Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
jeudi 29 janvier 2009
Silver Spurs
1943
Joseph Kane
Avec Roy Rogers, Smiley Burnette
Roy Rogers était sans conteste le plus grand des singing cowboys. Champion de rodéo, vacher hors pair, Roy Rogers pouvait faire mouche à 180 pieds les yeux fermés. Son cheval Trigger était capable d’ouvrir les portes, de slalomer entre des bouteilles et de nager 5 minutes sous l’eau (6 prétendent même certains). Roy Rogers fut l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Acteur sous son propre nom d’environ 4296 westerns entre 1938 et 1942, il s’enrôla pendant la deuxième guerre mondiale, devint rapidement général et dirigea l’opération « rodéo du désert » qui permit d’ouvrir le front ouest de Ouarzazate (et mourir…). Son succès de musicien fut à peine croyable. Il vendit au cours de sa carrière plus de 8761 millions de disques, soit plus que Michael Jackson, Madonna et Georges Michael réunis. Sa voix feutrée et ses yeux mi-clos étaient connus pour déclencher des orgasmes intempestifs parmi l’audience féminine et des dépressions graves chez les macho macho men. Sa chanson West of the westland Buckaroo resta en 1952 au top des charts pendant 936 semaines d’affilée (la chanson reprise par P. Diddy sous le titre Dis big bag da nigga connaîtra un nouveau succès en 2002). Aimé de tous, admiré des enfants, il était un modèle, une icône religieuse (plus connue que Jésus) dont beaucoup aujourd’hui doutent de la réalité.
Du coup, si l’on se penche un peu sérieusement sur ce Silver spurs, on se demande de quoi il retourne. Cela commence avec de grands buildings de l’Est (l’action est contemporaine au film), une journaliste blonde pas stupide qui part pour l’Ouest pour se marier avec un type louche qui ne tardera pas à se faire abattre. Bien sûr c’est Roy le magnifique qui sera accusé (ces gars là devaient avoir un abonnement, d’ailleurs on ne se pose même plus la question de la crédibilité du truc : Roy va chercher le mort au fond du ravin, il précise au Shérif que ce n’est pas un accident et qu’il a été abattu, et il lui indique même qu’il s’agit d’un fusil et non pas d’un révolver : autant d’enthousiasme à donner des indices et autant d’actes qui vont à l’encontre du bon sens si Roy était le meurtrier devraient au moins faire douter le Shérif lorsque celui-ci découvre une winchester encore fumante dans les fontes de Trigger. Mais non, C'EST DANS LE CAHIER DES CHARGES: le héros DOIT être accusé à tort d'un meurtre, quoi qu'il en coûte! ).
L’ouest a changé sur la forme : les méchants sont en costard, et ils conduisent des grosses voitures, mais pas sur le fond : traquenards, meurtres, manipulations, le train train de la série B n’a pas changé. Le plus grand suspense est finalement de savoir quand Roy va bien pouvoir trouver le temps de chanter. Nom de Roy, il a bien fait un effort au début avec ses potes des Sons of the Pioneers (responsables en grande partie du ratage Rio Grande) , mais ensuite entre les cavalcades, les raccourcis pour faire prendre un bain à Trigger, les efforts pour se disculper, on prend peur : aura-t-il encore envie de chanter ? Ouf, à la fin il nous gratifie d’un petit number soyeux comme le pelage d’un chaton dans la moquette, parce qu’il ne parvient pas à trouver les mots justes pour get the girl comme il faut.
Joseph Kane et Smiley Burnette nous épargnent cette fois le running gag affligeant, et c’est tant mieux. Tout au plus Burnette se plante-t-il en envoyant les méchants chercher la journaliste justement là où il l’avait planquée, ce qui est assez marrant. L’action est menée tambour battant, avec de belles chutes de cheval, une carriole qui fait des bonds de dément sur les rocs, Roy qui saute de cheval en cheval, puis se laisse glisser au sol sous le chariot pour se rattraper in extremis et remonter par l’arrière : Keanu Reeves ne fera pas pire dans Speed 50 ans après. Roy prend un nouveau bain et tout est bien qui finit bien.
Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/
mercredi 28 janvier 2009
The phantom of the range
1936
Bob Hill
Avec: Tom Tyler, Beth Marion
Tom Tyler est un autre grand gars bien droit du western de série B. Dans un désert de rocs enchevêtrés qui fait tout le charme de ce petit film, il croise une blonde qui a besoin d’eau. Sauf que l’eau dont elle a besoin est pour sa voiture. C’est le petit plus de ces petits westerns de série B où des cowboys aux ceinturons ciselés croisent des automobiles dans des décors incroyables.
La mise en place de l’intrigue est plutôt bien fichue. Tom Tyler achète un tableau et un ranch aux enchères sans trop comprendre pourquoi. En fait, il l’achète parce qu’il s’aperçoit que la demoiselle blonde est très intéressée par le tableau, et lui il est sans doute intéressé par la demoiselle. Mais la demoiselle est intéressée par le tableau parce qu’il appartenait à son grand-père et qu’elle s’est rendu compte que trois hommes louches étaient aussi très intéressés par le tableau. Et les trois hommes louches sont très intéressés par le tableau parce qu’il renferme un plan qui mène au trésor du vieux grand-père décédé. Et pour dissuader les curieux de trop chercher le trésor, les types louches ont inventé une histoire de fantôme qui galope à cheval, la nuit autour du ranch.
Tom Tyler prend possession des lieux et se retrouve donc confronté aux manigances habituelles des séries B : manipulations, espions, traquenards. En gros, comme d’habitude il est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Tout ça ne fait pas très western me direz-vous. Mais pour s’en sortir, il va utiliser des subterfuges ad hoc : cavalcades, coups de poing, coups de feu, plongeon de dix mètres avec cheval, piège à base de corde tendue pour faire tomber ses poursuivants. La routine. Le sidekick (Sammy Cohen) est très particulier, avec son physique de Henri Salvador jeune, ses talents de pickpocket et de joueur de piano. La blonde est une femme indépendante qui refuse de faire la cuisine. A la fin, on ne sait pas trop si c’est Tyler qui get the girl ou la fille qui get the boy, au milieu de ces étranges amas rocheux.
La bande son est effroyable, l’équipe n’avait tout simplement pas les moyens : certains combats à main nues sont quasi muets : la fille crie mais on ne l’entend pas, à la place il y a un brouhaha de foule. Pareil lorsque l’un des méchants est suspendu dans le vide par Tyler qui veut le faire parler (la routine) : la même prise son est utilisée trois fois de suite avec un volume croissant. A la limite ça renforce le coté surnaturel de l’entreprise, on finit par s’attacher à ces bidules tournés à la va-vite, sans nuance, sans talent, mais avec sérieux et application malgré la pauvreté des moyens.
Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/
Bob Hill
Avec: Tom Tyler, Beth Marion
Tom Tyler est un autre grand gars bien droit du western de série B. Dans un désert de rocs enchevêtrés qui fait tout le charme de ce petit film, il croise une blonde qui a besoin d’eau. Sauf que l’eau dont elle a besoin est pour sa voiture. C’est le petit plus de ces petits westerns de série B où des cowboys aux ceinturons ciselés croisent des automobiles dans des décors incroyables.
La mise en place de l’intrigue est plutôt bien fichue. Tom Tyler achète un tableau et un ranch aux enchères sans trop comprendre pourquoi. En fait, il l’achète parce qu’il s’aperçoit que la demoiselle blonde est très intéressée par le tableau, et lui il est sans doute intéressé par la demoiselle. Mais la demoiselle est intéressée par le tableau parce qu’il appartenait à son grand-père et qu’elle s’est rendu compte que trois hommes louches étaient aussi très intéressés par le tableau. Et les trois hommes louches sont très intéressés par le tableau parce qu’il renferme un plan qui mène au trésor du vieux grand-père décédé. Et pour dissuader les curieux de trop chercher le trésor, les types louches ont inventé une histoire de fantôme qui galope à cheval, la nuit autour du ranch.
