samedi 24 avril 2010

Josey Wales hors-la-loi


The outlaw Josey Wales
1976
Clint Eastwood
Avec : Clint Eastwood, Sondra Locke


En 1976, qu’il le veuille ou non, Clint Eastwood a encore bien du mal à se défaire de l’image de l’homme au poncho. Quand les gens vont voir un western de Clint Eastwood, que ce soit Pendez-les haut et court, Joe Kidd, Sierra Torride ou L’homme des hautes plaines, c’est un plaisir Leonien qu’ils cherchent à prolonger. Crac, avec Josey Wales hors-la-loi, Eastwood instaure une rupture, encore toute relative, mais une rupture propre à décevoir les fanatiques du maître transalpin (dont je suis). Pour ne pas perdre son spectateur lambda, Eastwood récite néanmoins ses gammes : tac tac tac, la mitrailleuse surgit d’un chariot, telle celle de Ramon, et fait le ménage chez les nordistes, bang bang bang les énormes colts Walker font chuter tour à tour un nombre impressionnant de victimes avec une précision délicieuse d’invraisemblance. A ces conventions somme toute spaghettienne, le réalisateur ajoute des conventions propres aux deux genres : le drame inaugural, l’errance, la vengeance.


La rupture est cependant montré dès le prologue, qui associé au générique contient suffisamment de "matériau" pour remplir tout un film: la vie simple et rustique, la mort des proches, l'anéantissement de toute une vie, puis l'enrôlement dans une bande qui fait peu ou prou la même chose que ceux qui ont tué les siens. En développant, le film pourrait s'arrêter à la fin de la guerre, on aurait déjà eu un grand vrai putain de film avec des tripes et des boyaux.
Et Eastwood raconte tout cela à l'aide de scènes de pure convention: les cris de l'enfant dans les flammes, le viol suggéré, la mort du personnage avec grosse visualisation du méchant pour la vengeance future, puis sa résurrection avec une cicatrice (comme dans Pendez-les haut et court). Puis l'enterrement de la famille avec bien sûr la main calcinée qui sort du linceul de fortune et la petite croix de bois. Puis c'est tout naturel, on ressort un vieux flingue des cendres et on s'entraîne jusqu'à ce que l'habileté revienne. Et pour finir, comme par hasard une milice passe par là pour l'enrôler et faire d'autres pillages!


Admirable condensé de cinéma en dix minutes, on ne sait pas trop d'ailleurs s'il faut comprendre la séquence comme du temps vécu ou s'il y a des ellipses entre l'enterrement, le déterrement du flingue, l’entraînement et l'arrivée de la milice. La seule scène qui fasse tâche dans cette enchaînement conventionnel, c'est Eastwood s'écroulant de douleur sur la croix qu'il vient de planter, la croix se tasse, s'affaisse, et à aucun moment le personnage ne songe à la remettre d'aplomb (on la voit, toujours couchée quelques images plus loin). Eastwood condense donc toute une frange du western en dix minutes comme pour passer à autre chose (première rupture), tout en donnant à son personnage une histoire et un vécu (il est fermier, a une famille, deuxième rupture) et en inscrivant l’histoire dans un contexte historique américain très précis (troisième rupture). La reddition des sudistes est également un moment de pure convention. Fletcher commence par poser la légende du grand Clint verbalement, avec des phrases ré-entendues depuis dans Rambo, genre "il vous faudra une armée pour l'avoir, c'est un spécialiste, un pro qui vous en fera baver et qui se battra jusqu'au bout!", puis c'est le mitraillage des sudistes qu’Eastwood retourne contre les nordistes et termine avec ses deux flingues, qu'il tient, à plusieurs reprises dans le film, exactement comme William Hart, the Two-Gun Man, hé oui, quoi qu'il arrive, on croit toujours voir ses fétiches partout.
Et finalement la vraie rupture, cinématographique celle-ci et non pas scénaristique, n'intervient qu'à 25 minutes du début, avec l'apparition du Dr. Doxey, qui, s'il est une figure classique du western, est traité ici de manière drolatique et décalée, tout comme l'épisode du bac fait basculer le film vers un autre chose mystérieux et le sort de la convention (même si Eastwood se débrouille malgré tout pour placer une référence ironique à son passé en tirant sur une corde). Suivent ensuite les chasseurs de prime grotesques, la première faille de Clint qui se fait surprendre, et le chef Dan George qui accentue la rupture en donnant au métrage un ton bavard, humoristique, incongru, pour tout dire très seventies. Josey Wales est le film où Eastwood trouve son style, son rythme propre et parvient à s'affranchir de ce qu'on attend de lui, tout en commençant déjà à se moquer de lui-même. Le film se rapproche beaucoup plus d'un classicisme à la John Ford ou à la Anthony Mann que Pendez-les hauts et courts, Sierra Torride, ou Joe Kidd avec en plus cette impression de manque d'unité, de road movie un peu nonchalant et un peu longuet. Curieusement et sûrement sans s’en rendre compte, Eastwood reprend des thèmes qui ont été servis des dizaines de fois dans le western italien, à savoir le traitement parfois très dur réservé aux sudistes vaincus et la constitution d’une sorte de micro-société constituée de faibles et d’exclus. Au final, le film n’oublie pas d’être représentatif de son époque en présentant une sorte d’anti-héros, qui malgré la victoire apparente, s’en va blessé au soleil couchant, sans qu’on sache bien s’il s’en va retourner sauter sa donzelle ou mourir comme un chien, l’ouest et le soleil couchant représentant bien sûr le crépuscule de la vie. Si cette deuxième vision vous sied, Josey Wales est alors à classer dans la liste de tous ces westerns des années soixante-dix où le héros meurt à la fin, de John McCabe à Cable Hogue en passant par le moins renommé Du sang dans la poussière.


