Le Convoi des Braves
Wagon Master
1950
John Ford
Avec : Ben Jonhson, Harry Carey Jr., Ward Bond
C'est un film où il ne se passe rien. Pas de péripéties, pas de suspense. Trois quarts d'heure après le début du film, il ne s'est toujours rien passé, à peine de ci de là un début de tension, un hypothétique drame qui se révèle à chaque fois un pétard mouillé. Et vas-y que je chantonne, et vas-y que je suis toujours de bonne humeur. Voir ça après le spagh Chacun pour soi donne l'impression de se retrouver dans une pub Ricoré, mais en noir et blanc, oui parce que tant qu'à faire, il n'y a pas de couleur non plus. Au bout de trois quarts d'heure, on attend toujours que le film démarre, et on se rend compte qu'il n'y a pas de stars non plus. Ben Jonhson, Harry Carey Jr. et Ward Bond, c'est génial pour les fans de Papy Ford, mais pour les autres qui s'attendent chaque minute à voir débouler John Wayne ou Henry Fonda, il y a comme tromperie sur la marchandise. J'ai peut-être loupé des trucs parce que j'avoue que j'ai regardé le début du film en faisant du repassage (oui j'essaye vainement d'être un mâle 3.0, donc des fois je repasse), mais une rapide lecture de critiques alentour confirme que c'est bien un film nonchalant de John Ford.
A 45 minutes du début, entre une chemise Tissaia et mon jean troué, j'étais en train de me dire que Ford avait anticipé le principe des Bijoux de la Castafiore d'Hergé et pris le parti de ne rien raconter du tout, quand soudain, des bandits rentrent dans le champ, en plein milieu d'un bal endiablé. Ford nous jette une série de gros plans sur les trognes des outlaws et les gueules inquiètes des Mormons. Impressionnant! On se rend compte alors que ce noir et blanc est magnifique.
Le soufflé monte d'un coup mais retombe bien vite. Les bandits se tiennent correctement, et tout le monde redevient joyeux et repart ensemble l'âme sereine. Et c'est reparti pour un peu de parlotte, une touche d'humour Fordien, un poil de flirt par ci par là. Des indiens menacent soudain, mais en fait ils sont pacifiques, ouf, on s'en voudrait de gâcher cette bonne humeur. Les hommes du Marshall à la poursuite des bandits interviennent également dans une classique scène où les bandits menacent les otages de l'intérieur d'un véhicule pendant que les forces de l'ordre n'y voient que du feu. Malgré tout, petit à petit, on pressent l'inéluctable. L'un des bandits s'est fait fouetter pendant la soirée chez les Navajos, et l'on sait bien que ça ne va pas demeurer impuni. On est cette fois, bien dans le film, le dénouement ne tarde pas, violent et incisif.
Mais ce qui demeure dans ma mémoire, c'est cette légèreté, cette inébranlable foi en l'être humain, ce refus du drame pour présenter un film simple, sympathique et ma foi très agréable à suivre...