Tom Tyler prend possession des lieux et se retrouve donc confronté aux manigances habituelles des séries B : manipulations, espions, traquenards. En gros, comme d’habitude il est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Tout ça ne fait pas très western me direz-vous. Mais pour s’en sortir, il va utiliser des subterfuges ad hoc : cavalcades, coups de poing, coups de feu, plongeon de dix mètres avec cheval, piège à base de corde tendue pour faire tomber ses poursuivants. La routine. Le sidekick (Sammy Cohen) est très particulier, avec son physique de Henri Salvador jeune, ses talents de pickpocket et de joueur de piano. La blonde est une femme indépendante qui refuse de faire la cuisine. A la fin, on ne sait pas trop si c’est Tyler qui get the girl ou la fille qui get the boy, au milieu de ces étranges amas rocheux.
La bande son est effroyable, l’équipe n’avait tout simplement pas les moyens : certains combats à main nues sont quasi muets : la fille crie mais on ne l’entend pas, à la place il y a un brouhaha de foule. Pareil lorsque l’un des méchants est suspendu dans le vide par Tyler qui veut le faire parler (la routine) : la même prise son est utilisée trois fois de suite avec un volume croissant. A la limite ça renforce le coté surnaturel de l’entreprise, on finit par s’attacher à ces bidules tournés à la va-vite, sans nuance, sans talent, mais avec sérieux et application malgré la pauvreté des moyens.
Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/
lundi 26 janvier 2009
Aces and eights
Sam Newfield
1936
Avec : Tim McCoy
Tim McCoy n’était pas un autre singing cowboy. Il était un vrai cowboy dans l’esprit, juste né quelques décennies trop tard. Parti dans l’ouest après avoir vu un show, il devint un expert en chevaux et lassos et devint fluent en langue indienne. Il s’enrôla pour la première guerre mondiale et devint colonel, mais démissionna pour retourner dans l’ouest et devenir Agent Indien territorial. Il entra à Hollywood en tant qu’expert technique, puis parvint à se faire embaucher comme acteur et devint une star. Le genre de mec qui ne peut que plaire à Flingobis.
Ce cursus plus grand que la vie explique son jeu intériorisé. Dans Aces and eights, il est presque un bloc fantomatique, une force en action que rien n’intéresse, ni la femme, ni l’argent (ou presque).
Aces and eights est intéressant à plus d’un titre : Tim McCoy est en effet un joueur de cartes, bien habillé, raffiné et jamais armé. Il est poursuivi par la justice, sa réputation le précède, il n’est pas le héros pur et dur des séries B, et à part une blague de temps en temps avec son sidekick (Jimmy Aubrey sans intérêt), rien ne semble pouvoir l’émouvoir. Bien sûr, il n’a pas l’air très net en dehors, mais il est bon en dedans, il protège les gentils des méchants, il déteste les tricheurs (il a cette belle phrase envers un tricheur : « You’re a disgrace to our dishonnorable profession ») et à la fin, il décide de ne plus jouer aux cartes. Ses armes sont ses poings, ou plutôt la force extrême de ses poignets qui lui permettent de désarmer ses adversaires. Au final, on ne sait pas trop s’il get the girl ou pas, peut-être, peut-être pas, ça entretient le mystère du personnage.
Le film reste un western de série B tout de même : intrigues, cavalcades, bastons, et surtout cette introduction présentant d’abord un topo sur la conquête de l’ouest (la Grande Histoire), puis un résumé de la fameuse ‘main de la mort’ (les deux as et les deux huit que tenait Wild Bill Hickcock avant de mourir, soit l’Histoire dans la Grande Histoire), puis le début de la petite histoire qui est ainsi relié à la Grande Histoire : notre héros Tim McCoy qui gagne une partie grâce au même jeu.
Mais Aces and Eights se démarque par son personnage principal, et par le thème du poker (la pré-confrontation finale est en effet une partie de poker). Le film manque du coup un peu de rythme, et le manque de moyens est flagrant, tant au niveau des paysages que de la bande sonore du bruit de fond des saloons qui est une boucle qui se répète toutes les 5 secondes, et qui est la même de saloon en saloon. Néanmoins, même fauché, Aces and Eights fait honneur au genre et permet de passer un bon moment en compagnie de cette génération disparue qui opéra le passage de témoin entre l’ouest, le vrai, et l’ouest du Western.
Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/
1936
Avec : Tim McCoy
Tim McCoy n’était pas un autre singing cowboy. Il était un vrai cowboy dans l’esprit, juste né quelques décennies trop tard. Parti dans l’ouest après avoir vu un show, il devint un expert en chevaux et lassos et devint fluent en langue indienne. Il s’enrôla pour la première guerre mondiale et devint colonel, mais démissionna pour retourner dans l’ouest et devenir Agent Indien territorial. Il entra à Hollywood en tant qu’expert technique, puis parvint à se faire embaucher comme acteur et devint une star. Le genre de mec qui ne peut que plaire à Flingobis.
Ce cursus plus grand que la vie explique son jeu intériorisé. Dans Aces and eights, il est presque un bloc fantomatique, une force en action que rien n’intéresse, ni la femme, ni l’argent (ou presque).
Aces and eights est intéressant à plus d’un titre : Tim McCoy est en effet un joueur de cartes, bien habillé, raffiné et jamais armé. Il est poursuivi par la justice, sa réputation le précède, il n’est pas le héros pur et dur des séries B, et à part une blague de temps en temps avec son sidekick (Jimmy Aubrey sans intérêt), rien ne semble pouvoir l’émouvoir. Bien sûr, il n’a pas l’air très net en dehors, mais il est bon en dedans, il protège les gentils des méchants, il déteste les tricheurs (il a cette belle phrase envers un tricheur : « You’re a disgrace to our dishonnorable profession ») et à la fin, il décide de ne plus jouer aux cartes. Ses armes sont ses poings, ou plutôt la force extrême de ses poignets qui lui permettent de désarmer ses adversaires. Au final, on ne sait pas trop s’il get the girl ou pas, peut-être, peut-être pas, ça entretient le mystère du personnage.
Le film reste un western de série B tout de même : intrigues, cavalcades, bastons, et surtout cette introduction présentant d’abord un topo sur la conquête de l’ouest (la Grande Histoire), puis un résumé de la fameuse ‘main de la mort’ (les deux as et les deux huit que tenait Wild Bill Hickcock avant de mourir, soit l’Histoire dans la Grande Histoire), puis le début de la petite histoire qui est ainsi relié à la Grande Histoire : notre héros Tim McCoy qui gagne une partie grâce au même jeu.
Mais Aces and Eights se démarque par son personnage principal, et par le thème du poker (la pré-confrontation finale est en effet une partie de poker). Le film manque du coup un peu de rythme, et le manque de moyens est flagrant, tant au niveau des paysages que de la bande sonore du bruit de fond des saloons qui est une boucle qui se répète toutes les 5 secondes, et qui est la même de saloon en saloon. Néanmoins, même fauché, Aces and Eights fait honneur au genre et permet de passer un bon moment en compagnie de cette génération disparue qui opéra le passage de témoin entre l’ouest, le vrai, et l’ouest du Western.
Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/
dimanche 25 janvier 2009
Take me back to Oklahoma
1940 Albert Herman
Avec: Tex Ritter, Bob Wills, Slim Andrews, Robert McKenzie
Tex Ritter était un autre singing cowboy, pas aussi connu que Gene Autry, mais qui fit quand même une cinquantaine de westerns de série B, sapé comme un dimanche, en poussant la chansonnette. Il est connu pour avoir chanté la chanson Do not forsake me du film High Noon (Le train sifflera trois fois). Dans Take Me back to Oklahoma, il aide une jeune femme contre une bande de bandits prêts à tout pour la déposséder de sa ligne de diligence. Ce qui nous donne droit à la fin à une belle course de diligences, avec combats à main nue sur le toit et roue qui se pète en mille morceaux. Tex finit la course sur trois roues, mais il gagne. A la fin, il ne se tape pas the girl, même pas en suggéré, vu qu’elle était promise à un de ses potes, et que les amis, c’est sacré.