PS : ne pas manquer la scène où Eastwood décharge rageusement ses deux flingues vides sur le red leg responsable de la mort des siens, en notant qu’il réitérera dix ans plus tard, cette fois avec des flingues chargés dans Pale Rider.

vendredi 16 avril 2010

John McCabe



McCabe & Mrs. Miller
1971
Robert Altman
Avec : Warren Beatty, Julie Christie


De Robert Altman, je connais surtout sa deuxième partie de carrière, de Prêt à porter à Gosford Park, sa soi-disant renaissance après cette redoutable traversée du désert des années 80 que connurent tant de personnes du show biz. Difficile donc de replacer ce film dans la carrière du réalisateur, d’autant que John McCabe est un film qui est loin d’avoir l’ironie ravageuse de M*A*S*H. Difficile également de replacer le film dans la carrière de Warren Beatty, si ce n’est pour dire que comme dans Bonnie & Clyde, l’acteur n’avait pas peur de rôles d’hommes à coté de la plaque et plus ou moins dominés par les femmes.
Recadrer John McCabe dans la veine des westerns réalistes des années 70, ça par contre, je peux. Héroïsme zéro, crasse puissance mille, boue, pluie et misère à gogo, l’Ouest d’Altman est sale, rustique et fatalement humain. Pas l’humain qui construit une civilisation par l’épopée qui fait rêver du western classique, non, pas non plus l’humain sordide, cynique et roublard du western italien. De l’humain juste humain, stupide, gauche, qui veut se faire sa place au soleil et qui ne provoque ni sympathie, ni antipathie. On pourra applaudir ce refus du spectaculaire, louer ce vérisme proche de l’abnégation, cette absence forcée de prise de position, tel un documentaire exemplaire sur notre nature profonde. On pourra aussi rétorquer que si c’est pour voir sa propre médiocrité à l’écran, à quoi bon aller au cinéma ?
Au final c’est donc une distanciation étrange qui prévaut, comme si de voir des humanoïdes si proches de nous s’agiter pour survivre ne pouvait nous émouvoir, comme si l’héroïsme, le tragique et la passion étaient des données inatteignables, mais nécessaires pour piquer notre curiosité et nous faire croire que nous valons plus que ce que nous sommes vraiment. John McCabe pourrait donc être un grand film, mais la volonté farouche de coller au plus près de l'humain empêche toute tentative d'identification, toute affectivité envers les personnages au point que le film se terminant, leur destin sans réelle destinée ne nous émeut nullement. Un curieux objet donc, comme de nombreux westerns des seventies, de Missourri Breaks à Un nommé Cable Hogue en passant par L'homme sans frontières ou même Jeremiah Johnson, une sorte d'anti-western qui aurait pu faire un vrai bon chef d’œuvre avec un peu d'humanisme à la John Ford. On retiendra surtout finalement cette très langoureuse et mélancolique atmosphère, distillée par la musique de Leonard Cohen, on se souviendra de la vestimentation de Warren Beatty reprise l’année suivante dans Far West Story (et peut-être aussi le langage peu châtié) par Sergio Corbucci, et de très belles images hivernales auxquelles le DVD rend plus ou moins justice, sans oublier un petit rôle convaincant du jeune Keith Carradine en cowboy manchanceux et un méchant impressionnant, engoncé dans une peau qui le fait ressembler à un ours blanc armé d’un fusil monstrueux, joué par Hugh Millais.


