Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
samedi 28 août 2010
Soleil Rouge
1971
Terence Young
Avec : Charles Bronson, Toshiro Mifune, Alain Delon, Ursula Andress, Capucine
Multi-diffusé à la télévision, Soleil Rouge est un western de production française, tourné à Almeria, qui, bien que commençant à vieillir, est toujours aussi agréable à regarder. Pourquoi commence-t-il à vieillir ? Parce que certains défauts qui étaient invisibles à l’époque sautent aux yeux aujourd’hui : quelques longueurs dans les pérégrinations du duo de héros, des indiens plus que ridicules, et quelques détails marrants : au début, lorsque Charles Bronson ôte la selle de son cheval, il se prend l’étrier en pleine gueule, mais réussit à faire comme si de rien n’était. A la fin, Alain Delon effectue un saut de trois mètres du haut d’un grenier, se loupe et manque se vautrer, mais rétablit la situation en sauvant la face. Est ce l’ère numérique et ses images ciselées au pixel près qui nous fait voir ce genre de détails qui nous échappaient autrefois ? Verrait-on ce genre de chose dans un film avec un casting aussi prestigieux aujourd’hui ?
Toujours est-il que malgré ces « défauts », le film est très bon, en tout cas bien meilleur que ce que certains affirment. D’une part le duo de stars, Charles Bronson, la star américaine qui avait joué dans Les Sept Mercenaires et Toshiro Mifune, la star japonaise qui avait joué dans Les Sept Samouraï, fait merveille. Mifune, stoïque, rigide et implacable en samouraï vole même la vedette à Charles Bronson, sympa et un brin cabot. Ensuite Alain Delon est bien moins mauvais que ce qu’on peut lire un peu partout, y compris chez Giré. Delon est beau, il interprète un bandit un peu dandy, un peu loubard, et il réussit à être un peu inquiétant et crédible. Sa tenue « de prisunic » comme dit Giré, peut faire sourire, mais on peut l’interpréter comme la tenue maladroitement chic d’une gouape qui veut paraître civilisée et qui se serait acheté un beau costume de cow-boy rutilant, et il n’est pas loin en ce sens de la classe des héros de western des thirties et de leur élégance ridicule. Ursula Andress fait le minimum, montre ses jambes et gueule sur Bronson, puis vingt minutes plus tard montre ses seins et gueule encore sur Bronson. On préfère à la rigueur le court rôle de Capucine (qui jouait dans la Panthère Rose) et qui en fait moins. Les fans de cinéma européens se régaleront à reconnaître les seconds couteaux, pour ma part je n’ai reconnu que Luc Merenda qui joue le (faux) berger lors de l’attaque du train.
Le final dans les roseaux m’a rappelé un film Japonais intitulé Onibaba (1964) et qui se déroule intégralement dans les roseaux, où le bruit du vent permanent hypnotise et rend fou. Hommage ou pas à ce film, je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que Soleil Rouge a été conçu pour réussir au Japon, en rendant hommage sans mépris à ses traditions et en castant l’un de ses acteurs les plus prestigieux (Toshiro Mifune) et l’acteur étranger le plus populaire là bas (Alain Delon). Le film fit en tout cas, beaucoup d’entrées en Europe, et je garde pour ma part beaucoup de tendresse pour ce film, ses gags (le moustique), ses coups de katana sanglants et le charisme des deux acteurs principaux.
PS: bien que les puristes risquent de m'écharper, je classe ce western dans 'western spaghetti', faute de mieux.
Où le voir: à la télé.
Image: Metek sur Western Movies
lundi 16 août 2010
The Night Rider
George Gabby Hayes, Harry Carey, Julian Rivero |
1932
Fred C. Newmeyer
Avec : Harry Carey, George Gabby Hayes, Bob Kortman
Harry Carey est une étoile emblématique du western muet, indissociable du jeune John Ford avec lequel il trouve le succès. Sorte de chaînon manquant entre Tom Mix et William S. Hart, Harry Carey n’a ni la démesure athlétique de l’un, ni l’emphase dramatique de l’autre. Avec son visage buriné qui le fait apparaître plus vieux qu’il n’est réellement et sa gestuelle étudiée, Harry Carey devient pourtant l’une des stars majeures du western des origines.
Aujourd’hui, Harry Carey est assez difficile à voir. Il commence sa carrière en apparaissant dans quelques Griffith comme The Battle at Elderbush Gulch mais il faut un œil de vautour pour le repérer. Puis, il tourne avec Ford, mais de tous les « Cheyenne Harry » qu’il a tourné avec le prometteur jeune réalisateur ne subsistent que Straight Shooting et Bucking Broadway. En 1921, Carey et Ford se séparent, ce qui n’empêche pas l’acteur de continuer sur la voie du succès. De tous les westerns tournés par la star dans les années 20, il semblerait que Satan Town soit disponible (Didier Lodieu affirme d’ailleurs dans son livre qu’il s’agit d’un excellent western), mais le reste est difficilement trouvable. La filmographie muette de l’acteur semble donc perdue ou difficile à obtenir (beaucoup plus en tout cas que celle de William S. Hart), il faut donc se rabattre sur ses films parlants pour se rendre compte du travail de Harry Carey.
En effet, dans les années trente, Harry Carey est toujours une star malgré son âge (la quarantaine bien tassée) et l’arrivée du parlant. Il alterne les premiers rôles dans les westerns de série B et les seconds rôles dans des films plus ambitieux (Duel au soleil, Monsieur Smith au Sénat, La rivière rouge). The Night Rider fait partie de ces séries B bon enfant qui se regardent avec plaisir. Les grincheux contemporains remarqueront la faiblesse de la sonorisation balbutiante (parfois les lèvres bougent, mais il n’y a pas de son), la faiblesse du scénario de roman feuilleton et le peu d’ambition de l’ensemble. Les amateurs apprécieront la bonne humeur générale, le numéro facétieux de George Gabby Hayes, les apparitions de Bob Kortman et la teneur ‘Comic’ de l’ensemble (jusqu’à la vestimentation du Night Rider qui fait immanquablement penser à celle de The Shadow, personnage vengeur apparu à la même époque et plus tard adapté en bande dessinée). Carey ne fait pas son geste emblématique dans ce film, ce geste simple qui consiste à tenir son bras gauche avec la main droite et auquel John Wayne rend hommage dans la Prisonnière du désert. Il ne le fait pas non plus dans Straight Shooting ni dans Bucking Broadway. Le fait-il dans Satan Town ou dans d’autres de ses films parlants encore disponibles, ou bien ce geste est-il une légende perdue avec les bobines de ses films ? Je vous tiendrai au courant au fur et à mesure de mes découvertes.
Où le voir : Alpha Vidéo