Avant la course, il y a des machinations, des traquenards, des méchants méchants et des gentils gentils. Tout est simple, limpide et sans accroc. La seule exception : le personnage de Mule Bates (Olin Francis), un méchant devenu ami avec Tex, un méchant sur la voie de la rédemption donc, ni tout noir ni tout blanc, et qui aidera Tex à s’en sortir. Un dialogue est à peu près réussi, Tex explique à Mule que son fils est élevé par sa propre mère comme son propre fils, et qu’il lui a raconté que son père était mort en défendant un train, et non pas en le braquant. Mule le remercie pour ça, pendant trente secondes on se croirait dans un vrai bon film !
Le sidekick comique est joué par Slim Andrews sans talent particulier : chutes lamentables, dégaine lamentable, aucun charisme. Le running gag : à chaque fois qu’il est un peu secoué par les évènements, il dit que tout va très bien, puis il s’évanouit.
Coté musique, on est servi. Tex Ritter a une voix grave qui tranche avec sa carrure, disons, pas très Dukienne. Il est la vedette, mais il s’efface largement devant Bob Wills, une star fondatrice de la Country Music, qui chante avec son groupe, les Texas Playboys, sur le toit d’une diligence, chapeau blanc au vent, belle voix bien accordée malgré les cahots de la route. Aucun des numbers chantés ne laisse de souvenir particulier, à part à la rigueur You Are My Sunshine qui exprime la douleur de Tex qui voudrait se taper the girl, mais qui ne peut pas car elle est pour quelqu’un d’autre. Doh !
Le film date de 1940, et voir ces petites séries B permet, par comparaison, de savourer le génie intemporel de John Ford et de sa Chevauchée fantastique qui date de la même époque.
Où le voir: là, en VO sans sous-titres: http://www.publicdomainflicks.com/0213-take-me-back-to-oklahoma/
samedi 24 janvier 2009
Ride ranger ride
1936
Joseph Kane
Avec: Gene Autry, Smiley Burnette
Gene Autry fut le premier des cowboys chantants. Il eut un succès considérable dans les années 30 et 40, non seulement en tant qu’acteur (93 films environ), mais aussi en tant que musicien (il a vendu environ 100 millions de disques au cours de sa carrière avec plus d’une douzaine de disques d’or et de platine). Dans ses westerns, il jouait sous son propre nom, il personnalisait la droiture, le courage, le patriotisme etc., et son succès fut tel qu’il dut écrire un code du cowboy pour montrer le droit chemin à tous ceux qui voulaient devenir comme lui. Il chevauchait toujours son fidèle cheval Champion, et était en général accompagné du sidekick comique Smiley Burnette, lui aussi musicien au succès considérable.
Les bases étant posées, on peut regarder ce Ride Ranger Ride avec l’œil curieux d’un p’tit frenchie des années 2000 sans trop se poser de questions sur le bien fondé d’une telle entreprise : qu’y comprendre, qu’en dire d’intelligent ? Rien sans doute, mais allons-y quand même. Gene Autry arrive dans un fort avec ses hommes, tous d’anciens Texas Rangers. Le commandant du fort est un doux rêveur utopiste qui voudrait signer un traité de paix avec les indiens. Le fol enfant ! Ne sait-il donc pas que les indiens sont fourbes ? Gene Autry et son scout Rufe Jones (Max Terhune) font tout ce qu’ils peuvent pour éclairer la lanterne de ce pacifiste illuminé, en déjouant le coup du miroir des indiens comme signal d’attaque (« si un indien a un miroir, ce n’est pas pour s’admirer dedans ») et en mettant en garde les tuniques bleues à l’aide de phrases toutes faites de Rufe Jones (« faites votre signe de paix d’une main et gardez un fusil dans l’autre », « si vous voyez des indiens, méfiez vous, si vous n’en voyez pas, méfiez vous davantage ! », « Je ne tire que quand je vois des indiens colonel, c’est pour ça que je suis en bonne santé » et la plus surréaliste à notre époque « there ain’t no such thing [as a good indian] »), mais rien n’y fait, Autry est expulsé du fort avec ses hommes sans avoir pu dénicher le traître qui y officie. Mais il reviendra, en tant que Texas Ranger, après être passé par la case prison, pour prêter main forte aux tuniques bleues perdues dans leur délire idéaliste et rétablir enfin la paix dans la région (les indiens ayant tous été exterminés, ouf).