mardi 13 avril 2010

Professionnels pour un massacre


Professionisti per un massacro
Fernando Cicero
1967
Avec: George Hilton, Edd Byrnes, George Martin, José Bodalo


Castellarien. Ce mot de l’amigo Sartana sur Western movies est plutôt bien trouvé, encore qu’il soit nécessaire de préciser que c’est de la veine loufoque de cet estimé réalisateur que l’on cause. Le scénario rappelle Aujourd’hui ma peau, demain la tienne. Trois lascars pieds nickelesques (« Et vous, vous ne travaillez pas ? ») partent à la poursuite d’un trésor comme on part à la pêche aux coquillages. Le trésor est bien sûr sudiste, je ne sais pas pourquoi les nordistes n’avaient pas de trésor mais là n’est pas le sujet, le trésor est sudiste, il passe de mains en mains, de bandits en bandits et de sale gueule en gueule de traître. Seuls les trois lascars ne se trahissent pas fort heureusement, sans quoi on aurait été quelque peu perdus. En tout cas, si les multiples rebondissements d’un scénario à tiroir pouvaient amuser en 1967, ce n’est guère plus le cas aujourd’hui malheureusement, alors que toutes les péripéties se succèdent comme convenu et que les surprises s’enchaînent sans surprise. Néanmoins, la réalisation fluide et la bonne humeur générale font passer la sauce agréablement.

L’autre point Castellarien par excellence, c’est la science du cadre. Quel que soit le sujet à filmer, la caméra se place de façon à nous mettre un avant-plan pittoresque agrémenté de figurants à la pose hiératique négligente, formant moultes figures géométriques savantes et lignes de fuite dans tous les sens. Et quand la caméra se met à bouger, ce n’est jamais par hasard, c’est toujours pour nous montrer quelque chose, une trogne qui fait son entrée, un flingue pointé, une mèche qui fume nonchalamment, des cadavres qui pendouillent. Bon, Fernando Cicero s’amuse bien, et c’est toujours plus agréable à regarder que dix minutes de champ contre-champ. Par contre, en ce qui concerne les cavalcades dans les canyons d’Almeria et les tueries interminables, c’est le service minimum : cataclop cataclop à gauche, catclop cataclop à droite et pan pan pan tout le monde virevolte. La base, bien faite quoi, mais sans plus.

Troisième point Castellarien, le casting, avec un Edd Byrnes toujours aussi sans intérêt en pistolero depuis 7 winchester pour un massacre, mais qui a le mérite d’être là (ça ne veut rien dire, mais bon au moins il est là quoi), et un George Hilton que je vais bien finir par complètement apprécier puisqu’il est ici tout bonnement formidable en prêtre déchu, récitant ses sermons tout en allumant des mèches, explosant de joie à chaque fois qu’il réussit à faire sauter un régiment nordiste, et flairant littéralement l’odeur de l’argent à distance. Un régal, tout sourire, iconoclaste et gentiment sacrilège, George Hilton est la bonne surprise du film, alors que dans Je vais je tire je reviens, c’était Edd Byrnes la bonne surprise du film, effaçant un George Hilton légèrement, heu, effacé. Comme si les acteurs de spaghetti avaient décidé d’un commun accord d’être bons à tour de rôle sur leurs films : « Hé George, c’est à ton tour de bosser ce coup-ci ! » « Hé tu rigoles, y a Robert Woods qu’en fout pas une rame depuis trois films ! »
Et pour compléter le casting, George Martin n’est pas mal du tout en spécialiste des chevaux, capable de lire dans le crottin, vigoureusement musclé, et toujours en pleine forme. José Bodalo fait le chef de bandit mexicain qui gesticule partout et il le fait bien. L’originalité, c’est la Mama, à demi infirme, qui préside, un œil mort et la parole inintelligible (ou alors j’écoutais pas). Quelques scènes plus tôt, il y avait une patronne de taverne, grosse également, toujours assise également, muette, tapant sur son souffre douleur pour qu’il parle à sa place. Il y a quelqu’un dans l’équipe du film qui avait un faible pour les grosses bonnes femmes assises et qui a quand même réussi à en placer deux. Ces personnages secondaires un peu hors norme ainsi que certaines scènes sadiques ou mortifères (le jeu du mexicain dans l’amphore, le massacre de la ferme) tranchent avec les péripéties de gamin du reste du film, montrant ainsi un cinéma en constante recherche d’une direction à suivre et d’un difficile équilibre à trouver. A ranger donc dans la catégorie "Stupido ma non troppo", Professionnels pour un massacre est un spagh sympa à réserver tout de même aux fans.


