Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
lundi 22 décembre 2008
Le Trésor du lac d'argent
1962
Harald Reinl
Un indien, un trappeur et une chasse au trésor dans l'ouest yougoslave.
Premier western européen à avoir eu du succès (même si en allemagne uniquement), bien avant Pour une poignée de dollars, ce premier Winnetou séduira les amateurs de costumes impeccables, d'aventures enfantines non violentes, d'histoires de trésor aux multiples rebondissements et de magnifiques paysages. Enregistré sur Arte en décembre 2007, il m'aura fallu un an pour le voir. Il semblerait que la VF ait été refaite, ce qui est un peu gênant par moments. L'ensemble n'a rien d'extraordinaire, mais se suit sans déplaisir, un peu comme un Giuiliano Gemma première époque, mais sans la violence spaghetienne.
samedi 20 décembre 2008
Tepepa
Tepepa
1968
Giulio Petroni
Avec Tomas Milian, Orson Welles, John Steiner.
Les révolutions passent, et l’armée en gris continue d’aboyer sur les pauvres péons. Tepepa (Tomas Milian) le voit bien, lui qui a dû rendre les armes devant cette armée honnie, alors pourtant qu’il avait gagné la révolution. Au moment précis où il allait se faire fusiller, l’européen de service (tiens un anglais cette fois (John Steiner, pas vraiment à la hauteur d’un Franco Nero ni même d’un Lou Castel, mais à la maigreur intéressante)) le tire de là au moment fatidique (« apunten armas », ou quelque chose du genre) pour mieux le descendre lui-même. C’est que le sieur Tepepa a violé sa donzelle quelques années auparavant, et que celle-ci s’en est suicidée. Vengeance oblige donc, le docteur anglais sort son Mauser pour flinguer le révolutionnaire, mais s’en trouve empêché pour cause de poursuivance gouvernementale. Petit à petit, l’anglais va apprendre à apprécier Tepepa pour le dévouement qu’il porte à sa cause et va commencer à douter de sa culpabilité.
Film politique écrit par Franco Solinas (qui a scénarisé tous les westerns étiquetés de gauche : El chuncho, Colorado, El mercenario), démonstratif au point d’en être légèrement pesant, Tepepa est un vrai western Zapata de gauche pur et dur et – semble-t-il – sans distanciation ironique autre que la conclusion. L’armée régulière massacre, mutile, exécute les révolutionnaires et brule les villages. Les propriétaires terriens fouettent et exploitent les péons, les hommes au pouvoir bafouent les idéaux de la révolution. Dépossédés de leur simple droit à un petit lopin de terre, les hommes prennent les armes et d’une manière générale, perdent. La musique d'Ennio Morricone portée par des envolées ressemblant énormément à celles de Bruno Nicolai (d’ailleurs c’est lui qui a dirigé l’ensemble) ne prend non plus aucune distance ironique et souligne parfaitement la dramatique destinée de l’entreprise révolutionnaire, sans chercher à créer un quelconque lyrisme exaltant la beauté des idéaux : on se bat parce qu’il n’y a plus le choix.
Donc, ça ne rigole pas, et l’intrigue parallèle, la petite histoire qui veut rejoindre l’Histoire, n’est pas là pour faire marrer non plus, en jouant cette fois dans la cour du tragique flamboyant. « Qu’est ce qu’une femme, comparée à la révolution ? » pourrait être la phrase résumé du film, mais c’est tout le point de vue misogyne précédant cette phrase qui révèle un Tepepa antipathique, non limité à sa dimension de héros. Chaque personnage suit donc les traits propres à sa classe : Tepepa sauve son peuple, mais il massacre et viole comme un vulgaire bandit, l’Anglais sauve des vies et suit un bel idéal héroïque personnel (très prisé à notre époque individualiste), mais bien qu’il ait une certaine admiration pour Tepepa, il méprise profondément la race inférieure du Mexique (voir la scène initiale où les péons poussent sa voiture, et la conclusion finale du gamin Paquito, qui fait écho à sa première rencontre avec l’anglais, et prouve que le film n’a pas été écrit avec les pieds). Les péons sont présentés comme une masse facilement exaltable (voir la harangue de Tepepa après le massacre du village), animé d’un bel idéal révolutionnaire, mais le péon individualisé n’hésite pas à trahir sa cause quand le besoin devient trop insupportable (José Torres, sans les mains, que l’on a toujours plaisir à voir). On pourrait donc presque dire qu’en façade le film arbore un discours prorévolutionnaire appuyé, mais que par derrière, Franco Solinas a voulu démontrer que les hommes n’échappent pas à leur caricature (le révolutionnaire est un bandit, le médecin est une élite méprisante, le péon est un lâche). Alors, sous son discours politique, le film, qui fait écho à la physiognomonie, cette pseudo-science qui prétend reconnaître la personnalité aux traits du visage, thèse naturellement réfutée par le docteur anglais, chercherait-il finalement à la remplacer par un énoncé identique qui verrait l’appartenance de classe substituée aux traits du visage? Cela semble d’autant plus plausible, que le colonel Cascorro (Orson Welles, qui bougonne, maugrée et soupire avec ses yeux à la Garfield), lui, joue le méchant de première avec application, mais avec une lucidité et un recul qui fait qu’il n’est dupe, ni de son statut, ni de l’issue de ces massacres incessants. Il est le seul qui semble assez intelligent pour ne se prêter ni à des idéaux utopistes, ni à des idéaux individualistes bornés, ni à une obéissance aveugle à un quelconque régime, mais il n’en continue pas moins à jouer son rôle, comme s’il en était prisonnier. Le petit gamin qui à la fin devient un authentique révolutionnaire, le seul vrai personnage qui échappe aux travers de sa propre caricature pour n’en conserver que l’aspect pur et positif, peut sembler contredire cette analyse purement spéculative, pourtant la scène finale, qui voit Paquito chevaucher avec ses hommes avec une image de Tepepa en surimpression fut paraît-il une source de conflit entre le réalisateur Giulio Petroni et le scénariste qui détestait la scène, car il ne l’avait pas écrite, comme si Petroni avait voulu donner une fin plus jolie, moins désespérée à son film, avec une image plus « romantique » de la révolution. Ainsi, si Tepepa semble traiter son sujet avec sérieux, on constate déjà un point de vue amer sur l’idéal révolutionnaire, qui sera développé plus tard avec ironie dans d’autres westerns Zapata tels que El Mercenario, Companeros ou Il était une fois la révolution.