Je faisais remarquer quelque part que les westerns où les indiens sont traités comme de la racaille à karcheriser sont finalement plus rares qu’on ne le pense, et bien en voilà un où non seulement ils sont tout juste bons à créer des problèmes, mais en plus ils sont patauds, à peine menaçants et s’expriment en langage des signes primaire. On a beau se dire que c’était dans l’air du temps, qu’on ne peut pas juger ce film avec notre regard du XXIe siècle, la pilule a quand même du mal à passer.
A part ça, Gene Autry chante deux chansons avec les Tennessee Rumblers. La première (Ride, ranger ride) est un hymne glorieux pas terrible, mais comme il est répété trois fois, il vous rentre dans la tête. La deuxième (On the Sunset Trail) est une ritournelle assez plaisante pour séduire la femme. A la fin, Gene ne se gêne pas (ha ha) pour get the girl, mais c’est suggéré. Max Terhune lui, fait des bruitages, des tours de cartes et fait éternuer tout le monde à chaque fois qu’il se met un peu de poudre dans le nez (running gag). Quant à Smiley Burnette, il passe les 55 minutes du film à se faire courser par un indien qui veut le scalper. On ne dirait pas comme ça, mais c’est aussi un running gag assez incroyable. Le pauvre type risque son scalp, et tout le monde se marre, et on est censé se marrer aussi. Lors d’une course de chevaux au début du film, le soldat du fort qui commente la course du haut de sa tourelle commente même les deux courses en parallèle : la vraie avec Gene Autry qui participe à la course, et la fausse, « drôle », de l’indien qui veut prendre le scalp du pauvre Smiley. C’était le petit plus « délire non sensique » de ce film, par ailleurs servi par des moyens assez conséquents (la bataille finale avec les chariots) mais finalement sans grand intérêt.
Où le voir: en VO sans sous-titres: http://www.oldcinemovies.fr/ride_ranger_ride__1936__525.htm
jeudi 22 janvier 2009
Winds of the Wasteland
1936 Mack V. Wright
Avec: John Wayne, Lane Chandler.
Finalement, je fais mentir immédiatement mon précédent post, ayant passé une petite heure à regarder ce petit western de série B avec John Wayne. John Wayne joue John Blair, un employé du Pony Express mis au chômage avec son pote Smoky (Lane Chandler) par l’arrivée du télégraphe. Ensemble, ils vont monter une ligne de diligence, et découvrir bien vite qu’ils se sont fait rouler, la ville à desservir étant quasiment une ville fantôme. Avec un tel résumé, on pourrait s’attendre à un film social, avec une intrigue teintée par les grands problèmes liés à la crise des années 30. Mais bien sûr il n’en n’est rien.
John Wayne, fringant et beau est l’incarnation même du rêve américain, jamais à terre, toujours prêt à rebondir pour exploiter les aléas de la vie à son avantage. Il retourne les situations, se fait les bons amis au bon moment, parvient à monter sa ligne de diligence, fait arriver le télégraphe jusqu’à la petite ville fantôme qui voit sa population revenir. Winds of the Wasteland n’est donc pas non plus un film précurseur des westerns crépusculaires, Blair n’ayant aucun ressentiment envers le fil qui chante qui l’a mis au chômage et ne se lamentant pas sur l’ouest qui disparaît. Vive le progrès, vive le lobbying.
