Cross of Iron
1977
Sam Peckinpah
Avec : James Coburn
Je me souviens de la déception éprouvée en découvrant ce chef d’œuvre de Sam Peckinpah. Je me souviens que cette déception était du même ordre que celle endurée lors de la Horde Sauvage. La violence chez Peckinpah n’est jamais divertissante. On vient voir un film de guerre avec tout plein de morts qui voltigent dans les airs, des ralentis du feu de dieu, des mitraillages dans tous les sens. Et c’est exactement ce qu’on obtient, mais on n’éprouve pas de plaisir comme on en éprouve quand les aigles attaquent. Je me souviens de cette amertume, de ce sourire désabusé d’un James Coburn vieilli, parfaitement fondu dans des fonds verdâtres. Je me souviens aussi d’avoir vu ce film après Il Faut Sauver Le Soldat Ryan, et je me souviens avoir trouvé que le film avait vieilli, que les scènes de combat manquaient d’intensité, pas aidées sans doute par le manque de moyens de Peckinpah à l’époque. Je me souviens avoir parlé d'Il Faut Sauver Le Soldat Ryan à un ami allemand. Dubitatif il était. « Oui, j’imagine que dans ce film les allemands sont grands, blonds et très cruels » me dit-il alors en substance. Je lui répondis que non, le traitement me semblait très équilibré, que le film s’appliquait juste à montrer que la guerre est une saloperie sans nom qui fait ressortir le pire de l’être humain, et parfois le meilleur. J’espère que mon ami allemand – que j’ai malheureusement quelque peu perdu de vue – a vu Cross Of Iron, qui montre avec éclat que la guerre ne fait ressortir que le pire chez l’être humain, que ce soit côté Axe ou côté Alliés. Je me souviens que Les Sentiers de la Gloire traitait de la même chose, des types normaux broyés par la stupidité de l’état-major. Je me souviens de Full Metal Jacket, et du sourire de dément de Baleine, et je me souviens d'Outrages, qui montre aussi des types normaux qui n’auraient jamais violé personne dans le civil, mais que la guerre ramène joyeusement à leur instinct primaire. Je me souviens de Iwo Jima et ces soldats japonais qui se font Hara Kiri à la grenade. Et je me souviens de ce type qui tombe, chevauchant une bombe H, image à jamais gravé dans la rétine de mes huit ans. Comme dirait Jodorowsky, je me souviens…
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