Mais voilà, je vous barbe avec une analyse tarabiscotée, et vous vous demandez encore si le film vaut le coup d’être vu. Réalisé par Giulio Petroni (La mort était au rendez-vous), le film est bien sûr tourné de manière très professionnelle, sans détails foireux, avec des moyens conséquents, une très belle utilisation des paysages almeriense, des morts partout, des soldats mexicains qui virevoltent, de la dynamite en veux-tu en voilà, Tomas Milian qui joue sérieusement sans (trop) cabotiner, une musique d’Ennio Morricone qui n’est pas sa meilleure mais qui tient le coup quand même, quelques scènes incongrues bienvenues (l’anglais dans le lit de la femme du geôlier), Orson Welles qui est une incongruité à lui tout seul, des flash backs au ralenti avec une femme qui court et qui pourrait vous faire croire que c’est pompé sur les flash back d’Il était une fois la révolution, sauf qu’une fois de plus, le film lui est antérieur (au point que je commence à me demander s’il y a quoi que ce soit d’original dans Il était une fois la révolution…), bref, c’est du bon, allez-y foncez, mais attendez un peu que Wild Side nous le sorte en français, au lieu de le regarder en anglais comme je l’ai fait.
Où le voir ? Je viens de vous le dire, faut attendre encore un peu…
lundi 15 décembre 2008
Blindman
Blindman il pistolero cieco
Ferdinando Baldi
1971
Avec : Tony Anthony, Ringo Starr
Blindman est un film qui n’a peur de rien, et surtout pas du ridicule. Et pas de l’excès non plus ! Consacrer un aussi gros budget sur un scénario aussi délirant, les producteurs devaient être eux-mêmes aveugles. Pourtant, dans une certaine mesure, bien leur en a pris ! C’est l’histoire d’un pistolero aveugle, qui se ballade sur son cheval d’aveugle avec une Winchester à baïonnette en guise de canne blanche. Il a un contrat pour retrouver un convoi de 50 femmes enlevées par un chef desperado (et son frère joué par Ringo Starr). Ledit chef desperado commande une petite armée d’hommes de main au look Mad Max parfaitement assumé. Les femmes sont destinées à un général (mexicain comme il se doit), prétexte à montrer plein de femmes nues se faisant asperger d’eau d’abord, puis plein de femmes habillées martyrisées par les officiers mexicains ensuite. Mais finalement, tout cela n’aura servi à rien puisque le chef desperado décide de massacrer tous les destinataires. De toute façon, à quoi ça sert une armée mexicaine, à part se faire décimer à la mitrailleuse? Le pistolero aveugle, pendant ce temps là, réajuste ses haillons et son chapeau plat et descend frénétiquement quatre hommes de Ringo Starr. Car il est aveugle, mais il tire juste le bougre !
Et tout ça n’est que le début ! Ici, c’est au spectateur de décider. Soit c’est un nanar grandiose, soit c’est le plus grand western de tous les temps ! Et ça peut aussi être les deux à la fois ! Le plus fort, c’est que le film fonctionne parfaitement, la mise en scène de Ferdinando Baldi est très fluide et le scénario se tient malgré tout. Tout en délivrant un portnawak grandiose. Voilà donc encore un film culte, dont tout le monde a entendu parler en termes dithyrambesques et dont l’appellation (culte Zatoichien incontrôlé) n’est pour une fois pas galvaudée. Mais encore faut-il pourtant pouvoir remettre le film à plat. Ne pas s’attendre à un film extraordinaire qui aille au-delà des extravagances précitées. Car si Tony Anthony parvient (difficilement) à émouvoir dans son rôle d’aveugle qui poursuit son but obstiné malgré son handicap, si Ringo Starr, en bad guy amoureux est un petit peu touchant, il est indéniable malgré tout que manque au film ce qui fait la force des grands films : une bonne touche d’humanité. Le devenir du pistolero aveugle ne nous affecte que de loin, on ne se sent guère concerné par sa quête (dont le pourquoi n’est d’ailleurs guère explicité), le sort des 50 femmes dans le désert ne nous touche que par sa grandiloquence démesurée, pas par la déchéance de ces femmes qui ne sont que des fantômes durant tout le film. Le massacre de l’armée mexicaine n’est que ça, un massacre d’armée mexicaine qui est bien loin des mitraillages de La Horde Sauvage ou de Il était une fois la révolution, tant les mitrailleurs comme les mitraillés ne sont que des silhouettes. On assiste donc à un délire gratuit, sans être partie prenante, sans ressentir la force picaresque des Leone, ni l’intimité subtile que Baldi avait pourtant su développer dans Le dernier des salauds, ni même la force brute et désespérée à l’œuvre dans son Texas Addios. Malgré tout, pour sa seule réussite formelle, pour son jusqu’auboutisme dans l’exploration du filon des extravagances spaghettienne, Blindman est un film à ne pas manquer, comme un point de non retour d’un cinéma de genre qui ne sait plus se réinventer, avant que Trinita ne sonne le glas. Mais veillez à être dans de bonnes conditions d’humeur et d’entourage (ie, pas avec votre grand-mère…), sinon vous allez rater votre rendez vous avec Blindman.
Où le voir : Le film existe en DVD à l’étranger en anglais/ allemand et/ou italien sous-titré en italien et/ou anglais, un truc comme ça. Plus accessible pour les frenchies italo-anglo-germano-agnostiques, Blindman a été diffusé sur CineClassic en VF (je crois), donc des âmes charitables (i.e. not me) pourraient bien l’avoir enregistré sur DVD-R. Mais surtout, Blindman est prévu pour bientôt (d’ici dix ans en tout cas) chez Wild Side, avec Tepepa, Far West Story, O’Cangaceiro et Navajo Joe. Que du bon, donc, en espérant que Wild Side soit à la hauteur de leur précédent travail sur Django, El Chuncho, Keoma et Quatre de l’apocalypse.
