Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
samedi 1 janvier 2011
Les Dalton
2004
Philippe Haim
Avec : Eric Judor, Ramzy Bedia
Facile évidemment de démolir consciencieusement une telle entreprise, si éloignée de l'humour de René Goscinny, si bête et dénuée de la moindre sympathie a priori, si vide de sens et d'humanité que la regarder jusqu'au bout tient au mieux du pari stupide, au pire, de la profession de foi. Un sombrero magique, des effets spéciaux numériques à tous les plans, un Rantanplan hideux, l'arche d'Il était une fois dans l'Ouest (c'est à qui qu'ils espèrent faire plaisir en mettant des hommages à l'un des meilleurs films au monde dans un film aussi nul ?), on est finalement si éloigné de l'univers du Lucky Luke de la bande dessinée que l'on peut se concentrer sur le reste, ces curieuses couleurs saturées jaunes et vertes, ces décors soignés implantés - caramba - en Espagne du Sud, et ces quelques gags qui fonctionnent, non pas parce qu'ils sont hilarants, mais parce que noyé sous un déluge de dialogues débiles et de caméos insipides, on est bien forcés à un moment ou un autre de rire, sous peine d'être emportés par ce torrent de conneries fatigantes débitées in extenso sans souci de rythme ou de cohérence. Il y a peut-être Michaël Youne qui fait une apparition, ou peut-être pas, et s'il n'y est pas, on doit sûrement voir la gueule de Elie Semoun ou celle d'un abruti de la bande à Ruquier, et c'est pas Jean Dujardin qui nous fait un numéro à la Brice de Nice là? (Des vannes style Brice de Nice dans un Lucky Luke, Goscinny doit avoir le tourni à force de se retourner dans sa tombe). Et au fait, c'est pas Jean Dujardin qui fait Lucky Luke dans le film de James Huth? Le monde est petit!
Lucky Luke justement, fait quelques apparitions dans ce film. Il est joué par Til Schweiger, et il tient plutôt bien la route, taciturne, ses dialogues se limitant à Mouaip, c'est finalement lui le plus fidèle à l'esprit de la BD. C'est pas grand chose, mais ce personnage, et les quelques gags au choix qui vous feront rire (pour moi: le gag de Joe faisant des jumelles - vraiment grossissantes - avec ses mains, et les poulets aux piments explosifs), permettent de se remémorer cet adage souvent vérifié par les amateurs pervers de western spaghetti: même dans le pire film, on trouve toujours un petit truc sympathique à se mettre sous la dent. Le générique arrive et il est rempli de dessins de Morris. On se demande ce qu'ils foutent là, mais ça aussi, c'est toujours bon à prendre!
NB: Voici les paroles du réalisateur, trouvées sur AlloCiné: "Il s'agissait de transposer un monde figé sur page, assez épuré, en quelque chose de vivant et de dynamique, mais sans en perdre l'identité. (...) L'enjeu pour moi était d'offrir un spectacle familial qui ne trahisse jamais la BD. Elle est intemporelle, parce que l'immense authenticité de ces personnages fonctionne toujours."
Bon, quiconque connait la BD et a vu ce film sait que le réalisateur non seulement a trahi la BD, en a perverti l'identité mais qu'en plus, le spectacle proposé n'a rien de vraiment familial. Ce que j'aimerais savoir moi, c'est si ce genre de petites phrases issues des dossiers de presse sont prises au sérieux par ceux qui les récitent, ou si en plus ils ont l'insigne honneur de se foutre de notre gueule?
J'ai regardé ce film juste parce que je suis allé à Fort Bravo en septembre 2009 (désert de Tabernas, Almeria, Andalousie, Espagne, Europe, Monde, univers, espaaaaaccceeee infiinniiiiii...) et ai vu des photos de plateau affichées dans le saloon.
RépondreSupprimerDans le film, j'ai reconnu les lieux, les décors... Et pis c'est tout ! Le seul truc que j'ai trouvé réjouissant, ce sont les mères de desperados qui tricotent. Ah non, ça, c'est dans Lucky Luke ! Bon, ben alors, rien.
Et puis, n'en déplaise aux fans : Eric et Ramzy ne m'ont jamais fait rire. Même à un degré incommensurable, l'infantilisation ne m'agrée guère (jeu de mots).
P.S.: "ledom" en vérif de mots. C'est du tonnerre !
Ça me désole de le faire sous ce film, mais pour la mémoire du grand René, je ferme les yeux. Bonne et heureuse année à toi et ta famille, Tepepa.
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