mardi 8 mai 2012

Top 5 / Flop 5

Le top 5 des posts les plus vus sur ce blog (depuis que google fournit les stats, c'est à dire mai 2008):



10 juin 2007
3 637 Pages vues
1 janv. 2011, 2 commentaires
3 228 Pages vues
28 oct. 2010, 5 commentaires
1 118 Pages vues
9 juil. 2007, 3 commentaires
521 Pages vues
3 juin 2007, 1 commentaire
424 Pages vues


C'est bien, très bien pour un blog western. J'en suis très heureux. Si je comprends pourquoi Rocco et Solange y sont, la présence des Dalton me sidère un peu, et j'ose espérer que Terence Hill et Bud Spencer sont là à cause de la popularité persistante du duo, et non pas à cause du mot Cul dans le titre. Quant aux Martyrs, on pourrait croire qu'ils sauvent l'honneur, mais j'ai comme un doute, il doit bien y avoir une raison peu reluisante là-dessous.


Bref, les années passent, Internet ne mûrit pas vraiment.


Et voici le flop 5:




Années 1910, western américain, William S. Hart
Nombre de vues
20/10/09
Années 1920, western américain
Nombre de vues
09/01/10
Années 1910, G.M. Anderson, western américain
Nombre de vues
27/03/10
Années 1920, Fred Thomson, western américain

   Nombre de vues
20/03/10

Années 1920, western américain, William S. Hart

 Nombre de vues
17/03/10

Années 1920, western américain, Yakima Canutt


Nombre de vues
15/11/09

Merci à tous de cliquer sur ces messages ;-)



A noter que les stats google sont une vaste blague, puisque certains articles prétendument jamais lus ont malgré tout des commentaires.

lundi 7 mai 2012

Tire encore si tu peux!

Se sei vivo, spara
1967
Giulio Questi
Avec: Tomas Milian, Piero Lulli, Ray Lovelock


Attention gâchages! Les captures ci-dessous dévoilent une grande partie du film.
Western culte et dérangeant, Tire encore si tu peux! - encore un western italien mal servi par son titre français - donne le ton dès la première image.




La main de Tomas Milian qui sort de nulle part (en fait d'un tas de gravats d'une mine madrilène), reprise sur l'affiche, est à la fois dans le cadre esthétisant du western italien et en dehors à cause de la musique - assez entraînante et donc volontairement hors de propos - qui accompagne la scène.






Le flashback continue de jouer avec la convention: le ralenti, l'exécution sommaire, la lumière surexposée qui tranche avec l'obscurité du prologue, mais là aussi, le montage très saccadé avec changements de point de vue et bande son de bombardements préviennent l'aficionado que l'objet qu'il a devant les yeux n'est pas du western spaghetti conventionnel.




Le massacre des Tuniques Bleues est - lui - tout ce qu'il y a de conventionnel, en plus d'être fauché du point de vue budget. Mais cette caméra qui s'attarde sur ce soldat fauché en pleine baignade, l'est déjà moins.










Pour autant, Giulio Questi - au début - n'en rajoute pas des tonnes dans l'avant-gardisme - on n'est pas encore au niveau d'un El Topo. Les gueules de sadique qui se marrent, les trahisons, les peones qui se font tirer comme des lapins, les gammes sont là et bien maîtrisées.




Mais ces pauvres bougres, qui creusent leur propre fosse nous remémorent bien sûr, les pires heures de la seconde guerre mondiale. Les deux indiens ne sont pas des indiens mais des anges gardiens. Les balles en or, destinées à la vengeance, le retour de l'au-delà du héros, tout cela façonne très rapidement une atmosphère fantastique et oppressante.




L'imagerie dévie très rapidement également de la sauce spaghetti habituelle. Ce petit garçon nu, cette petite fille aux cheveux ébouriffés, évoquent bien plus le Tiers Monde, un pays en guerre, ou encore une cour des miracles peuplée de tziganes et de gens bizarres.




Première apparition d'une des chemises noires fascistes/homosexuelles (Sancho Gracia). A partir de ce moment là, Questi prend le parti de sortir les amateurs de western de son film, pour ne garder que les plus curieux, les plus ouverts, les plus endurants.







