1972
Philip Kaufman
Avec: Cliff Robertson, Robert Duvall
Devisant aux chiottes avec un accent de péquenot, les cheveux rares ramenés sur le devant du front, le Jesse James de Philip Kaufman, joué par Robert Duvall est un semi cinglé bègue qui ahane des visions piquées à son complice Cole Younger. Frank James est de la même étoffe (des zéros) et Cole Younger (Cliff Robertson), le seul à être un peu au dessus du lot, en a marre de passer à côté de la gloire.
Voilà le portrait qui se veut totalement irrespectueux et sans doute aussi plus réaliste de cette fameuse légende de l'ouest. Exit le romantisme, exit la grandeur d'âme, James s'apparente plus à un terroriste guérillero qui vient foutre le bordel en territoire ennemi dix ans après la fin de la guerre. La démarche peut énerver, mais au moins, c'est marrant, et puis quand les armes parlent, Kaufman n'hésite pas à faire ressortir le caractère légendaire de ces gars là, en en rajoutant de belles et bonnes couches dans l'exagération de leur habileté aux armes et de leur résistance aux balles (Cole, criblé de balles, qui se maintient néanmoins debout devant la foule extatique).
Comme tous les westerns de cette époque, l'on cherche également à se distinguer avec une imagerie qui tranche avec les us et coutumes du genre, par exemple ce tracteur à vapeur que l'on retrouve également dans un film de la même année (John McCabe) ou cette partie de baseball qui se termine par un coup de carabine en plein vol. Bref, on veut à tout prix se détacher des glorieux aînés des années cinquante. Brion n'aime pas, et une fois de plus il se trouve à sec pour présenter le film (j'espère qu'il n'est pas payé pour ça). Pourtant, le tout reste maîtrisé, iconoclaste et divertissant, et cela fait plaisir de voir les américains capables de traiter leurs légendes sous tous les angles.
Cependant, vu juste après le très bon Les Charognards et le plus ambitieux Soldat Bleu de la même époque, The Great Northfield Minnesota Raid déçoit, laisse comme un goût d'inachevé, échoue à dépasser la simple mise en image politiquement incorrecte du mythe. OK c'est différent, OK c'est maîtrisé, mais il manque le petit supplément d'âme pour que l'on s'attache malgré tout aux personnages. Le plus touchant étant finalement Luke Askew, avec sa lèvre explosée, qui passe sont temps à la cacher au monde sous un foulard ou une fausse moustache, même devant ses copains, même pour manger.
Mais de tout cela, Flingobis en parle mieux que moi: http://westerncivilization.hautetfort.com/archive/2009/08/25/d8d223d7cb6bbddec0a1ea2a5c2124b0.html
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