Blueberry
J’aurais donc attendu un bon moment avant de me procurer ce film et de découvrir enfin cette œuvre démesurément décriée ou encensée, mais qui aimerait bien devenir culte. Examinons donc les principaux griefs régulièrement entendus à l’encontre de ce faux western :
1) C’est pas très malin d’avoir appelé ça Blueberry.
Certes, les fans de la BD doivent être déçus. L’univers de Blueberry est à peine évoqué de ci de là. Pourtant on retrouve deux composantes principales qui font que le film est fidèle non pas au Blueberry de Jean-Michel Charlier, mais plutôt au Blueberry que Moebius aurait peut-être voulu faire, à savoir l’aspect chamanique, qui n’est pas étranger à l’œuvre de Moebius, et surtout le caractère d’anti-héros du personnage, qui rate tout ce qu’il entreprend, tout en étant très courageux. Dans les derniers Blueberry que Moebius a écrit seul, cet aspect du personnage a été nettement intensifié, ce qui fait que le personnage du film n’en n’est pas si éloigné. Maintenant, que répondre à ceux qui rêvaient d’une vraie adaptation de la BD ? Espérer un Blueberry 2 par Christophe Gans avec du Kung Fu dedans ? Bah…
2) Si je veux un économiseur d’écran, j’allume mon PC
Remarque un brin méchante, les effets spéciaux du film rappellent effectivement certains motifs que l’on peut retrouver dans les économiseurs d’écran. Néanmoins, ces effets spéciaux qui ont rebuté tant de monde ne durent, au final qu’une dizaine de minutes, et si l’on se prend au jeu, ils sont parfaitement intégrés à l’histoire, le spectateur étant préparé à leur venue par de nombreuses et brèves « visions » qui parcourent tout le film. Au pire, si l’on n’est pas très réceptif au moment ou l’on visionne le film, il s’agit d’une succession d’effets numériques et de monstres assez joliment réalisés. On reste pantois devant la beauté et la luminosité des « âmes » qui accompagnent les personnages. Le pari qui consistait à essayer de nous faire partager la réalité d’une expérience chamanique est sans doute raté, mais cet essai peu concluant ne réussit pas à couler complètement le film.
3) C’est trop lent, c’est même pas un western
La lenteur est ce qui m’a le plus plu dans le film. L’histoire est rythmée tout en étant lente. A quoi bon faire un western si c’est pour répéter tout ce qui a été fait en mieux il y a 40 ans. Ce qui m’aurait vraiment déçu justement, c’est de voir un western spaghetti modernisé, avec un Blueberry plongeant au ralenti derrière le bar avec deux révolver à la main, dans un déluge de feux et d’explosions. Ici, les rares coups de feu sont tirés hors champ, Blueberry se fait assommer de façon stupide et le duel final a lieu sans armes, en position couchée. Kounen nous gratifie de deux explosions tout de même, une pour l’affiche, et l’autre pour la bande annonce. Mais on sent bien que le propos n’est pas là, et s’il y a bien un intérêt à ce film, c’est de ne pas être une transposition de Doberman dans l’Ouest. Blueberry est un film qui mérite d’être revu sans haine et sans passion, sans pour autant essayer d’en faire un film culte. Malgré certains clichés, malgré certains effets trop appuyés, le film est réellement attachant, peut-être aussi parce que tous les personnages sont réussis. Blueberry en looser pathétique et déchiré entre deux ou trois identités, Wally Blount en méchant très sombre mais qui recèle un dernier fond d’humanité, Prosit en chercheur d’or, traître et opportuniste, et même le vieillard sur sa chaise, joué par Ernest Borgnine, que l’on a plaisir à voir encore acteur. Seul le personnage de Juliette Lewis, peine à convaincre, démontrant une fois de plus qu’il est difficile de réussir un personnage de femme au sein d’un western, même d’un faux western. Blueberry est donc une œuvre bâtarde, un peu trop appuyée dans certains tics de réalisation, mais assez courageuse dans sa volonté de prendre le contre-pied de tout ce à quoi l’on s’attendait. Et finalement, on se surprend à penser qu’il manque à ce film encore un peu plus d’audace pour être complètement réussi. Il aurait sans doute mieux valu s’affranchir complètement du nom de Blueberry, bannir totalement les conventions liées aux films d’action, oser un film encore plus personnel et mélancolique.