Capture: Shobary
samedi 13 décembre 2008
4 de l'apocalypse
I Quattro dell'apocalisse
1975
Lucio Fulci
Avec Fabio Testi, Tomas Milian
1975, le western italien se meurt, Lucio Fulci sort 4 de l’apocalypse, une des dernières tentatives sérieuses du genre après les ravages des farces Trinita. Dernière tentative du genre, voire! Honni de tous, détesté par de nombreux amateurs du spagh comme par ses détracteurs, 4 de l’apocalypse se situe bien dans le continuum spatio-temporel du genre, mais s’apparente plus à un road movie vers l’horreur, un bad trip au peyotl plutôt qu’aux fayots, une odyssée satanique plutôt qu’à une tragique vengeance familio-winchesterienne. Rien de commun en effet entre ce film là et Le temps du massacre du même Fulci. De héros ténébreux subissant le supplice des justes avant d’irradier sa vengeance (divine) nous n’en verrons point. A la place : la lie de la société, un dingue noir, un benêt alcoolique, une pute angélique enceinte, un joueur de cartes fauché. Et Chato, l’antéchrist, le mal absolu, reniflant l’air et maugréant ployé sur sa selle, tortionnaire à ses heures, massacreur de mormons et violeur de ses dames, avec sa winchester rutilante, sa coupe hippie, son bandana et ses tatouages énigmatiques (pour rappeler Charles Manson paraît-il). Tomas Milian n’en fait pas trop, son cachet sans doute exorbitant fait qu’il disparaît une bonne demi-heure du film (affirmation gratuite sans l’once d’une vérification) pour réapparaître vers la fin, face à un Fabio Testi qui peu à peu commence à se transformer en archétype du pistolero spaghetti : vareuse noire, gestes assurés, gueule impassible, les germes du tueur sont là, comme si avec ce film Lucio Fulci avait voulu montrer la genèse de nos héros favoris, comment un type normal, bon fond bon teint, au contact de la violence continuelle de la société primitive se retranche en lui-même, durcit son cœur et tue pour se défendre ou pour se venger. Les compagnons d’infortune disparaissent tous en route, la mélancolie noire désespérée, sombre, glauque, sale, dramatique, morbide, obscure, ténébreuse, voilée, morose, taciturne, triste, voire morne, amère, pessimiste, sinistre, funèbre, tragique, funeste, angoissante, inquiétante est soulignée par une musique pop plaisante (d’un groupe nommé Cook and Benjamin Franklin Group (?)) qui achève de démarquer le film du genre. Les paysages typiques du genre sont là pourtant, mais pour une fois, pas de trésor, pas de vengeance qui se mange froide, pas de trahisons entre amis/ennemis, pas de beaux duels langoureux. Après le pogrom puritain initial, les coups de feu se comptent sur les doigts de la main. Les blessures sont mortelles, et on crève à petit feu. Le joueur de carte et la prostituée se retrouvent dans un village de mineur, et là l'enfant naît, et on a droit à une très longue séquence où les mineurs sont tout sourires et tous mielleux comme dans un mauvais Walt Disney. Ainsi Fulci montre les deux facettes de l'homme : la violence la plus atroce envers les êtres, et l'attendrissement le plus niais devant la vie qui commence. Mais ce qui est le plus frappant dans cette histoire, c'est cette lenteur qui épouse le cheminement des protagonistes. Ce n’est pas tant un manque de rythme qu’un rythme particulier, propre au film, qui pourra rebuter les amateurs de western, tous comme les quelques scènes chocs pourront rebuter les gens intelligents conscients de se faire manipuler. Un cinéma audacieux mais complaisant, 4 de l’apocalypse est en effet surtout connu pour quelques scènes gores gratuites qui bien qu’ayant largement mal vieilli, n’en demeurent pas moins gratuites. C’est tout le paradoxe du cinéma de cette époque : audacieux et sans complaisance, mais complaisant à force d’être audacieux, et parfois même, manquant d’audace dans la complaisance. Les scènes de torture, l’anthropophagie, le viol sec et froid sont donc à mettre en arrière plan et à considérer de l’œil complice de celui à qui on ne la fait pas : « hé, on sait que tu avais besoin de mettre quelques scènes comme ça pour qu’on parle de ton film, regardons donc ce qu’il y a derrière ! ».
A vous de voir, moi je trouve que ça vaut le coup de jeter un œil derrière le rideau de la provocation...
Où le voir: DVD Wild Side des années 2002, trouvable facilement, film complet et joliment restauré, en français, en anglais ou en italien (boudiou que les éditeurs étaient généreux à l'époque) avec livret explicatif de JF Giré. Que ce temps semble loin...
dimanche 30 novembre 2008
[HW] - Mesrine: l'ennemi public numéro 1
Il y a 2000 ans environ, un juif un peu trop bavard mourrait dans d'atroces souffrances. Il était loin de se douter que son martyr donnerait lieu à une religion majeure. Et encore moins que son supplice donnerait lieu à une imagerie exploitée ad nauseam, y compris pour l'affiche d'un film sur un malfrat de la deuxième moitié du 20e siècle...
samedi 29 novembre 2008
Le nouveau monde
The new world
Terence Malick
2006
Avec : Colin Farrell, Q’orianka Kilcher, Christian Bale
Cela commence avec une musique hollywoodienne typique particulièrement détestable (on me dit en commentaires qu'il s'agit de Wagner, donc j'ai l'air con... ), puis la bande son laisse heureusement la place aux oiseaux, au vent, aux arbres, à cette multitude enchanteresse offerte par la virginité des terres inexplorées. La variété est estomaquante, entre hautes herbes et marais, entre grands arbres et cours d’eau miroirs d’un ciel sans cesse renouvelé. Le capitaine John Smith (Colin Farrell, fragile comme toujours) patauge un peu avant de se faire chahuter un brin par les bons sauvages de Rousseau. Puis il s’adapte un temps chez eux, partage leur vie douce et simple et se promène avec une belle indienne (Q’orianka Kilcher). Avec elle, il marche dans les roseaux, avec elle il regarde le tonnerre au loin, avec elle il s’enlace front à front dans la nature. Le temps s’arrête, les acteurs, Colin Farrell en tête, semblent hors du film, et John Smith ne fait rien à part apprendre l’anglais par la méthode globale à la belle indigène.