Ni meilleur ni moins bon que les deux ou trois westerns de ‘John Wayne maigre’ que j’ai pu voir, Winds of the Wasteland manque tout de même de ces scènes improbables qui font le sel du genre : la course John Wayne/bandits/automobile de Rainbow Valley, la scène d’exposition dans l’hôtel de Panique à Yucca City, la course automobile/John Wayne/ draisine du Texan Chanceux. Il y a bien ici une course de diligence avec John Wayne qui saute de cheval en cheval et qui préfigure La chevauchée fantastique, mais rien de vraiment extraordinaire. Par contre, l’acteur John Wayne est déjà assez fascinant. Dès le premier plan où il apparaît, il se met en retrait, et pourtant on ne voit que lui. Pas encore une star, mais déjà une présence. A la fin il se tape the girl, mais c’est suggéré.
Lane Chandler était un acteur qui faillit devenir une star au temps du muet, mais qui dut se cantonner aux seconds rôles par la suite. Le moins que l’on puisse dire est que sa prestation ici n’a rien d’inoubliable. On retiendra plus les gags associés à la moufette qui a élu domicile à l’intérieur de la diligence. Cette bestiole est une sorte de putois à la puissance dix, capable d’émettre un jet puant qui vous colle à la peau pour une à deux semaines. La bébête inspire une terreur assez incroyable aux protagonistes (Duke y compris), terreur difficile à comprendre pour nous autres européens qui ne connaissons pas les désagréments de la faune nord-américaine.
Où le voir : ici par exemple : http://www.oldcinemovies.fr
mercredi 21 janvier 2009
A mes lecteurs
Mon lecteur DVD est en panne.
Alors que je faisais avance rapide sur le dernier concert Live de The Police, l'image s'est irrémédiablement figée, plus aucune commande de répondait, Sting grimaçant pour l'éternité sur mon téléviseur. Houston, we got a problem.
Décidant que ce n'était pas non plus une image que je souhaitais conserver en tant que cadre numérique, j'arrachai le cordon d'alimentation de mon lecteur Philips avant de le rebrancher.
Depuis, j'ai bien le son, mais plus d'image. J'ai réinitialisé l'engin, je lui ai téléchargé un firmware dans sa face, mais rien n'y fait. Plus d'image.
Le son seul, pour le DVD de Police, c'est dommage mais ça peut encore être raisonnablement jugé suffisant. Par contre pour les westerns, je risque de rater pas mal de choses.
Et ça fait déjà une bonne semaine que je ne m'occupe pas du problème, et je découvre que je ne suis pas pressé de remplacer l'objet. Vous avez donc compris la teneur du message: plus de critiques westerns avant un certain temps.
Alors que je faisais avance rapide sur le dernier concert Live de The Police, l'image s'est irrémédiablement figée, plus aucune commande de répondait, Sting grimaçant pour l'éternité sur mon téléviseur. Houston, we got a problem.
Décidant que ce n'était pas non plus une image que je souhaitais conserver en tant que cadre numérique, j'arrachai le cordon d'alimentation de mon lecteur Philips avant de le rebrancher.
Depuis, j'ai bien le son, mais plus d'image. J'ai réinitialisé l'engin, je lui ai téléchargé un firmware dans sa face, mais rien n'y fait. Plus d'image.
Le son seul, pour le DVD de Police, c'est dommage mais ça peut encore être raisonnablement jugé suffisant. Par contre pour les westerns, je risque de rater pas mal de choses.
Et ça fait déjà une bonne semaine que je ne m'occupe pas du problème, et je découvre que je ne suis pas pressé de remplacer l'objet. Vous avez donc compris la teneur du message: plus de critiques westerns avant un certain temps.
lundi 5 janvier 2009
Trois enterrements
Los Tres entierros de Melquiades Estrada
2005
Tommy Lee Jones
Avec: Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cedillo, Dwight Yoakam
Planque-toi, encore une critique courte...
2005
Tommy Lee Jones
Avec: Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cedillo, Dwight Yoakam
Planque-toi, encore une critique courte...
Blam! Pour s'être senti visé alors qu'il se paluchait dans la riante nature Texane, le garde frontière Mike Norton réplique un peu sèchement et tue un innocent mexicain sans papier. Comme c'est un Mexicain entré illégalement sur le territoire, tout le monde devrait s'en branler cordialement. Tout le monde?
