Soleil Rouge
1971
Terence Young
Avec : Charles Bronson, Toshiro Mifune, Alain Delon, Ursula Andress, Capucine
Multi-diffusé à la télévision, Soleil Rouge est un western de production française, tourné à Almeria, qui, bien que commençant à vieillir, est toujours aussi agréable à regarder. Pourquoi commence-t-il à vieillir ? Parce que certains défauts qui étaient invisibles à l’époque sautent aux yeux aujourd’hui : quelques longueurs dans les pérégrinations du duo de héros, des indiens plus que ridicules, et quelques détails marrants : au début, lorsque Charles Bronson ôte la selle de son cheval, il se prend l’étrier en pleine gueule, mais réussit à faire comme si de rien n’était. A la fin, Alain Delon effectue un saut de trois mètres du haut d’un grenier, se loupe et manque se vautrer, mais rétablit la situation en sauvant la face. Est ce l’ère numérique et ses images ciselées au pixel près qui nous fait voir ce genre de détails qui nous échappaient autrefois ? Verrait-on ce genre de chose dans un film avec un casting aussi prestigieux aujourd’hui ?
Toujours est-il que malgré ces « défauts », le film est très bon, en tout cas bien meilleur que ce que certains affirment. D’une part le duo de stars, Charles Bronson, la star américaine qui avait joué dans Les Sept Mercenaires et Toshiro Mifune, la star japonaise qui avait joué dans Les Sept Samouraï, fait merveille. Mifune, stoïque, rigide et implacable en samouraï vole même la vedette à Charles Bronson, sympa et un brin cabot. Ensuite Alain Delon est bien moins mauvais que ce qu’on peut lire un peu partout, y compris chez Giré. Delon est beau, il interprète un bandit un peu dandy, un peu loubard, et il réussit à être un peu inquiétant et crédible. Sa tenue « de prisunic » comme dit Giré, peut faire sourire, mais on peut l’interpréter comme la tenue maladroitement chic d’une gouape qui veut paraître civilisée et qui se serait acheté un beau costume de cow-boy rutilant, et il n’est pas loin en ce sens de la classe des héros de western des thirties et de leur élégance ridicule. Ursula Andress fait le minimum, montre ses jambes et gueule sur Bronson, puis vingt minutes plus tard montre ses seins et gueule encore sur Bronson. On préfère à la rigueur le court rôle de Capucine (qui jouait dans la Panthère Rose) et qui en fait moins. Les fans de cinéma européens se régaleront à reconnaître les seconds couteaux, pour ma part je n’ai reconnu que Luc Merenda qui joue le (faux) berger lors de l’attaque du train.
Le final dans les roseaux m’a rappelé un film Japonais intitulé Onibaba (1964) et qui se déroule intégralement dans les roseaux, où le bruit du vent permanent hypnotise et rend fou. Hommage ou pas à ce film, je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que Soleil Rouge a été conçu pour réussir au Japon, en rendant hommage sans mépris à ses traditions et en castant l’un de ses acteurs les plus prestigieux (Toshiro Mifune) et l’acteur étranger le plus populaire là bas (Alain Delon). Le film fit en tout cas, beaucoup d’entrées en Europe, et je garde pour ma part beaucoup de tendresse pour ce film, ses gags (le moustique), ses coups de katana sanglants et le charisme des deux acteurs principaux.
PS: bien que les puristes risquent de m'écharper, je classe ce western dans 'western spaghetti', faute de mieux.
Où le voir: à la télé.
Image: Metek sur Western Movies