Les indiens voudraient voir les anglais partir et Pocahontas, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, est leur porte d’entrée dans l’ancien monde. Quand il devient évident que les anglais mettent en péril leur schéma de développement durable, c’est la guerre. Mais là aussi, la guerre n’est qu’un sale moment à passer, confus, entrecoupé de trêves silencieuses et d’oiseaux qui volent. John Smith fait la guerre en spectateur, comme s’il n’était pas concerné. On ne sait pas pourquoi les indiens ne finissent pas le boulot, à la place ils vendent Pocahontas contre un pot de chambre. Les promenades champêtres peuvent reprendre sous le soleil qui perce les feuillages. Mais John Smith doit partir…
Poème visuel plus qu’histoire contée, Le nouveau monde est extrêmement chiant, mais dans le bon sens du terme. Si l’on accepte de se laisser porter, le charme opère, le temps s’arrête, la vie décrite par Terence Malick devient une vie rêvée où les évènements n’impactent ni votre humeur, ni votre rythme, ni vos sentiments. Les images belles comme un Turner racontent le film sans recourir aux artifices narratifs habituels et le découpage hisse le spectateur au niveau supérieur : vous ne suivez pas l’intrigue, on ne cherche pas à vous immerger de force à grand coup de chocs émotifs. Au contraire, le but est de vous sortir du film, de vous donner à le ressentir plus qu’à le subir. Le procédé des voix offs devient en cela presque contre productif tant l’astuce est éculée face à la distance prise par le réalisateur envers son sujet. Les dialogues sont rares, mais bien écrits et non verbeux, le respect des colons anglais envers la princesse indienne transcende le manichéisme habituel indiens= bons et blancs = méchants, et le film devient une sorte de fable que l’on regarde avec 400 ans de distance, sans prendre parti, en se laissant bercer par la beauté des images et des voix, par la dignité surréaliste des personnages et leur surhumanité. Pas aussi bien que L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, mais à voir quand même sans hésitation si vous avez de l'affection pour ce dernier !
mercredi 26 novembre 2008
Le nouveau Giré est sorti.
Il est là, il existe, il est beau, il est indispensable... mais je ne l'ai pas acheté.
En effet le sieur Breccio donne un avis rapide sur les différences entre l'ancienne édition et la nouvelle: ici.
Ces différences ne me semblent pas justifier pour le moment le rachat du livre quand on a déjà la première édition, sauf bien sûr si on ressent le besoin irrésistible de le faire (ce qui risque bien de m'arriver un jour).
Mais si vous n'avez pas la première édition et que vous vous intéressez au western européen, l'achat de Il était une fois... le western européen par Jean-François Giré est tout bonnement indispensable. Pour rappel, le livre en question est une véritable bible de 590 pages, présentant analyses sur le genre par thèmes, rappel du contexte politique économique et social en Italie année par année, et surtout la liste quasi-complète des six cent westerns européens, avec fiches exhaustives, iconographie très riche, et critiques pour les plus intéressants d'entre eux, sans oublier un segment spécial pour les trois Sergio du genre: Sergio Leone, Sergio Corbucci et Sergio Sollima.
Tous les autres livres sur le sujet étant beaucoup plus anciens et tout aussi difficiles à trouver, Il était une fois le western Européen est rapidement devenu une légende, le livre que tout fan se doit d'avoir. Malgré quelques réserves que l'on peut apporter sur certaines critiques de l'auteur (une certaine tendance à la paraphrase qui parfois gâche les seules bonnes idées d'un film, peut-être parfois un peu de complaisance avec certains réalisateurs, des résumés de films inutiles quand on voudrait avoir un avis, même concis, sur le film), Il était une fois le Western Européen est un livre indispensable dans lequel on se perd des heures et des heures avec plaisir. Une somme de travail considérable étalée sur des années et des années par un passionné qui était là à la grande époque et qui peut donc en parler en connaissance de cause.
71.25€ à la fnac en prix vert. J'avais acheté la première édition environ 69€ en 2002, donc la hausse est assez minime. Le livre peut paraître un peu cher, mais quand on aime le genre, c'est un livre que l'on lit, que l'on consulte, que l'on relit, que l'on reconsulte jusqu'à ce qu'on le connaisse par coeur! La première édition ayant été épuisée rapidement, je vous conseille de ne pas trop attendre avant de l'acheter.
dimanche 23 novembre 2008
[HW] - Mesrine, l'instinct de mort
vendredi 21 novembre 2008
Django tire le premier
Django spara per primo
1966
Albert de Martino
Avec : Glenn Saxson, Fernando Sancho, Lee Burton
Un chasseur de prime vogue dans le désert d’Almeria avec un cadavre sur un cheval. Pas de chance, il tombe sur Django, qui n’est autre que le fils du cadavre. Django voit rouge comme Trinita et abat le chasseur de prime. Puis il touche la prime offerte pour la mort de son père.
Cette introduction totalement amorale comme seul peut nous l’offrir le western spaghetti est un peu à l’image du scénario de ce film : les salauds sont salauds, les bons sont un peu salauds aussi. L’intrigue, loin d’être de type vengeance/dramaturgie œdipienne, raconte l’histoire d’un homme décidé à saisir la chance de sa vie, malgré sa nonchalance apparente, et en dépit de procédés discutables. Django est naturellement invincible (une balle dans la jambe ne le fait boiter que quelques heures, une nuit de sommeil et il n’y paraît plus) que ce soit au poing, au pistolet ou au couteau. Cherchant à récupérer une part d’héritage qui lui revient, il se frottera forcément avec la bourgeoisie corrompue du patelin qui est censé lui appartenir à 50%, tombera dans le piège savamment tendu quand il devient clair que la force ne suffit pas contre lui, se prend une ou deux révélations au passage et rencontre un bout de femme joli (Evelyn Stewart) mais particulièrement cupide et calculateur. Épaulé par un Fernando Sancho qui non seulement ne joue pas un bandit mexicain, mais qui en outre ne pousse pas ses légendaires éclats de rire, Django n’a au fond qu’un objectif : s’enrichir sur le dos des méchants quitte à tromper la justice. C’est le western spaghetti : aucun bon sentiment, l’héroïsme n’est pas de mise et seuls l’insignifiant shérif et le dandy et sa canne pique pique ouille ont une certaine moralité à peu près politiquement correcte.
Alors le tout se suit sans déplaisir d’autant que l’intrigue réserve quelques surprises (dont une à la dernière minute) tout en sortant des habituels sentiers boueux du western italien, et que certains cadrages ne manquent pas d'inventivité. Le gros problème c’est Django lui-même. Glenn Saxon, très légèrement empâté, n’est absolument pas fait pour le rôle. Son colt qui lui descend au niveau des genoux lui donne l’air pataud et ses fripes maronnasses délavées lui ôtent tout le magnétisme troublant qu’aurait du requérir le rôle. Un peu comme si Brendan Fraser jouait James Bond. Cette faute de goût n’est pas loin de faire totalement sombrer ce film par ailleurs assez mineur par son budget et son ambition. Reste la musique de Bruno Nicolai qui ne reste pas dans les mémoires mais qui sait reproduire l’ambiance et l’atmosphère attendue.