Allons-y et débitons les lieux communs de rigueur, et je vous préviens, je n'irai pas beaucoup plus loin: oui ça ressemble un peu à du Peckinpah, oui le Texas est bien un pays de tarés (d'ailleurs, les frères Coen confirment à nouveau), oui le film est superbe, oui les petits détails macabres comme les fourmis ou l'antigel sont réjouissants, et oui c'est bien une production Besson, oui on ressent la chaleur alors que le film a été tourné en décembre. Ce film est à voir en version originale, parce que la VO est un mélange d'anglais et d'espagnol laissé en espagnol dans le texte, alors que la VF uniformise le tout. Ce film est à voir sur un grand écran parce que les paysages sont magnifiques. Ce film est à voir les yeux écarquillés parce que les acteurs sont tous exceptionnels. Et les actrices aussi! Et les chevaux itou. Parce qu'il y a des chevaux, aux Etats-Unis, pays du 4x4 et du quadrillage routier, il est encore en 2005 plus simple parfois pour aller d'un point A à un point B de monter un cheval. Ce film est très bon et ne nous fait regretter qu'une chose: ne pas être soit même Texan pour comprendre, pour ressentir, pour reconnaître le chanteur country Dwight Yoakam (responsable du recommandable West of Hell), pour reconnaître le musicos Levon Helm, pour ressentir l'attachement de Tommy Lee Jones à sa terre et à feu son ami, pour comprendre la complexité du problème de cette frontière Mexicaine dont nous ne pouvons avoir en France qu'une vue caricaturale. Tommy Lee Jones aime tous ces personnages et pardonne. Parcours initiatique, oui, mais leçon de morale consensuelle, non point. Voir ce film après une crise de foie gras, c'est presque une révélation, tout en gardant intact le plaisir sans cesse renouvelé des codes et des archétypes, des paumés et des flics qui pètent plus haut que leur cul, du cynisme et de la bonté qui peuvent vivre de concert au sein de la même personne. Et en plus la musique est belle et la fin très poétique.
Bon à voir quoi, merde, ça ne vous sied pas?
Capture: dvdrama
Allons-y et débitons les lieux communs de rigueur, et je vous préviens, je n'irai pas beaucoup plus loin: oui ça ressemble un peu à du Peckinpah, oui le Texas est bien un pays de tarés (d'ailleurs, les frères Coen confirment à nouveau), oui le film est superbe, oui les petits détails macabres comme les fourmis ou l'antigel sont réjouissants, et oui c'est bien une production Besson, oui on ressent la chaleur alors que le film a été tourné en décembre. Ce film est à voir en version originale, parce que la VO est un mélange d'anglais et d'espagnol laissé en espagnol dans le texte, alors que la VF uniformise le tout. Ce film est à voir sur un grand écran parce que les paysages sont magnifiques. Ce film est à voir les yeux écarquillés parce que les acteurs sont tous exceptionnels. Et les actrices aussi! Et les chevaux itou. Parce qu'il y a des chevaux, aux Etats-Unis, pays du 4x4 et du quadrillage routier, il est encore en 2005 plus simple parfois pour aller d'un point A à un point B de monter un cheval. Ce film est très bon et ne nous fait regretter qu'une chose: ne pas être soit même Texan pour comprendre, pour ressentir, pour reconnaître le chanteur country Dwight Yoakam (responsable du recommandable West of Hell), pour reconnaître le musicos Levon Helm, pour ressentir l'attachement de Tommy Lee Jones à sa terre et à feu son ami, pour comprendre la complexité du problème de cette frontière Mexicaine dont nous ne pouvons avoir en France qu'une vue caricaturale. Tommy Lee Jones aime tous ces personnages et pardonne. Parcours initiatique, oui, mais leçon de morale consensuelle, non point. Voir ce film après une crise de foie gras, c'est presque une révélation, tout en gardant intact le plaisir sans cesse renouvelé des codes et des archétypes, des paumés et des flics qui pètent plus haut que leur cul, du cynisme et de la bonté qui peuvent vivre de concert au sein de la même personne. Et en plus la musique est belle et la fin très poétique.
Bon à voir quoi, merde, ça ne vous sied pas?
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