1968
Enzo G. Castellari
Avec: Chuck Connors, Frank Wolff.
"Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Arnaud Amaury ne savait certes pas que sa célèbre phrase évoquerait pour certains le titre d'un western spaghetti plus de huit-cents ans plus tard. "Tuez les tous et revenez seul", donc, un titre comme seul le genre peut nous offrir, et que Enzo G. Castellari s'applique à respecter à la lettre. Non seulement tout le casting y passe, mais également une proportion non négligeable de l'armée nordiste. Sorte de mix entre Les douze salopards et Quand les aigles attaquent (sortis tous les deux à la même période à peu de choses près), ce western débute par un classique jeu du chat et de la souris, une répétition bon enfant sans conséquences qui laisse augurer d'un simple film pour enfant sans haine ni violence. Que nenni, quand les choses sérieuses commencent, nos professionnels anéantissent une garnison entière après avoir pourtant tout fait pour ne pas trop se faire remarquer. La troupe hétéroclite est menée par Chuck Connors, une star du petit écran aux USA dans la série The Rifleman. Son visage reptilien, marqué de cicatrices est parfait pour le genre, tout autant que son sourire fraîcheur de vivre si typique des héros du western italien. Athlète confirmé, Chuck Connors saute, bondit, cogne, tire et cogne encore et encore. Ses acolytes ne sont pas en reste, Leo Anchoriz en premier lieu, avec son étonnant banjo bazooka, et l'imposant Hércules Cortés capable de castagner 12 nordistes à la fois. Alberto Dell'Acqua impressionne par ses voltiges (plus que les galipettes numériques de tous les Spider-man de ces 10 dernières années) et surtout, Giovanni Cianfriglia impose sa magnifique stature et ses lancers de couteaux. Tous apportent quelque chose de plus que de la simple figuration. Ils sont vivants, crédibles, ils existent par leurs jeux de regards, leurs postures, leurs gueules. Franco Citti, avec sa gueule d'ange abimée, se démarque par de simples regards soupconneux, et même Hércules Cortés qui joue pourtant le rôle d'une grosse brute, parvient à faire passer plus de choses dans sa moue dubitative que bien des acteurs de premier plan. Quand à Frank Wolff, et bien c'est du Frank Wolff pur jus comme on l'aime...
Enzo G. Castellari soigne sa mise en scène et travaille ses plans et ses cadrages comme à son habitude. On note par exemple un plan d'un Nordiste qui plonge les mains dans une citerne, filmé du fond de la citerne où se cachent deux des salopards. Ça n'est pas nécessaire à l'intrigue, mais c'est beau. Le budget est relativement confortable au niveau de la figuration, la musique fait son job tout à fait correctement, et le tout se suit sans déplaisir aucun. Les nordistes, une fois de plus, sont d'ignobles tortionnaires, les coups tordus se suivent et se ressemblent et à la fin, la morale n'est pas sauve. Bref, tout va pour le mieux dans la petite géographie formatée du western italien.
Où le voir: disponible par exemple en VOD sur CanalPlay Infinity.
Captures: Jo et El Puro sur Western-maniac
Chuck Norris ?? ;)
RépondreSupprimertrés bon blog en tout cas !
Ha ha, merci pour la coquille!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce western ultra-bourrin et décomplexé. Comme tu le dis, c'est presque un cliché du genre, ça castagne, ça tire partout, et ça suffit. Mais ça suffit parce que c'est Castellari aux commandes, que le budget est plus que correct, et que Chuck Connors et Frank Wolff, ce ne sont pas Jeff Cameron et Gordon Mitchell (avec tout le respect que j'ai pour ce dernier).
RépondreSupprimerJe ne me lasse pas de ce film.
Je n'ai pas trouvé Connors exceptionnel dans ce film, mais au moins au même niveau que le reste du casting en terme de force de présence. Wolff lui est excellent.
RépondreSupprimerChuck Connors n'a jamais été un grand acteur (son Géronimo, au secours!), mais sa gueule est incomparable. :)
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