Où le voir : en VOD sur CanalPlay. La VOD est-elle l’avenir de l’homo bissus legalus? Peut-être bien dans la mesure où cela nous épargne des jaquettes hideuses pleines de fautes d'orthographe et de photos sans rapport avec l’intrigue du film. La qualité n'est ni pire ni meilleure que les DVD studio canal récents et le film est présenté en version italienne sous-titrée et au format. Il est toujours étrange de regarder un western en langue italienne, mais c’est toujours mieux qu’un Poker d’As pour Django à la VF désastreuse. Donc, pour 3€99 vous obtenez pour 48 heures peu ou prou la même qualité de service que les DVD de la même boîte. Quand il s’agit d’un film que vous n’allez pas regarder tous les ans et que vous n’êtes pas atteints de collectionnite grave, c’est tout à fait convenable.
PS: George Eastman fait une de ses premières apparitions dans un spagh, à la fin du film.
samedi 15 novembre 2008
Le temps du massacre
Le colt cantarono la morte et fu… tempo di massacro
1966
Lucio Fulci
Avec : Franco Nero, George Hilton
Un péon est lâché dans la nature pour être immédiatement poursuivi par une horde de chiens et de gueules patibulaires. Normal, c’est un péon, corri uomo corri, et comme dans la vraie vie, le faible se fait bouffer dans une curée extatique. Les esprits chagrins se demanderont ce que fait un péon mexicain dans une nature verdoyante aussi typiquement italienne. Les esprits contemporains remarqueront que décidément, ces chiens sont bien longs à rattraper le type. Les esprits comme il faut dénigreront une scène à la cruauté purement gratuite, sans même une pseudo-excuse de continuité narrative. Cette mort ne sera en effet sans conséquence aucune dans la suite des évènements. Les esprits spaghetti au contraire, apprécieront qu’il n’y ait pas de héros pour sauver le malheureux, car dans le western spaghetti, l’expression de la violence passe d’abord par une cruauté démesurée de la part des méchants.
Ensuite, les racines du mal œdipien se mettent en place tranquillement sous une musique pas encore tout à fait débarrassée des tics du western américain. L’imagerie elle, est parfaitement raccord : ville délabrée, figurant qui mène un cochon, vils salopards qui jouent aux dés et Tom Corbett (Franco Nero) dans sa vareuse noire au beau milieu d’une rue qui se vide de ses habitants. Le méchant à gueule d’homo refoulé (Nino Castelnuovo) se trouve de nouvelles victimes et le massacre peut commencer. Ville terrorisée, familles désespérées, poids des non-dits et de la peur, Tom Corbett reste plus ou moins passif le plus longtemps possible, le temps d’abord de retrouver son frère devenu alcoolique (George Hilton) et de parler à Carradine qui passe à l’as illico ainsi que sa famille. Hoo bien sûr, on le met en garde Corbett, il va arriver un malheur, regarde, il y a Aysanoa Runachagua qui nous surveille du haut de la colline, ça, c’est forcément des ennuis en perspective, et puis le méchant joue du clavecin ou de l’orgue, attention !!
Malheureusement, les frères Corbett ne sont pas de simples péons, ni des petits paysans, on ne peut pas les donner simplement à bouffer aux chiens : intimidations, passage à tabac, alcool sur les plaies, séquences de fouet traumatisante, meurtre de la vieille nourrice, il faut ce qu’il faut pour décider nos deux lascars à enfin se bouger et nous décimer tout ça dans les règles, révélations familiales dans l’estomac !
Film clé dans la période sombre du western spaghetti, Le temps du massacre se démarque de certains de ses cousins tels Texas Addios par un ton extrêmement sec et inhumain dû à la personnalité sans concession du réalisateur Lucio Fulci. Il n’échappe pas non plus au ridicule de certaines situations (l’adresse irréaliste du frère de Scott alors qu’il est sous l’emprise de l’alcool, certaines pirouettes du combat final), ni au sentiment rétrospectif de déjà vu après que bon nombre de westerns (et pas toujours des moindres : Le dernier des salauds, Johnny Hamlet, Keoma, Mannaja) exploreront la même trame scénaristique désormais éculée. Malgré tout, Le temps du massacre est un western particulièrement réussi, avec une interprétation sans faille de l’ensemble des habitués du genre (y compris George Hilton, qui donne à son personnage un certain recul bienvenu) et un premier degré dramaturgique assumé propre à faire frissonner les plus blasés d’entre nous ! Ainsi lorsque Franco Nero annonce « Je reviendrai ! », ainsi, lorsque George Hilton se décide enfin à empoigner sa winchester, ainsi lorsqu’il devient clair que le massacre devient la seule voie de sortie, l’esprit du western spaghetti bat son plein. A la fin tout le monde est mort ou presque – comme il se doit – mais au moins, les non-dits et les secrets se sont exprimés de la façon la plus spectaculaire qui soit.
Le DVD Studio Canal : service minimum, image non restaurée, VF seulement, jaquette hideuse : le marché du DVD perd ses parts de marché et s’enterre lui-même. Si on est heureux de posséder un DVD Neo Publishing réalisé avec soin, quel gain avons-nous à acheter ces DVD mal foutus ? On en serait presque à préconiser le téléchargement dans des cas comme celui-ci. Mais c’est marqué au début du DVD : c’est interdit !!!
lundi 10 novembre 2008
No country for old men
No country for old menEthan Coen, Joel Coen
2007
Avec: Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin
C’est la crise. Le mieux est de trouver une valise pleine de dollars quelque part sachant que c’est forcément une belle connerie de vouloir la garder.
