mercredi 20 mai 2009
vendredi 15 mai 2009
Un homme nomme Apocalypse Joe
Un Uomo Chiamato Apocalisse Joe
1970
Léopoldo SAVONA
Avec Anthony Steffen, Eduardo Fajardo
Trente minutes de carnage. Le film dure une heure trente, et les trente dernières minutes consistent en un jeu du chat et de la souris où Anthony Steffen décime quasiment à lui tout seul une bande entière dans un village désert. Sachant que la première heure n’est pas non plus avare en action à base de morts virevoltants, vous savez déjà que ce film-ci ne décevra pas l’amateur de spagh en manque. Léopoldo Savona parvient à tirer le meilleur parti d’un budget assez modeste, et l’ensemble ne paraît pas ridicule, en termes de figuration, de costumes et de recherche esthétique. Le scénario totalement conventionnel ne permet pas à cet Apocalypse Joe de dépasser le simple statut de petit western sans prétention, alors comme d’habitude, c’est ailleurs qu’on va chercher des petits trucs à dire.
En premier lieu on note des similitudes curieuses avec le Pale Rider de Clint Eastwood :
Uno : la mine d’or exploitée par des gens pas très recommandables
Dos : la brute gigantesque (Fernando Bilbao) que notre héros va remettre à sa place
Tres : le décanillage ludique des méchants avec notre héros qui apparaît toujours à des endroits un peu improbables.
C’est sans doute plus l’effet d’une coïncidence tant ces éléments sont des motifs récurrents du western, mais c’est tout de même curieux.
En second lieu, on pourrait encore discourir des heures sur Anthony Steffen. Aucun miracle ici, il est toujours le parfait exemple de non jeu, agrémenté d’un charisme de laveur de carreaux dépassé par les évènements. La dernière étincelle dans son regard remonte à son dernier rappel de vaccin, et à chaque fois qu’il se lance à dire plus de trois mots on a peur pour lui. Le pire c’est qu’ici il doit déclamer du Shakespeare afin de fournir au film sa dose réglementaire de caution intellectuelle tout en flattant notre culture confiture à chaque fois qu’un bouseux de l’ouest almeriense ignore le dramaturge. Anthony Steffen qui déclame du Shakespeare, c’est les sueurs froides assurées, non Tonio, ne t’aventure pas là-dedans, sors ton flingue et tais-toi.
Ce qu’il fait heureusement au bout du compte. Et c'est vraiment curieux qu'un acteur aussi insignifiant puisse rendre tous ses films non seulement identifiables du premier coup d'œil, mais également aussi attachants. L’autre point notable sur Anthony Steffen dans ce film c’est qu’une fois n’est pas coutume, il a la putain de classe. En tout cas au début, pistolero tout de noir vêtu, il semble vraiment crédible, et avec ces cheveux mi-longs ondulés, il ressemble beaucoup au Mister Blueberry de Dust.
L’autre point commun d’ailleurs avec Gentleman Killer, c’est l’emploi d’Eduardo Fajardo. Il faut toujours un bon méchant pour faire un bon film, et avec Eduardo Fajardo d’habitude on est tranquille, sauf que là, si son jeu est sadique comme il se doit, son look est totalement raté, avec son foulard rouge et ses favoris grisonnants, il ne paraît pas inquiétant le moins du monde. Mais ce n’est pas grave, les images du DVD allemand prêté par l’amigo Sartana sont magnifiques, et la musique de Bruno Nicolai, sauvagement plagiée sur Morricone est parfaite pour le film. Vous connaissez la musique: si vous aimez le spagh, celui-ci vous ira très bien, sinon, vous risquez bien d'être affreusement déçus!
Publié par Tepepa à 11:36 4 commentaires
Libellés : Années 1970, Anthony Steffen, western européen
dimanche 10 mai 2009
Un tueur nommé Luke
La notte dei serpenti
1970
Giulio Petroni
Enfin du spagh donc, et plutôt du bon. Giulio Petroni remet le couvert pour une introduction nocturno-pluvieuse style La mort était au rendez-vous, puis l'ambiance se fait caniculaire. Les cigales chantent, les mouchent bzztent à tout va, la musique de Riz Ortolani, loin des envolées symphoniques de Morricone, grince, égrenne ses quelques notes hispanisantes de ci de là pour bien montrer que c'est l'heure de la sieste, l'heure où seuls les chiens et les gringos mettent le nez dehors.
Luke (Luke Askew), notre héros gringo pouilleux sirote sa tequila et passe son temps à se faire brimer par les mexicanos revolutionaro-bandidos. On frémit à l'avance. Ce gars là va se réveiller, et ça va barder.
