Le clan des pourris
Il trucido e lo sbirro
1976
Umberto Lenzi
Avec : Tomas Milian, Claudio Cassinelli, Claudio Undari, Henry Silva
1976
Umberto Lenzi
Avec : Tomas Milian, Claudio Cassinelli, Claudio Undari, Henry Silva
Ça commence vraiment exactement comme un western avec diligence sur fond de Monument Valley et bagarre de saloon, mais non, il n’y a pas erreur, on est bien reparti pour une petite tangente (après Brigade Spéciale) sur le polar italien, qui semble employer avec plaisir l’une des grandes stars du western italien : Tomas Milian. On se replonge donc avec délice dans cette atmosphère de violence exacerbée, où le quotidien du citoyen Romain de la fin des années 70 semble être de se faire agresser à coup de brique dans les supermarchés ou au cinéma, de se faire voler son sac ou d’assister à des braquages de bijouteries ou de trains, à des attentats en tout genre et à des courses poursuites en pleine ville. Dans le clan des pourris, les frontières entre le bien et le mal sont habilement mêlées. Un flic déterminé et peu respectueux des lois (Claudio Cassinelli, un peu fade), repêché de Sardaigne où il avait été muté parce qu’il gênait sa hiérarchie, est envoyé en sous-marin pour faire évader Monezza – « Le Fumier » en français, joué par Tomas Milian – une raclure de première mais non dénué d’humour et d’un certain sens de l’honneur, afin de retrouver Brescianelli, (Henry Silva, importé d’Amérique) une raclure de première totalement dénué d’humour puisqu’il a kidnappé une fillette de 12 ans qui a besoin d’une dialyse régulière pour survivre. Le flic et Monezza vont faire alliance avec le Calabrais (Biagio Pelligra (photo) et sa voix cassée très particulière) et son très violent et très typé pote Mario (Claudio Undari, que l’on a connu plus sympa dans Condenados a vivir) pour remonter la piste de Brescianelli qui pour tout simplifier a changé de visage par chirurgie esthétique. On voudrait nous faire croire que la star du film, c’est Tomas Milian, on voudrait nous faire croire qu’il porte le film sur ses épaules, mais c’est faux : avec son cabotinage habituel, sa perruque afro et son temps de présence à l’écran somme toute assez réduit, le charismatique cubain n’imprime pas une marque si inoubliable que ça au film, en tout cas, pas plus que dans Brigade Spéciale. Non, le vrai plaisir vient du traitement sans concession de l’action, des péripéties et fausses pistes qui s’assemblent peu à peu, des scènes « à faire » et faite avec l’aplomb d’un premier degré qui ne craint surtout pas le ridicule. Les italiens n’ont peur de rien, et ils donnent tout : ils donnent les poursuites et les fusillades, ils donnent les planques et les infiltrations, ils donnent les passages à tabac et les prises d’otage, ils donnent les flics sûrs de leur droit et les crapules flamboyantes, le tout dans un maelström incessant où nos « héros » reviennent souvent à leur point de départ mais ne baissent jamais les bras. Les surnoms d’opérette des malfrats, de Monezza au Calabrais en passant par Cravatte ou Le Lourdingue créent une poésie à part, une langue spécifique à la musicalité rehaussée par une bande sonore pop de Bruno Canfora assez réussie. On note en particulier cette jolie séquence sans parole mais avec musique, où les protagonistes interrogent la faune Romaine, jeunes en mobylettes, employés de casses, putes, restaurateurs en leur graissant la patte pour les faire parler. Umberto Lenzi, plus connu pour ses films d’horreur, signe ici une réalisation très solide sur un scénario assez convenu mais finalement assez dense : pas de temps mort, pas de prise de tête métaphysique : l’enquête, rien que l’enquête et l’engrenage des indices qui amènent d’autres violences qui amènent d’autres indices avec en toile de fond ce sentiment d’inéluctabilité et cette progression vers des solutions de plus en plus radicales pour le flic. Cela aurait pu faire un grand film. C’est juste un bon polar extrêmement plaisant. Le scénariste Dardano Sacchetti explique en bonus qu’il avait voulu créer un décalage comique entre le flic et le personnage de Tomas Milian, une sorte de Trinita du polar, mais qu’Umberto Lenzi manquant visiblement d’humour, cet aspect du film n’a pas du tout fonctionné. Il explique également que son film était le premier « Buddy Movie » dont la trame a été reprise plus tard dans le film 48 heures de Walter Hill. On peut tout de même en douter tant l’idée du duo est finalement peu exploitée dans le film au profit du concept de « bande ». Pas tout à fait un grand film donc (et si l’on en croit Francis Moury sur Dvdrama, c’est même un film mineur dans le genre), mais qu’est ce qu’on s’éclate !
Le DVD Neo Publishing : haaaa, une petite pause bienvenue entre mes westerns Studio Canal (prochainement si j’ai le temps : Le temps du Massacre et Poker d’As pour Django) : une VF et une VI, une jaquette ‘slim’ travaillée avec un joli fourreau, des bonus loin d’être complets (on ne pourrait pas avoir l’avis de Tomas Milian himself sur ces films, pendant qu’il est vivant ?) mais très instructifs tout de même : voilà ce qu’on est en droit d’attendre boudiou !!
PS : Merci au chat de m’avoir fait gagner ce DVD. Mais où est-il passé le chat, hein ?
PPS : Je m’interroge sur la scène western du début : a-t-elle été tournée pour le film, ou est-ce un western américain ? Je penche plutôt pour un western américain, car je ne vois pas comment ils auraient pu avoir le budget pour aller tourner aux USA pour ce film alors que même en plein âge d’or du western italien ,ils tournaient en Espagne. Mais dans ce cas, lequel?