Les grands paysages, la violence hallucinante, la maestria de la mise en scène, que faut-il retenir exactement de No country for old men ? Difficile à dire. Par le seul biais d’une fin non conventionnelle, ou plutôt d’une absence de fin comme il est souvent d’usage dès qu’un film se veut « anti-hollywoodien », le film tente de nous faire croire « qu’il y a autre chose derrière » le carnage. Autre chose qu’un champ de cadavres à la pose savamment étudiée avec le bzz des mouches dans l’oreille. Autre chose qu’un putain de molosse qui vous poursuit même dans l’eau et dont un coup de calibre ne parvient pas à arrêter l’élan. Autre chose qu’un anti-héros moustachu épatant (Josh Brolin) qui décide de faire une connerie sachant qu’il va y rester mais qui survit plus longtemps que prévu. Autre chose que des pick up vrombissant tous feux allumés dans les étendues. Autre chose qu’un psychopathe (Javier Bardem) à air comprimé, implacable, à la coupe de cheveux hideuse et qui vit selon une logique inhumaine.
Mais en fait il n’y a rien d’autre.
Le shérif Tommy Lee Jones a beau être dépassé par les évènements et raconter ses rêves, certains dialogues ont beau sonner comme du pur frères Coen, la fin a beau être aussi ouverte que la fracture du tueur, l’humour des situations et l’absurdité du propos ont beau désamorcer une grande partie de la violence, les personnages ont beau faire absolument n’importe quoi comme dans tous les Coen, c’est bien tout simplement un excellent film d’action qui se déroule sous vos yeux. Un nom de dieu de film d’action qui serait débarrassé des tics hollywoodiens tout en puisant ses archétypes dans un vivier inépuisable du film américain, de Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia à Extrême Préjudice pour l’ambiance Texaco-mexicaine poisseuse aux films ultra-violents des années 90 tels Tueurs Nés (tiens bonjour Woody Harrelson) ou Pulp Fiction pour la modernité du montage et des dialogues. Sans oublier même pourquoi pas Massacre à la tronçonneuse qui apporta lui aussi en son temps sa pierre à cet étrange représentation surchauffée du Texas en repère de psychopathes dangereux à la crasse étudiée. Et on peut bien creuser, décortiquer, disséquer, c’est bien l’adrénaline alliée à cet étrange humour qui fait fonctionner le truc, c’est bien les meurtres, les poursuites, les planques, le bip bip de l’émetteur qui nous tiennent en haleine et qui nous font sursauter. Et bien sûr la faune, les laissés pour compte qui vivent dans leurs mobil homes, le vieux flic qui n’en revient pas de la mode des piercings, l’autre qui fait son café une fois par semaine, la chaleur, la poussière et l'espagnol des mexicanos qui émaille les dialogues. Il n’y a rien d’autre à comprendre que le plaisir ressenti à suivre le film et d'être surpris au milieu de cet univers pourtant ultra-codifié. Et c’est chouette comme ça. Le western est bel et bien mort, mais sa descendance semble bien se porter. Adios ayer.
mercredi 29 octobre 2008
Poker d’As pour Django
Le due facce del dollaro
1967
Roberto Bianchi Montero
Avec : Monty Greenwood, Jacques Herlin, Gabriella Giorgelli, Gérard Herter
C’est la crise. Le mieux est donc de voler de l’or dans un fort quelconque et de s’entretuer ensuite.
Une petite pause western au milieu de ma pause polar, ça fait du bien. Desservi tant par des éléments extérieurs au film (un doublage français – seul disponible sur le DVD Studio Canal – proprement exécrable, une image non restaurée de qualité déplorable : sautes, décolorations, flashs, tout y passe) que propres au film lui-même (un budget affreusement riquiqui bien que bien mis en valeur, des acteurs peu connus), Poker d’As pour Django se rachète par son scénario classique de casse qui prend son temps pour assembler ses étapes clés vers l’accession au graal ultime du western spaghetti : l’or. Le réalisateur prend bien soin d’aligner des scènes a priori incompréhensibles (le faux fou qui dépose de la terre à la banque, le pistolero qui dézingue du bandido à tout va), tout en essayant le plus possible d’inscrire son film dans une authenticité westernienne factice mais bienvenue : les références aux armes (le pistolero Django qui achète son revolver, le faux colonel Blackgrave et son Colt Navy) sans doute risibles pour les spécialistes mais transparentes pour nous autres béotiens, les références géographiques (Boston, Tucson, la mention du « sud de fainéants » qui ici est probablement plus à comprendre par rapport à la géographie italienne qu’américaine), quelques indices latents de lutte des classes (l’aristocrate Blackgrave qui se comporte en gentleman avec le colonel qu'il va tuer et qui refuse de porter l’or) permettent d’enrichir le cadre pendant qu’on attend la réussite du casse. On apprécie également une certaine nouveauté dans certaines scènes à faire : si le pistolero déguisé en moine ne surprend personne, Blackgrave qui monte tranquillement son révolver face à ses cibles avant de tirer est un petit délice inattendu. Une fois l’or dévalisé, bien sûr, la bande se déchire, les coups de théâtre improbables vont bon train, et l’attention retombe nettement tant tout cela est beaucoup plus convenu. Le destin de l’or et de tous ces idiots qui lui courent après nous laisse totalement indifférent, et le massacre en nocturne ne nous réveille même pas. Le duel final magnifiquement ampoulé, par contre, entre Blackgrave et le pistolero (Django en VF, mais en VI ?) y parvient mieux et la fin abrupte genre tout a foiré, je pisse le sang et l’armée approche a le mérite de nous éviter un coup de théâtre abracadabrant de plus (j’ai bien crû qu’on allait découvrir que Blackgrave était en fait un vrai militaire chargé de récupérer l’or qu’il venait de voler :)). La musique, plaisante sans être toutefois inoubliable, rehausse d’un poil ce petit western sympathique mais terriblement mineur et surtout totalement massacré par la VF et le DVD studio Canal!
Bud Spencer contre...
Je me rends compte que je n'avais jamais récupéré ces strips de mon ancien blog Dvdrama (cliquer sur chaque strip si vous ne parvenez pas à déchiffrer).
C'est nul, mais ça me permet de faire un 200e article à peu de frais, youpi.
Toujours pas de critiques westerns à venir, je viens de commander deux autres polars Millianesques et un tout petit giallo de rien du tout avec un soupçon de Morricone.
lundi 27 octobre 2008
Pas hardi Pallardy!
D'autres pornos softs de J.M. Pallardy sont disponibles sur le site pour les complétistes, dont Règlements de femmes à O.Q. Corral, ce deuxième pseudo-western que j'avais essayé de voir parce qu'il est censé être sombre et sérieux.
