pas sûr qu’il en existe encore, mais, ça se regarde plaisamment, l’œil toujours aussi attendri par ces vieilleries d’un autre âge, que seule une poignée de personnes au monde regarde encore.

samedi 28 novembre 2009

The two fister


William Wyler
1927
Avec : Edmund Cobb, Elsa Benham

C'est bien de William Wyler, réalisateur de Ben Hur dont on parle. Il était alors le plus jeune réalisateur d'Hollywood et signe ici un nouveau western de Police Montée avec Edmund Cobb. L'histoire est somme toute similaire à celle de the Courage of Collins: une jeune femme, un bandit qui veut se faire la fille et prendre ses possessions avec, un policier qui arrange tout ça de ses deux poings (d'où le titre je suppose de Two fister). Le film est très modérément captivant, les scènes d'actions se résument à de longues poursuites à cheval sans réelle tension. On notera juste la façon assez désinvolte, presque gagesque dont Edmund Cobb se débarrasse de deux méchants, et le poncif de la frontière au delà de laquelle notre héros n'est plus autorisé à poursuivre les bandits: bien sûr il arrêtera le chef des méchants in extrémis, à deux mètres de ladite frontière. Quand on aime, on regarde tout cela d'un oeil attendri. Quand on n'est pas dans le truc, on risque fort de trouver ces vingt minutes de western B aussi longues que Ben Hur.

jeudi 26 novembre 2009

The Courage of Collins


The Courage of Collins
1927
Ray Taylor
Avec :
Edmund Cobb, Rose Foster

Edmund Cobb est un acteur relativement peu connu qui fit de très nombreuses apparitions dans les westerns des années trente à cinquante comme bad guy ou comme personnage secondaire. Au temps du muet, il tourna un certain nombre de westerns en tant que jeune premier, dont plusieurs centrés sur la Police montée Canadienne. The Courage of Collins en fait partie. Edmund Cobb est un officier undercover qui va aider une jeune femme et son frère à se défaire d’un gang molasson décidé à les expulser de leur ranch. La suite des événements n’a pas grand intérêt, le film dure vingt minutes et tout est emballé et pesé rapidement à coup de bagarres sauvages. Edmund Cobb ne fait pas vraiment d’étincelles, le méchant non plus. A vrai dire, le seul souvenir que je garderai de ce film, c’est le vent qui fait onduler légèrement la robe de Rose Foster sur le porche de son Ranch, et la gueule du frère, tête brûlée impulsive qui galope comme une fusée pour aller chercher du secours. Peut-être aussi la bizarre tenue de jockey du héros!!! Comme la plupart des westerns muets que j’ai pu voir, on est surprit par les intertitres qui n’hésitent jamais à utiliser des expressions et une orthographe argotiques pour serrer au plus près la saveur de l’anglais de l’Ouest.
J’ai trois autres films muets de Cobb dans ma musette, on verra bien si tout ça est du même tonneau, je vous tiens au courant pals

Un mort pour un dollar

Dollar for the dead
1998
Gene Quintano
Avec: Emilio Estevez, William Forsythe, Joaquim de Almeida