Luigi Pistilli est là aussi, en chef de milice mexicana. Il flaire, le coin de la bouche relevé, un bon coup, parce qu'on s'en doute, il ne fait pas vraiment partie des gentils. Il se greffe sur une sombre histoire d'héritage, quatre notables du village, le maire, le tenancier, le curé, la pute, qui veulent récupérer la fortune d'un enfant. Le gringo doit faire le pigeon, mais le moment où il troque son chapeau de paille troué pour son authentique chapeau de pistolero lui fait retrouver tous ses moyens. C'est lent, et c'est bon, c'est presque du western tantrique: un zeste de flashback flouté sur les bords mais net au centre, un zeste de folie, une trogne hallucinée, un accès de violence aussi bref que la pluie d'orage, l'intrigue se dévoile lentement, et personne, pas même le gringo n'est réellement sympathique. Seul l'enfant Manuel, joué par Luciano Casamonica (déjà employé par Petroni dans Tepepa) est identifiable comme un être non encore corrompu par l'argent, et sa mère (Magda Konopka), qui exerce ses dons de sorcière au peyotl sur les péons, détonne un peu par son opposition passive aux hypocrisies de la religion officielle, incarnée par le repoussant curé du village (joué par Franco Valobra).
Chelo Alonso est tout aussi insupportable que dans Saludos Hombre en prostituée arrogante au possible et sûre de son sex-appeal. La pute, elle aussi s'oppose aux bonnes mœurs officielles, mais elle a le cœur aussi sec que tous les commerçants du coin, dont le tenancier, et l'âme aussi lâche que celle du maire. La maison de Manuel et de sa mère représente donc une sorte d'ilot libertaire - voire hippie (la consommation de peyotl) - au sein d'une société corrompue et sclérosée, seul endroit où l'on voudra bien tendre la main à Luke, seul endroit où il pourra se refaire.
Au bout d'un moment évidemment, ça pète, des soldats mexicains se font descendre, des bandidos se font descendre, notre homme se fait torturer, puis il s'échappe de prison exactement comme Roy Rogers dans Silver Spurs (à moins que ce soit Tex Ritter dans Take me back to Oklahoma). La fin sans surprise n'a aucune espèce d'importance, encore qu'on ait droit à une justification oedipo-Tellienne du pourquoi du comment de la déchéance de Luke. On frémit! On a passé un bon moment de spagh, bien écrit, bien réalisé, bien monté et bien sonorisé, ce qui est déjà énorme. A revoir dans une copie restaurée, et en VI, car pour une fois, j'ai trouvé la VF sacrément baclée.
PS: Merci Sartana!
Publié par Tepepa à 16:06 4 commentaires
Libellés : Années 1970, Giulio Petroni, western européen
samedi 2 mai 2009
The great K&A train robbery
Lewis Seiler
1926
Avec: Tom Mix
Oui je sais, j'avais dit du spagh. L'ami Sartana m'en a fourni quelques uns d'alléchants, mais pour l'instant, le lecteur DVD a été occupé à autre chose. Donc The Great K&A Robbery, téléchargé en toute légalité, encore une vieillerie avec Tom Mix et son cheval Tony, qui court aussi vite qu'une locomotive lancée au galop, qui suit son maître comme Milou suit Tintin, qui accourt le sauver quand il est en mauvaise posture.
Tom Mix on le sait était une immense star du muet, et je l'ai déjà dit ici: on se demande un peu pourquoi: il n'est pas vraiment beau, il n'est pas vraiment grand, il n'a pas vraiment la classe. John Wayne joue un rôle de figurant dans ce film (d'après wikipédia, mais je ne l'ai pas reconnu), son heure de gloire allait venir quelques années plus tard, et la comparaison fait mal au pauvre Tom.
Pour autant Tom Mix n'est pas mauvais acteur: son jeu à la fois gauche et exalté, son absence de gêne face à la nana (Dorothy Dwan) qu'il finira par bécoter sur le chasse pierre du fameux K&A train, sa façon de balancer les bras comme une fille quand il court et son attachement aux scènes à base de tyroliennes le rendent finalement assez agréable. L'intrigue est maxi-basique, contemporaine du film comme souvent à l'époque, les scènes d'action sont extra-spectaculaires, la violence et la noirceur sont super-absentes (Hart étant passé de mode à l'époque) le traître (Carl Miller) est méga sirupeux, le stupide nègre de service (Curtis McHenry) nommé fort comiquement Snowball est supra ouigolo et le sidekick comique (Harry Gripp) a un colossal petit air de Trinita quand il voyage hors la loi dans un hamac tendu sous le boggie du wagon du patron.
Pour le reste, l'intrigue n'a rien de méga-palpitante, surtout que le chef des bandits manque franchement d'intérêt. La fameuse attaque n'est pas tout à fait le clou du spectacle, et ce western, l'un des films survivants les plus connus de Tom Mix, s'oublie finalement bien vite, à l'exception de certains plans joliment photographiés et de tout le travail des cascadeurs, chevaux compris!
Capture prise sur cet agréable site consacré au film: http://www.silentsaregolden.com/featurefolder6/K%26Apage.html
PS: cet article a été publié sur un vieil ordinosaure sur lequel j'ai installé Toutou Linux (sic), on s'amuse comme on peut...
Publié par Tepepa à 17:07 4 commentaires
Libellés : Années 1920, Tom Mix, western américain