Et bien j'ai changé d'avis en voyant ça dans la bande annonce sur le site:
dimanche 26 octobre 2008
Rue de la violence
Milano trema : la polizia vuole giustiza
Sergio Martino
1973
Avec : Luc Merenda, Richard Conte
Un petit Dirty Harry local infiltre la pègre pour venger son supérieur, qu’il aimait bien malgré que contrairement à lui, celui-ci était du genre à respecter la loi. Ce qu’il va découvrir au cours de son enquête n’est pas piqué des hannetons.
Le début comblera les amateurs : la musique est en effet signée des frères De Angelis, déjà responsables (coupables selon certains) de l’inimitable musique de Keoma. Des bandits s’évadent d’un train, ils ont des trognes de dogues et ils suent comme du jambon au mois d’août. On reconnaît Antonio Casale (photo à gauche) le sudiste au bandeau dans la diligence dans Le bon la brute et le truand, l’un des chasseurs de prime du Grand Duel, on est donc en terrain connu d’autant que ça canarde de partout, des pères de famille y passent, et leur progéniture itou quand elle ne veut pas cesser de brailler. Houu, c’est vicieux, c’est sale, ça grince, ça pue la mort. L’Italie des années de plomb ne respirait décidemment pas la joie de vivre. Après cette intro pour le moins crispante, le film prend un drôle de tour, plutôt ennuyant, il faut dire que Sergio Martino (réalisateur de Mannaja) prend son temps pour montrer l’infiltration lente et poisseuse du flic dans le milieu. On devrait être sans doute être ravi de voir un flic se comporter en crapule, en mac, en braqueur, mais ça ne fonctionne guère, la faute sans doute à un Luc Merenda pas mauvais mais au jeu assez insignifiant, voire ingrat. Puis après une ou deux courses poursuite bien faites mais qui font mal aux oreilles à cause des sirènes incessantes, l’intrigue prend un nouveau tour assez passionnant, genre politique dévoyée de voyous, coup d’état en devenir, corruption à tous les étages, tournicoti, tournicota. Le Dirty Harry milanais découvre que certains ont l’ambition de mettre en application ses méthodes à grande échelle, sans prendre de gants. Va-t-il rejoindre cet ordre facho-crapulo-secret, notre Luc Merenda national ? Si comme moi vous pensez que c’est sauvagement pompé sur Magnum Force (le deuxième opus réconciliateur des Dirty Harry) et bien comme moi vous vous trompez, Milano Trema étant sorti le 22 août 1973 en Italie et Magnum Force le 25 décembre 1973 aux Etats Unis. Pour le coup, ce coté un peu sombre et le caractère légèrement énigmatique du héros rachètent le film et viennent récompenser notre patience : le film est beaucoup plus "premier degré" que les autres films policiers de la collection "Italie à main armée" de Neo Publishing, et se prend assez au sérieux, comme pourra le faire par exemple I comme Icare de Verneuil quelques années plus tard. En tout cas, on ne regrette pas d’avoir suivi ce film jusqu’au bout, même si on s’ennuie un peu au milieu de certaines scènes réchauffées !
mercredi 22 octobre 2008
[HW] - Brève
Comme je ne veux décevoir aucun de mes (cent) lecteurs, je vais donc répondre à cette question oedipienne.
Comment déraciner un Yucca
Matériel: gants de jardin, colt frontier chargé
Pour déraciner un yucca, il suffit de le prendre fermement environ à mi-hauteur, de caler le pot avec ses pieds, et de tirer comme un bourrin.
Si des mygales adultes sortent du tronc ou du pot, les aligner soigneusement au six-coups.
C'est fait!
mardi 21 octobre 2008
J’ai le droit de vivre
1937
Fritz Lang
Avec: Henry Fonda, Sylvia Sydney
Toujours poignée dans le coin dans mon abstinence westernienne (purement conjoncturelle), voici un autre film de Fritz Lang (2e film de sa période américaine (il faudra que je me décide à visionner (lors d’une prochaine abstinence) ses chef-d’œuvres teutons)) tout à fait regardable malgré ses 70 ans bien tassés (dieu que cela ne nous rajeunit pas) et son noir et blanc bien noir et blanc (qui en douterait ?). Ce noir et blanc est, ici, magnifique, avec ses contrastes nocturnes dans le brouillard (et l’ombre) et sa pluie battante. Avec son score à la limite de l’inaudible tant il est vieillot et (salement) pompier, et son humour des premières séquences plutôt impénétrable (ayant (semble-t-il) mal traversé les âges ?!), on augure mal du reste. Pourtant, une fois cela passé, on a l’histoire du taulard (Henry Fonda, très (trop) beau et réussissant à être tour à tour calme (voire impassible) puis énervé brièvement (avec rage contenue ad-hoc dans le regard (bleu, malgré le (splendide) noir et blanc (mais je ne voudrais pas me répéter)) puis à nouveau calme, performance que l’on reverra (à l’identique) dans Les raisins de la colère) qui voudrait bien se réinsérer, s’intégrer, être un brave petit gars bien, mais que la société rejette injustement, et qui finira par entraîner avec lui la femme qui l’aime (Sylvia Sydney, beaucoup plus présente que Fonda) dans sa dérive Bonnie and Clydesque (voire Frank Jamesienne étant donné le réalisateur et l’acteur principal (mais Le retour de Frank James existe-t-il en DVD ? (je n’en ai vu trace)) avec un cursed et un doomed proprement fataliste. Ne tournons pas autour du pot (ce melting pot malgré tout bien absent de ce film-ci ?!). La progression dramatique (sans circonvolutions inutilement (et stérilement) spectaculaires) rend le film très captivant, avec une évasion audacieuse et une fin mélodramatique parfaite (quoique… mélodramatique regretteront les esprits chagrins). Le thème du film, bien que très naïf, résonne à toutes les époques, y compris la notre où l’on croit plus simple de surcharger les prisons plutôt que de réfléchir vraiment à la réinsertion (pardonnez-moi ce gros mot de gauche). Et pourtant, bien que l’on donnerait à Henry Fonda le bon Dieu sans confession (sauf au regard de ses prestations ultérieures (Leonienne bien sûr, mais aussi Fordienne et Dymitrikienne)), il ne faut pas oublier l’adage : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » mais surtout « Qui aime bien chatie outrageusement bien ! » ;-)
samedi 18 octobre 2008
L’exécuteur vous salue bien
1977
Stelvio Massi
Avec : Tomas Milian, Luc Merenda
On reprend Tomas Milian et sa perruque afro, et c’est reparti ! Monnezza s’est plus ou moins rangé en ouvrant un restaurant, mais Rome ne s’est pas arrangé : six flics tués en un mois. Eteignez les lumières, carrez vous dans votre vieux canapé, mettez le film en version italienne, et laissez vous bercer. La musique Lalo-Morriconienne est la même que dans Le Clan des Pourris, quand elle s’arrête, ce n’est pas grave, la musicalité de la langue italienne prend le relais. Pour un peu, on aurait envie de couper les sous-titres. Tant pis si on ne comprend pas l’intrigue, le mystère s’épaissit par la beauté de cette langue chantante et on se laisse enivrer par les séquences d’action qui s’enchaînent sans répit : une prise d’otage, des morts que l’on entoure de craie, une course poursuite nocturne et une baston à la queue de billard, un braquage qui tourne très mal et un flic qui saute de bus en bus, le même flic menotté qui se bat à coups de pieds pour défendre sa belle en train de se faire tentativedevioliser… pour faire simple, ça carbure sec.