Une sorte d'état de grâce dans le portnawak. Je vous épargne le scénario qui brode sur le légendaire trésor des confédérés. Concentrons nous sur LA scène de gunfight qui se déroule dans le saloon. Emilio Estevez vole. Il se retourne dans les airs. Il tire. Les hommes pleuvent. L'un d'eux chute, droit comme une pierre tombale après avoir été plombé derrière une porte. Un autre gars fait l'habituelle chute du haut d'un balcon sur une des tables de poker de la grande salle, le tout sous ce fameux opéra de Rossini. Une colombe s'envole au ralenti. En fait, non, aucune colombe ne s'envole au ralenti, mais c'est tout comme. Les mecs en bas sont vénères et montent à leur tour trouer la peau d'Emilio. Celui-ci passe à l'étage en dessous en sciant le plancher à coup de flingue. Oui, c'est très con. On sait que c'est con, et le réalisateur sait qu'on sait que c'est con, et on sait que le réalisateur sait que l'on sait que c'est con, et pour bien nous montrer qu'il sait qu'on le sait, il fait faire un clin d'œil à Emilio à notre adresse, puis il aligne cinq gus à l'étage du dessous qui savaient à l'avance semble-t-il, qu'Emilio allait filer à la Tex Avery. Qu'à cela ne tienne, Emilio plonge derrière le bar, dégomme la rotule de chacun, glisse sur le comptoir et tire à tout va et multiplie les roulades non pas pour éviter les balles, mais les mecs qui tombent. On croit avoir tout vu, mais il reste à Emilio à se sortir du saloon en vidant ses flingues sur un gars, qui traverse la fenêtre suivi au centimètre par Emilio. Ses flingues crachent comme des Uzi. Une fois dehors, on pense à cette scène du MagnifiqueBelmondo descend cinq types en tirant une seule fois dans un arbre. Emilio fait encore mieux. Il tire à travers la porte du Saloon, trois type tombent. Il tire à travers une fenêtre, deux types y passent. Rossini se fait toujours entendre et c'est achement beau. Après avoir plombé les quelques fenêtres qui restaient avec quelques types encore vivants derrière, Emilio finit par s'en aller. Merde, la scène est finie.
Nulle part ailleurs dans le film Gene Quintano ne réussira à aller aussi loin. La scène finale où tout le monde s'entretue n'a pas folie, la même absence de retenue dans le délire irréaliste. La scène inaugurale, pourtant déjà bien relevée en terme de glissades et de tirs par derrière sans regarder, n'était qu'une introduction. Le gunfight sous l'église est beau, avec ses jets de poussière d'or qui étincellent sous la lueur des torches, mais ne va pas assez loin.
Mais cette scène dans le saloon, c'est la preuve d'un amour fou pour le cinéma de Quintano et de
Tony Anthony, le producteur. Un amour fou qui ne s'embarrasse pas de construire un film autour, un amour fou qui a les moyens de ses idées extravagantes mais qui se moque de soigner la mise en scène, la direction d'acteur, le scénario. A la fin, alors qu'au bas mot trois cent cinquante personnes viennent de mourir, deux des survivants sortent des phrases pompeuses pour dire que la violence c'est pas beau. On est bien obligé de rire. On retrouve tout le western italien dans Un mort pour un dollar: les cache-poussières, les bastons, la musique sifflée, la violence exacerbée, une mitrailleuse dans un cercueil. On retrouve tout le western américain aussi, les longs dialogues et les putes à la Peckinpah, le héros qui devient bon, révélé par un prêtre, la rancune du Sud, la tentation de la vie familiale, l'amitié. Et c'est sans doute parce que je viens d'en voir pas mal, mais toutes ces glissades, ces cascades spectaculaires, je préfère les rattacher à Tom Mix et Yakima Canutt plutôt qu'au cinéma de Hong Kong. Un mort pour un dollar, c'est donc une digestion de tout le western mondial qui aurait mal tournée. Une vomissure éclatante qui donne le haut le coeur et qui fait marrer, mais qui fait bien plaisir quand même! Un euro dans n'importe quelle brocante, à ne pas manquer!

Le même film décrit par Flingobis, mais avec moins de talent.

samedi 21 novembre 2009

Hmmmm

Apparemment, dvdrama, devenu Excessif, a cette fois totalement supprimé l'ancienne mouture de ses blogs (La vieille mine comme l'appelle Flingobis), sur laquelle étaient encore stockées toutes les photos de mes premiers articles (ainsi qu'un certain nombre de prises de bec politiques légendaires avec Neault ou Flingobis).
Résultat sur ce blog, tous mes articles de 2007 se retrouvent sans photos illustratives, car les illustrations des vieux articles transférés sur ce blog ici présent pointaient encore sur la vieille mine.
Donc, je pourrais passer mon week end à tout remettre d'aplomb à partir de mes back-ups dûment organisés, classés, numérotés (hem).
Je pourrais aussi faire autre chose.