Où le voir : DVD SNC M6 à l’image superbe, VF et VI, avec jaquette de Dupuy et Berberian, pas vraiment aussi inspirée que celles de leurs collègues.

jeudi 8 avril 2010

Frank et Jesse


Frank & Jesse
Robert Boris
1995
Avec : Rob Lowe, Bill Paxton, Randy Travis, Luke Askew

Continuant notre petite exploration des westerns “récents”, nous tombons sur cette énième variation autour du gang des frères James. Rob Lowe interprète le célèbre bandit légèrement antipathique, Bill Paxton joue le frère, plus charmeur, meilleur tireur et plus intelligent.
Rien dans cette version ne retient spécialement notre attention en comparaison avec d’autres oeuvres plus prestigieuses telles Le brigand bien-aimé, The Great Northfield Minnesota Raid, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou Le Gang des frères James. Ou plutôt si, ce qui démarque vraiment ce film des autres, c’est qu’il se plante (volontairement ?) en montrant Charlie Ford tuer Jesse, plutôt que son frère Robert.
La mise en scène oscille entre le transparent et le mauvais, en particulier en ce qui concerne les scènes d’action. Le dilemme semble avoir été d’offrir un important quota de personnages virevoltant all’italiana tout en préservant le nombre historique de personnes réellement tuées par le gang. Résultat, les soldats nordistes décimés lors de l’attaque d’une banque se relèvent soudain pour continuer à tirer. Les fenêtres qui sont traversées sont très visiblement fausses, le mobilier cassé par les chutes est très visiblement préparé à l’avance, ce qui a pour résultat que ce film est également plus grotesque et moins fun que Americain Outlaws pourtant très mineur.
Malgré tout, certaines scènes parviennent à se révéler intéressantes, comme le meurtre sanguilonent du banquier ou la confrontation verbale avec le détective Pinkerton (William Atherton, excellent). Robert Boris réalise mollement mais avec suffisament de métier. Par exemple, la relation entre frangins ne fait pas d’étincelles mais fonctionne cependant correctement, le ressentiment du Sud est bien exploité et l’ensemble de l’intrigue se suit sans déplaisir. L’imagerie colle aux westerns des années 90, avec un mic-mac d’éléments spagh, de détails véridiques et de dialogues pompeux, genre Wyatt Earp.
Parmi les petites curiosités, on a un long plan fixe sur les fesses de Bill Paxton (pour les curieux de la chose) et on retrouve Luke Askew en vieillard exterminateur. Il jouait Jim Younger dans The great northfield Minnesota raid, et le gringo pouilleux d’Un tueur nommé Luke.
Un film sans saveur dans l'ensemble, sans surprise qui ne contentera que ceux qui veulent absolument voir toutes les versions possibles de l'histoire de Jesse James.