Questi retourne un poncif de plus. Les bandits que l'on imaginait martyriser la population du village, se retrouvent vite aux prises avec des individus encore plus barrés qu'eux, qui en plus privent le héros d'une partie de sa vengeance.




Tomas Milian, toujours très bon, regarde longuement les cadavres pendus et suppliciés. Totalement indifférent aux balles qui semblent le traverser comme un fantôme, il touche alors le chef des bandits et termine en 30 minutes ce que l'on pensait être le pitch du film. La scène suivante, dans laquelle les villageois cherchent à récupérer à la main, toutes les balles en or d'un Piero Lulli pourtant encore vivant est l'une des plus dérangeantes du western italien - à surtout remettre dans son contexte dans la mesure où aujourd'hui, certains effets ont particulièrement mal vieilli.




Que faire alors à partir de là? Questi part dans le bizarre, l'incongru, le symbolique. Tomas Milian se lave fréquemment les mains, les apparitions surgissent, les chemises noires festoient. Je ne peux pas chercher  à comprendre vraiment. Certains l'ont fait, mais seul Questi a les clés, et surtout, on a parfaitement le droit de trouver cela un peu vain aujourd'hui, même si l'intrigue du film, son fil conducteur scénaristique, reste parfaitement lisible.




Entre outrances, provocations (pour l'époque) et vraies belles scènes nihilistes, Giulio Questi livre une vision de l'humanité aussi noire que possible. Conformément aux codes du genre, tout le monde y passe petit à petit. L'appât du gain, seule motivation du petit peuple spaghetti -souvent pour un effet épique voire comique - prend ici une tournure teintée de folie et de démesure.






Quand ce n'est pas la volonté d'en faire trop, c'est parfois l'effet daté des scènes gore qui nous sort du film. Mais la sincérité du propos est bien là. Questi ne filme pas l'horreur pour faire parler de son film ou pour attirer les foules, mais pour exorciser la noirceur qui s'est installée en lui.




Et quand arrive la scène de l'iguane et de la chauve souris, une chose est sûre, on se dit que Tire encore si tu peux n'est certainement pas un film de premier choix pour qui voudrait s'initier au western spaghetti. Mais quand arrive l’extraordinaire final, on se dit qu'il est indispensable pour qui voudrait avoir une vision aussi complète qu'extrême du genre.

samedi 5 mai 2012

Avec Django, la mort est là

1968 
Joko invoca dio… e muori 
Antonio Marghereti 
Avec: Richard Harrison, Claudio Camaso 


J’aurais voulu revoir ce film en version italienne. Je pensais que c’était possible, puisqu’il s’agit d’un DVD Seven 7 de la grande époque où certains croyaient encore au DVD. Mais non, il n’y a que la VF, très médiocre, qui banalise, voire ringardise la plupart des dialogues. 


Pour autant, l’introduction barbare, qui aurait plus sa place aux jeux du cirque romain ou dans un film sur les poncifs moyenâgeux, nous remet immédiatement dans le contexte. Une mise à mort horrible, suivie d’une violence implacable, déterminée, quasi mystique. Richard Harrison n’est pas très bon (ce n’est pas pour rien que Sergio Leone n’en a pas voulu pour Pour une poignée de dollars), mais, dans ce genre de rôle désincarné, il passe encore. Le thème de la vengeance froide, donne à ces films une certaine hauteur de vue. La dramatisation extrême exacerbe ce sens tragique qui permet au spectateur de vibrer avec un héros pourtant peu expressif. Malheureusement, la vengeance est aussi un poncif éculé qui fait qu’à plus de quarante ans de distances, les vibrations sont bien atténuées. La symbolique des bouts de corde jetés sur chaque cadavre joue à plein aussi, mais là également, quarante ans plus tard, cette sophistication commence à paraître convenue, tout comme le coup du nouveau Shérif qui prend possession d’un bureau abandonné et rempli de toiles d’araignées. 