vendredi 20 novembre 2009

Wanted


J'ai fini de lire les cinq premiers tomes de cette série de Girod et Rocca (Alias Georges Ramaïoli) et je n'ai pas vraiment aimé.
Ce qui m'a le plus chagriné au fond, c'est que ça reprend ce que je n'avais déjà pas aimé dans Durango et dans Bouncer: une violence morbide et sans contrepoids, une vision de l'Ouest si pessimiste et noire que l'on ne s'attache à aucun personnage. L'ouest de Wanted est peuplé de ratés, de renégats et de monstres assoiffés de sang et de violence. La violence est bien sûr, barbare. Les chasseurs de scalp scalpent tout ce qui bouge. Les pistoleros dégomment à tout va et chaque mort se traduit par un geyser de sang de quatre kilomètres. Le viol est une constante systématique: cinq albums lus, cinq scènes de viol ou peu s'en faut. L'indienne Sunsheearray n'a pas de chance: violée à l'album deux, elle se fait encore tentativedevioler à l'album quatre, puis violer par les mêmes à l'album cinq. Malgré l'hommage, on est bien loin de l'amour délicat de la Flèche Brisée. Les militaires sont des casseurs d'indiens butés, et, histoire de rétablir la balance, l'horreur des tortures indiennes ne nous est pas épargnée. Le héros, surnommé Wanted, est un chasseur de prime. Il a comme un début de conscience humaine, une certaine éthique, mais il semble presque s'en excuser. Finalement, il n'y a que l'indien blanc qui soit un poil sympathique.
Le scénario n'est pas follement original, histoire de vengeance pour commencer, puis histoire de trésor avec hommage appuyé à Blueberry ensuite. L'intérêt de l'histoire de vengeance tient dans l'évolution du personnage de Wanted au contact de l'indien. Cela fonctionne, certes, mais tout semble écrit d'avance, on le sait bien que Wanted va aider notre indien, bien malgré lui. L'histoire de la course au trésor ensuite apparaît parfaitement idiote, surtout avec cette histoire de carte tatouée sur un scalp.
Reste donc les dessins et la sérieuse documentation qui donne malgré tout à l'ensemble un certain coté réaliste. On apprend des choses sur la guerre de Sécession, on apprend des choses sur les indiens, dépeints ici de façon moins caricaturale qu'à l'accoutumée. Girod est totalement soumis à l'influence de l'autre Giraud, il réussit malgré tout de superbes décors et peuple ses planches de références visuelles aux films de Sergio Leone. Pourtant, si la violence et le "sale" ouest sont bien là, il manque l'ironie du western italien pour faire passer la sauce, et il manque cruellement l'humanité du western américain pour s'attacher à l'œuvre, comme si la nation américaine s'était construite par accident sur un ramassis de dégénérés occupés à plein temps à assouvir leurs pulsions les plus basses au détriment de toute volonté de construire de toute pièce un pays neuf.

dimanche 15 novembre 2009

The Iron Rider


1926
Jacques Jaccard

Avec:
Yakima Canutt

Sans être du tout un western de série A
, ce petit film de Yakima Canutt est un peu plus intéressant que Branded a Bandit, sans doute parce que son scénario, tout en restant archi-simple, est un peu moins commun. Yak se fait détrousser au poker par un gang de joueurs professionnels. Coup de pot pour lui, il s'avère que le gang est recherché par la loi, avec récompense à la clé. Yak va donc pouvoir se refaire et acheter un ranch à sa girlie.

