samedi 27 janvier 2007

Django & Sartana


Demofilo Fidani est-il bien le Ed Wood du western italien ? A voir…

Quel maledetto giorno d’inverno…Django e Sartana all’ultimo sangue
Demofilo Fidani
1970
Avec Fabio Testi, Hunt Powers

Sartana arrive en ville. C’est un peu un spoiler que je vous le dise d’emblée que c’est Sartana, parce que normalement, on ne l’apprend qu’à la fin du film. En même temps c’est un peu marqué dans le titre. Comme dans 90% des westerns italiens, la région est sous la coupe d’un ignoble bandit cruel. Sauf que là, ils sont deux méchants bandits, donc Sartana va avoir du fil à retordre. Heureusement arrive Django, qui se la joue super mystérieux.

Avant de parler du film en lui-même, je vais commencer par une petite digression. Si vous vous intéressez au western italien, je vous conseille le livre de Jean-François Giré Il était une fois… le western européen, qui donne une bonne synthèse du genre, est agréable à lire et surtout recense les quelques 500 westerns spaghetti tournés dans les années 60 et 70. Ce n’est pas la seule bonne référence sur le sujet, mais c’est la plus récente, donc celle que vous trouverez la plus facilement. Dans cet ouvrage, l’auteur porte une attention particulière au réalisateur de ce film, Demofilo Fidani, qui semble jouir du statut de réalisateur culte, à la manière d’un Ed Wood, tant ses films sont ratés, incohérents et grotesques. Jean-François Giré cite longuement un autre spécialiste du genre, Jean-Marie Sabatier, qui compare Demofilo Fidani à un « dadaïste qui s’ignore », ou qui résume « c’est un cinéma à la limite du Néant , dont le remplissage est la seule raison d’être. Il faut filmer n’importe quoi pourvu que cela fasse durer l’action quatre-vingts minutes. Mais le remplissage est tellement malhabile qu’on aboutit en plein irrationnel. »Avec une telle réputation, je salivais à l’avance une bonne petite soirée nanar, avec des éclats de rire à la pelle. J’avais déjà eu un aperçu de ce qui m’attendait avec Etranger fais ton signe de croix, donc je savais que je n’allais pas être déçu.

Et pourtant d’une certaine manière, je le fus ! Car le film n’est pas si mauvais que ça, et c’est ce qui le rend presque charmant. Alors oui bien sûr, il y a des trucs complètement foireux, à commencer par les premiers plans tournés dans une carrière à ciel ouvert dont on n’a même pas pris la peine de camoufler les ornières de camion. Et oui les raccords sont ratés, oui le scénario est creux, oui on s’emmerde, oui Fabio Testi a les cheveux trop longs, oui les dialogues ont été écrits un soir de cuite et oui le doublage n’arrange rien. Mais plus j’avance dans mon exploration du petit monde clos du western spaghetti, moins ce genre de détails n’entrave mon appréciation de ce qui me paraît essentiel dans un film de genre : la sincérité.
Car on sent que Demofilo Fidani fait tout ce qu’il peut pour créer une ambiance, trouver des idées et réussir quelque chose. Demofilo Fidani est mauvais, mais il essaye de faire bien, et c’est déjà beaucoup. Au fond, après avoir vu La Loi de la Violence, Le Justicier du Sud ou autres 4 Balles pour Joe, on finit par trouver que dans Django & Sartana les duels dans le vent froid avec les écharpes et les foulards ont de la gueule, que la surenchère de toiles d’araignées dans le bureau abandonné du shérif, ça fait pas si ridicule, que les dégaines des bandits mexicains avec leurs trognes et leurs armes clinquantes sont réussies, et même que, Dieu nous pardonne, le gros plan sur le pied de Sanchez lors du duel final, carrément pompé sur le pied de Ramon dans la même situation dans Pour une Poignée de Dollars, est pompé avec un minimum de talent, et que c’est déjà pas si mal (même si c’est un peu flou).
Bref, toute cette longue phrase illisible pour dire qu’il y a pire. Et que dans le monde du western spaghetti, les échelles de valeur sont tirées vers le bas la plupart du temps. Un film mauvais dans le sens strict du terme deviendra « regardable » et un film intéressant deviendra « bon ». Mais ça n’est pas nouveau et ça s’applique à tous les niveaux de cinéma « bis ». Alors Django et Sartana dans tout ça ? Nul, oui bien sûr mon bon monsieur, mais bien quand même.

Et alors Evidis, ils nous ont pondu quoi comme merde cette fois ?
Piste anglaise, italienne et française, version intégrale avec scènes manquantes dans la version française sous-titrées en français, restauration image par image au pinceau en poil de castor, format cinéma respecté compatible 16/9, interview d’époque de Hunt Powers et Fabio Testi, étude de caractères, filmographie et CV détaillé de Demofilo Fidani, documentaire « le style Fidani », commentaire audio et introduction par Jean-Pierre Dionnet, point de vue de Jan Kounen sur l’aspect «chamanique» du montage. Et tout ça pour 4.99€ !!
Nan, c’est pas vrai, vf uniquement, pas de menu, pas de bonus, qualité d’image très médiocre, transfert de copie française uniquement, quand les gars de Seven7 se décarcassent pour retrouver les versions intégrales quand elles existent! Et en plus, ils nous insultent encore sur la jaquette : « Découvrez un duel musclé et explosif !!! » Non!! Pas ça! Épargnez nous les phrases débiles, please, je suis obligé de planquer mes DVD Evidis si je veux garder mes amis et mon intégrité sociale.

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