Le DVD:Même les plus grands détracteurs de ce film le reconnaissent : les images sont magnifiques, belles et propres, même quand il s’agit de montrer la crasse. Chaque goutte d’eau est étincelante, chaque plan de paysage est digne d’être montré au Kinemax, les cheveux de Vincent Cassel se détachent un à un dans les décors d’Almeria. Au point que l’on aimerait parfois un peu moins de soin, un peu plus de spontanéité, quelques plans foirés, une lumière un peu merdique, histoire de semer le doute et de se rapprocher du réel.
C’est aussi un reproche d’ordre général que l’on pourrait faire à la bande sonore de la plupart des films d’aujourd’hui : pas un son qui ne résonne parfaitement comme les douilles qui tombent par terre dans Matrix, pas un mouvement de tête ou de caméra sans bruitage associé. Le procédé devient lassant, et là aussi, on aimerait parfois que les sons se mélangent et se fondent pour que la lecture soit moins immédiatement accessible. Comme dans la vraie vie quoi…
A part ça, excellent commentaire audio de Jan Kounen, pour peu que vous ayez un tant soit peu apprécié le film. Sinon, ça n’est même pas la peine de commencer à l’écouter. Le réalisateur prend le soin d’expliquer longuement son film, sans donner trop d’anecdotes sur le tournage. Le commentaire audio de Vincent Cassel est complémentaire de celui de Jan Kounen, car lui s’attarde plus sur les petits détails du film, comment faire ressortir ses cicatrices avec du papier toilette, ou faire croire qu’on est dans 5 mètres d’eau alors qu’en réalité la profondeur ne dépasse pas 20 cm, ce genre de choses…L’introduction du film n’apporte rien, sinon un avertissement pour ceux qui, naïvement, s’attendraient soit à un western, soit à un Blueberry.
C’est aussi un reproche d’ordre général que l’on pourrait faire à la bande sonore de la plupart des films d’aujourd’hui : pas un son qui ne résonne parfaitement comme les douilles qui tombent par terre dans Matrix, pas un mouvement de tête ou de caméra sans bruitage associé. Le procédé devient lassant, et là aussi, on aimerait parfois que les sons se mélangent et se fondent pour que la lecture soit moins immédiatement accessible. Comme dans la vraie vie quoi…
A part ça, excellent commentaire audio de Jan Kounen, pour peu que vous ayez un tant soit peu apprécié le film. Sinon, ça n’est même pas la peine de commencer à l’écouter. Le réalisateur prend le soin d’expliquer longuement son film, sans donner trop d’anecdotes sur le tournage. Le commentaire audio de Vincent Cassel est complémentaire de celui de Jan Kounen, car lui s’attarde plus sur les petits détails du film, comment faire ressortir ses cicatrices avec du papier toilette, ou faire croire qu’on est dans 5 mètres d’eau alors qu’en réalité la profondeur ne dépasse pas 20 cm, ce genre de choses…L’introduction du film n’apporte rien, sinon un avertissement pour ceux qui, naïvement, s’attendraient soit à un western, soit à un Blueberry.
Encore une magnifique métaphore. Le travers que tu décris entâche malheureusement beaucoup un certain cinéma "expérimental". Mais cela ne suffit pas pour moi à reléguer définitivement ce genre de films aux oubliettes, surtout quand il s'agit d'un auteur qui a déja fait ses preuves au niveau formel avec ses films antérieurs.
RépondreSupprimerPrends Proust, c'est super chiant à lire. Mais si tu persévères (contraint et forcé ;-)) tu finis par rentrer dans le jeu!