Ce qui est (modérément) intéressant dans ce film donc, c'est de voir un héros sombrant au vice du jeu. On le voit hésiter, après avoir tout perdu, à mettre son fidèle cheval en jeu, et se rasseoir à la table, puis lorsqu'il sort, ayant perdu, il fait ses adieux à son fidèle compagnon. Toute la scène du poker est longue, le tenancier s'endort sur son bar, les filles de joies s'ennuient sur leurs chaises, il y a un clochard qui erre dans le bar à la recherche d'un coup à boire et les éclairages sont bien étudiés. C'est presque bien.
Rayon acrobaties, Yakima fait les mêmes que dans Branded a Bandit: il s'agrippe à sa selle et se tient sur le coté de son cheval, chevauche debout, et se bat avec un bad guy sur un seul cheval. Un petit gag marrant au début, Yakima ne parvient pas à aplatir une mèche rebelle de ses cheveux avant d'aller courtiser sa belle. Un de ses potes lui dégomme la mèche au révolver. C'est ça l'état d'esprit western, on ne finasse pas et on mène toute sa vie aux poings ou aux flingues :-)

Ce petit film aurait donc pu être une bonne petite série B à recommander, malheureusement, il faut bien admettre que Yakima Canutt a beaucoup moins la classe que dans Branded a Bandit (il porte un pantalon qui ressemble à un pyjama) et que la réalisation manque de souffle, l'utilisation des décors extérieurs, des trognes des méchants se faisant a minima. Il faudra que je me trouve The Devil Horse qui a bien meilleure réputation, ces deux récentes excursions dans la filmographie du cascadeur n'ayant pas été vraiment exceptionnelles.

dimanche 8 novembre 2009

Branded a bandit




Branded a bandit
1924
Paul Hurst
Avec : Yakima Canutt

Yakima Canutt est le plus connu des cascadeurs d’Hollywood. Son prénom n’indique aucune origine indienne, il s’agit en fait du nom de son village. Connu pour ses chutes de cheval spectaculaires dans les films de John Ford (en particulier La chevauchée fantastique, où il passe sous la diligence), Yakima Canutt se blessa plusieurs fois au cours de son travail, et devint réalisateur de deuxième équipe et fut en particulier en charge de la course de char du fameux Ben Hur.
Mais il eut une vie avant cela, au temps du muet, où sans être aussi connu que Tom Mix, Bill Hart ou Harry Carey, il jouissait néanmoins d’une popularité suffisante pour jouer le premier rôle dans de nombreux westerns (dont le réputé Devil’s Horse, avec le cheval Rex). La petite histoire dit que suite à une maladie sévère, sa voix cassée l’empêcha de continuer dans cette voie, au tournant du parlant.
Branded a bandit n’offre rien de très original. Une mine d’or, un vieillard abattu, un cowboy désigné coupable par erreur, de folles cavalcades, un happy end. Le film contient déjà tous les ingrédients des centaines de westerns B qui seront tournés dans les années trente et quarante. On prend alors plaisir à regarder le casting. Yakima Canutt a un physique intéressant, et ce n’est pas ici une façon détournée de dire qu’il est moche. De grande jambes, un visage fin, jeune et anguleux, il parvient à exprimer à la fois la jeunesse, la beauté et la maturité et se démarque des traits tourmentés des Mix, Hart et Carey. Alys Murel est aussi physiquement intéressante, et malgré son rôle sans intérêt, elle a une intensité dans le regard qui la détache des nunuches affolées habituelles. Dommage que sa carrière fut si courte (je n’en connais pas la raison, mais à cette époque, les actrices arrêtaient fréquemment toute activité à partir du moment où elles se mariaient). La petite fille turbulente et mal peignée qui lui sert de sœur n’est pas mal non plus.
Coté action, ce n’est pas folichon. Beaucoup de plans très larges montrent des poursuivants et des poursuivis minuscules comme des fourmis, suivis par d’imposants nuages de poussière. Yakima Canutt déploie ses prouesses athlétiques sans rien faire de réellement spectaculaire. La bataille finale, aquatique et harassante, est bien menée, et puis c’est peut-être le seul western où un cowboy s’échappe à cheval en passant DANS un aqueduc.