Le héros assassine les hommes de sang froid, c’est bien la fin de l’héroïsme, d’autant qu’il n’est pas exempt de failles morales. Métis, il semble avoir la haine du monde, un peu comme Aldo Sambrell dans Navajo Joe. Richard Harrison est Joko dans la version italienne, il devient Django dans la version française, et le film se retrouve affublé d’un titre ridicule (« la mort est là » sonne comme un nom de fromage). Comme d’habitude avec le western italien, certaines scènes nous sortent totalement du film, comme cet ahurissant égorgement à coup d’éperons. La musique, bien que non exceptionnelle, comporte suffisamment d’airs de trompette et de guitare pour nous remettre dedans. 






Antonio Marghereti soigne ses cadrages. Le travail sur la lumière et sur les sons dans les grottes à la fin est sublime, et apporte cette touche fantastique qui sera beaucoup mieux utilisée dans son meilleur western : Et le vent apporta la violence. Il faut bien sûr mentionner Claudio Camaso, le frère de Gian Maria Volonte, qui joue un rôle de dément à la mesure du genre. On ne l’oublie pas de sitôt. Petite réminiscence du western américain, à la fin, le héros est non seulement officieusement amnistié par les autorités, mais il part avec the girl (Spela Rozin, dont le rôle n’est pas si anecdotique que ça). Avec Django, la mort est là reste un western honnête, qui se regarde sans déplaisir, mais qui a été légèrement surévalué à sa sortie en DVD.



mardi 1 mai 2012

Lucky Luke





2009 
James Huth 
Avec : Jean Dujardin, Michael Youn, Melvil Poupaud, Alexandra Lamy 


Nous sommes habitués hélas, aux consternantes adaptations cinématographiques de BD. La consternation nous écarquille les yeux sur les Dalton, Michel Vaillant, les trois Asterix (oui, même celui de Chabat, quoique sympathique, n’est pas ce que l’on peut appeler une adaptation réussie). Les américains font un peu mieux, mais à peine, avec leur bestiaire DC/Marvel. 
Le Lucky Luke de James Huth ne déroge donc pas à la règle. Pour donner un peu de crédit au film, nous devons préciser que la consternation est plus proche de celle éprouvée en regardant le Blueberry de Jan Kounen que de celle subie en supportant Iznogoud. C'est-à-dire que James Huth ose. Il ose donner une origine au héros de Morris. Il ose lui donner un prénom. Il ose un Lucky Luke mélancolique. Il ose un Lucky Luke fermier. Il ose un Lucky Luke en couple. On est même tellement éloigné de Lucky Luke qu’au bout de vingt minutes on s’emmerde, complètement indifférents au scénario. Les états d’âme de Lucky Luke ne nous intéressent pas. Ce qui pourrait à la rigueur fonctionner pour Spirou (voir Le Journal d’un Ingénu) ne fonctionne pas pour Lucky Luke. James Huth ose même mettre la pédale douce sur l’humour canalo-télévisuel pour montrer un Lucky Luke qui file des beignes à une femme. On re-écarquille les yeux, sans comprendre si ça doit être une vanne, un gag retors, un clin d’œil incompréhensible aux cent ou deux-cents femmes qui meurent chaque année en France sous les coups de leurs conjoints. James Huth ose aussi le délire baroque avec le bandit manchot géant au milieu du désert. Mais à ce stade, on ne se sent plus vraiment concernés. James Huth filme très bien les beaux paysages, mais n’importe quel réalisateur de pub fait pareil. Au final, j’ai peut-être ri une fois ou deux seulement, au point que je me suis demandé si James Huth avait vraiment voulu faire une comédie. Le talent pourrait être là, mais le sujet est tellement à coté de la plaque que la version de Terence Hill passe pour une adaptation réussie en comparaison. C’est dire. Seul petit plaisir, la présence de Jean-François Balmer, qui permet au passage de deviner le twist final dès le début. 


Où le voir : j’aurais donc attendu qu’il passe en clair pour le voir. A la même heure sur TF1, Adèle Blanc-Sec officiait. J’en ai vu quelques minutes après le Luke, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la consternation restait de mise…