Mannaja, l'homme à la hache
Mannaja
Réalisateur : Sergio Martino
Réalisateur : Sergio Martino
Acteurs : Maurizio Merli, John Steiner, Sonja Jeannine
Durée : 95 minutes
Année de sortie : 1977
Année de sortie : 1977
Comme tout un chacun, Mannaja veut venger la mort de son père, écrasé sous un arbre alors qu’il était exproprié par un méchant qui voulait ouvrir une mine d’argent sur ses terres. Depuis, pour conjurer ses démons, Mannaja se sert d’une hache avec pas mal d’habileté. Enfin je suppose que l’explication de la hache vient de cette histoire d’arbre, sinon, toutes mes excuses. Donc Mannaja revient chez lui, et comme d’habitude la région est sous la coupe du méchant en question, avec moult hommes de main à son service. Les mines d’argent sont un calvaire pour les mineurs qui se ruinent la santé à extraire le minerai, et tout le monde est terrorisé.
Le scénario suit ensuite son cours, calibré comme un métronome : paf une baston dans la boue, paf l’homme de main se retourne contre son employeur, paf notre héros se fait prendre, paf il se fait salement torturer, paf petit massacre en règle dans la mine, paf notre héros se remet doucement dans une grotte, paf il tue tout le monde. Je ne sais pas si cela vient d’une certaine lassitude de ma part, mais j’ai de plus en plus de mal à apprécier ces westerns spaghetti qui suivent tous le même canevas, même quand c’est fait avec talent, comme c’est le cas pour Mannaja. Peut-être faut il se limiter à une seule « histoire de vengeance dans un pays où la tyrannie règne et qui finit amèrement car tout le monde est mort » par mois pour continuer à y prendre plaisir.Quoi qu’il en soit la qualité formelle est au rendez vous, avec un prologue «chasse à l’homme » dans un marais gluant, agrémenté de nombreuses chutes au ralenti dans la flotte froide où chaque goutte d’eau scintille, au milieu d’effets sonores qui rendraient Christophe Gans fou de jalousie. Sauf qu’au bout de la troisième chute du fuyard au ralenti j’en avais déjà marre, c’est beau, c’est bien fait, mais la forme ne suffit pas (plus). Après c’est la pluie torrentielle dans une ville limite fantôme où tout le monde a peur, avec des gros plans bien sentis sur l’œil d’un coq ou la bave de chiens hargneux. Bien senti, mais déjà vu aussi. Arrive la première baston dans la boue et là, difficile de faire plus sale, chaque participant ressort crade dégueu noir de boue et de sang. Là aussi évidemment, déjà vu 1000 fois. Notez que d’habitude ça ne me gêne absolument pas, mais ici j’ai frôlé l’overdose, surtout que l’un des sbires a déjà été vu comme second rôle dans 1000 westerns spaghetti auparavant (après recherche, il s’agit de Nello Pazzafini, il avait un rôle assez important dans Arizona Colt). L’ensemble du film est bien réalisé et dispose d’importants moyens et d’une bonne panoplie vestimentaire bien variée (capes, manteaux, fourures…) mais cela n’a pas suffi pour m’accrocher, et dans ce cas de figure, les invraisemblances habituelles paraissent d’autant plus criantes : le héros qui tire juste, les autres qui tirent mal, la mort qui n’a aucune importance et, apothéose, le héros qui se fabrique des haches avec du silex. J’arrête ici de descendre ce film, d’autant que ce n’est pas du tout un nanar, et qu’il contient quand même quelques éléments qui ont failli me tirer de mes mauvaises prédispositions ce jour là :
Il y a d’abord le message vaguement écologique et anti-capitaliste, qui même s’il n’est pas très développé a le mérite d’être là. Rappelons que La forêt d’émeraude et Pale Rider datent tous deux de 1985, soit 8 ans de retard sur Mannaja.
Il y a ensuite le personnage du patriarche dans sa chaise roulante qui perd le contrôle de la situation mais qui garde quelques zones de mystère. La vengeance en devient du coup plus riche, plus complexe qu’il n’y paraît.
Enfin, il y a la scène du massacre de la diligence, avec tout plein de ralentis, mais accompagnée d’une musique genre bal populaire western (car la scène alterne avec un spectacle de filles qui lèvent la jambe) qui est en totale opposition avec ce qui est montré. Résultat, l’attention du spectateur est portée sur ce qui se passe vraiment : des hommes des femmes sont en train de mourir. La mort, qui est d’habitude un simple divertissement dans les westerns spaghetti quand elle est accompagnée de musique à la Morricone, devient ici un motif perturbant ! Bon, pas trop longtemps quand même, le spectacle reprend vite ses droits… Notons aussi une scène bien réussie, celle du cocher à moitié mort qui conduit sa diligence sous une bande son qui accentue le caractère fantomatique de l’équipage.
Mais pour reprendre une expression à la mode en ce moment, tout ça ne fait pas un film. Alors au final, Mannaja n’est certainement pas un mauvais western spaghetti, mais en ce qui me concerne, Adios California est bel et bien le dernier vrai « grand » western italien.
Le DVD: Il existe un DVD Seven 7 avec VF, mais comme ils ont mis trop longtemps à le sortir, je me suis acheté un DVD allemand avec bande son en anglais. Je ne peux juger que la piste anglaise, car je ne comprends pas du tout l’allemand. J’ai eu quand même du mal à saisir certains dialogues, dont ceux du petit vieux au début. Les petits vieux, faut toujours que ça baraguouine.Coté image, tâches et pertes de synchro sont au menu. Pas trop grave pour quelqu’un comme moi qui regarde encore des vieilles VHS, impardonnable pour d’autres qui ne conçoivent pas de voir un film sur une télé 4/3 chez mémé. Si vous avez aimé la musique de Keoma, vous n’aimerez pas forcément celle de Mannaja, bien qu’elle ait aussi été écrite par les deux mêmes frangins (G.& M. De Angelis). On retrouve des sonorités similaires, mais ce qui contribuait grandement au désespoir mélancolique de Keoma est absent ici, et par moment on croirait entendre Zucherro. Sur les Bronzés ça le fait, mais sur un western spaghetti, c’est moins efficace.
Dans les suppléments, vous trouverez tout un tas de bande-annonces, en allemand, pour des films d’horreur bien barrés. C’est finalement ce qu’il y a de plus intéressant dans ces bonus, avec la bio du réalisateur et de l’acteur principal.