lundi 5 avril 2010

La traque sauvage


The Jack Bull
1999
John Badham
Avec : John Cusack, LQ Jones, John Goodman

Petite production télévisuelle HBO pré-Deadwood, The Jack Bull partage avec les westerns récents ces paysages hivernaux et le pas lourd des chevaux qui font badaboum badaboum plutôt que cataclop cataclop. Bien que le film mette du temps à démarrer, bien que la réalisation soit aussi pataude que le pas des chevaux, bien que le scénario soit cousu de ce fil consensuel des grandes causes et des grands principes, le téléspectateur béta se retrouve peu à peu happé par l’intrigue finalement de plus en plus prenante. Parti d’une simple brouille entre un éleveur de chevaux et le baron tyran local, le réalisateur prend son temps pour montrer les choses dégénérer, avant de commencer à délivrer l’habituel pensum sur la civilisation qui se crée, la justice qui remet les choses en ordre et la corruption vaincue par la force des grands hommes. John Goodman, car c’est lui le grand homme, tarde à venir, mais quand il arrive, c’est un peu le sauveur, l’homme providentiel, la foi en l’homme renaît et youpi tout n’est pas si pourri finalement. Entre-temps, on aura compris que faire justice soit même provoque beaucoup plus de complications que de satisfactions et que ce n’est pas bien de brûler les granges des innocents.

Ce qui sauve ce téléfilm de la banalité, c’est finalement le refus du spectaculaire et l’absence de toute fusillade et de tics du western: pas de longs manteaux, pas de virtuosité aux flingues, pas de délires pyrotechniques. Cela participe d’autant au réalisme pour une histoire qui transcende finalement largement le cadre du western. La violence est pourtant loin d’être absente, du mauvais traitement des chevaux aux divers morts qui égrènent le film, on trouve là une violence âpre et dérangeante. En outre, la fin en forme d’anti-happy end, tout en étant une fin moralement juste (à l’exception du sort réservé aux indiens) est assez originale, même si elle est en grande partie due au fait que l’histoire s’inspire d’une histoire vraie. Les acteurs sont tous bons, même les seconds rôles. John Cusack parvient étonnamment à être impressionnant en homme libre, sûr de son droit et n’ayant peur de rien. L.Q. Jones, l’un de ceux qui veut pendre Eastwood dans Pendez-les haut et court est épatant en salopard.
Un téléfilm à ne pas jeter aux orties, et bien supérieur à d’autres westerns de la même époque sortis au cinéma, type American Outlaws.


samedi 3 avril 2010

Le dernier western



Once upon a texas train
1988
Burt Kennedy
Avec:  Willie Nelson, Richard Widmark, Angie Dickinson, Shaun Cassidy, Chuck Connors, Jack Elam, Harry Carey Jr.


Petit téléfilm sans budget ni talent particulier, Le dernier western fonctionne par son casting nostalgique, qui réunit une dernière fois avant trépas des premiers rôles et des seconds rôles du western de l’âge d’or : Richard Widmark (L’homme aux colts d’or, Les deux cavaliers), Angie Dickinson (Rio Bravo), Chuck Connors le rifleman, Jack Elam, second rôle bien connu et homme à la mouche chez Leone, Harry Carey Jr., acteur Fordien par excellence.


Burt Kennedy, le grand scénariste passé mauvais réalisateur ne cherche visiblement pas à faire un grand film, mais à s’amuser, à ressasser une dernière fois une mythologie éteinte. Les vieux briscards gouailleurs nous font bien plaisir, ces space cowboys ne voient plus rien, ne savent plus tirer, ont perdu le sens de l’orientation, ne savent plus monter un coup, mais ils ont encore l’expérience, l’habitude de la piste, le flair des vieux renards. Le scénario qui promet un bel affrontement à l’ancienne entre les deux bandes éternelles rivales, flanche à mi parcours pour nous proposer un gunfight gériatrie versus jeunes outlaws, ou plutôt hommes mûrs contre petits cons inexpérimentés, puisque la morale du film est que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes. Tous les papys ont leur content de grimaces, de ronchonnements, de rhumatismes et de vannes acerbes, sauf Angie Dickinson naturellement sous-employée. C’est donc un petit film à regarder obligatoirement une après-midi tranquille, au tic-tac de la pendule, si vous voulez être un minimum interpellés par la vigueur de ces vieillards qui ne s’en laissent pas conter, qui vivent leur vie malgré leur âge (applause pour Willie Nelson qui dévalise une banque six heures après sa libération et pour Jack Elam qui suit ses compères en vélo) et qui visiblement semblent beaucoup s’amuser. Nous aussi, bien que l'ensemble reste malheureusement assez mauvais.