Règlements de comptes
1953
Fritz Lang
Avec : Glenn Ford, Gloria Grahame, Carolyn Jones, Lee Marvin
En attendant que le western nous reprenne comme la grippe, continuons donc dans le polar, mais américain cette fois, avec ses caïds, ses flics incorruptibles et ses femmes fatales. Dans celui-ci, on retrouve Glenn Ford et Lee Marvin, deux habitués du western, tous les deux absolument impeccables. Certains thèmes universels du western, qui sont des thèmes universels du cinoche américain se retrouvent là : le sens de la justice, la vengeance, la famille. D’autres sont plus spécifiquement des poncifs du polar : le flic seul contre sa hiérarchie et qui jette son insigne, le long imperméable gris, le bouge au vil barman… On est surpris du sort réservé aux femmes dans ce film : l’une est torturée et étranglée, une autre meurt dans une voiture piégée, une troisième se fait défigurer au café bouillant, une quatrième se fait descendre par la troisième. C’est peut-être la vraie signification de femme fatale ? Et Glenn Ford dans tout ça, obstiné et déterminé, sûr de son droit. Un genre passé de mode mais qu'on aime voir et revoir. C’est pas parce que ça a 60 ans et que c’est en noir et blanc que ça ne vaut pas la peine d’être vu !
dimanche 12 octobre 2008
[HW] - The Murdock Papers
Bendis – Maleev
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu du Daredevil. Peut-être n’aurais-je pas dû. On est à la fois ravi de se retrouver en terrain connu, et déçu de voir que si peu de choses changent : toujours Fisk, toujours Ulrich, toujours Foggy, toujours Elektra, toujours la veuve noire, toujours Bullseye, toujours les mêmes, qui se font tuer et qui ressuscitent sans arrêt. Bon il y a bien quelques nouvelles dont on ne connaît pas le background, mais c’est assez limité. L’histoire est la suivante : le Caïd peut prouver que Murdock est Daredevil : il veut vendre la preuve au FBI contre sa liberté. Outre le fait qu’on imagine mal le FBI accepter ce genre de deal, on se dit immédiatement : « mais une minute, le coup de l’identité secrète de Daredevil connue du Caïd, on n’a pas déjà eu ça avec Born Again de Frank Miller ? ». Alors on se repasse la sacro sainte continuité dans sa tête, sachant qu’il y a plein de trous à combler, et on se dit que l’on a du rater plein de trucs. Ce 13e et dernier volume de la saga Bendis Maleev s’ouvre d’ailleurs sur une image d’Ulrich se remémorant s’être fait embrocher par Elektra dans un cinéma. Là aussi c’est le hic. D’abord, on est d’accord, acheter le dernier tome du run de Bendis sans avoir lu les précédents est sans doute une grosse connerie. Mais du coup, on ne sait pas si ledit embrochage est une réminiscence du même run ou une réminiscence antérieure dans la putain de sacro-sainte continuité. Et surtout, cet embrochage en rappelle un autre, à l’époque où Frank Miller débutait sur le titre, épisode où Elektra embrochait quelqu’un dans un cinéma de la même façon, avec, déjà, Ben Ulrich sur le siège d’à coté. Bref, il semblerait que 20 ans après, on en revienne toujours à Miller, et comme l’a dit Frank Miller pour rigoler, mais sans doute pas tant que ça, lors de la remise d’un Eisner award à Bendis: « Tu sais que ce prix est à moi n’est-ce pas ? ».
Pourtant, quand on lit ce Murdock Papers et qu’on le compare au Daredevil de 1982 de Miller, on se rend compte que bien du chemin a été parcouru, tant narrativement que du point de vue des thèmes abordés. Coté graphique également, les planches de Maleev sont de véritables compositions graphiques extrêmement travaillées qui constituent un véritable tour de force quand on connaît le rythme de parution effréné des Comics. Bendis humanise ses personnages à fond et les présente presque comme des types normaux qui de temps en temps mettent un costume. Alors d’accord, il y a quand même des bastons avec Daredevil, Elektra et Bullseye qui cassent des fenêtres et font des sauts de 10 mètres, mais malgré ça, le coté extraordinaire des personnages est mis à part : peu ou plus d’astuces mettant en relief les incroyables sens du touché, d’odorat ou d’audition de Matt Murdock, plus d’indication que les capacités physiques d’Elektra – qui par ailleurs semble avoir perdu sa richesse en tant que personnage – sont aux limites du super pouvoir, plus de combats réellement fracassants et démesurés. Les dessins de Maleev aussi beaux soient-ils sont extrêmement statiques, les coups manquent de punch et de vitesse, je préfère nettement les combats de Miller, beaucoup mieux découpés, par exemple dans son chef d’œuvre Elektra Lives Again. On est également carrément déçu de voir le Caïd avoir perdu son immense stature, qui entrait pour beaucoup dans l’impression de terreur qu’il pouvait provoquer. En bref, je n’ai jamais été intéressé par des histoires de super-héros évoluant dans un monde de super-héros en collant verts fluo : les histoires de super-héros sont bien meilleures quand elles sont inscrites dans un registre quotidien très réaliste. Mais là, bien que leur histoire soit très plaisante à lire : Bendis et Maleev vont trop loin dans ce sens. Dommage.
dimanche 28 septembre 2008
Le clan des pourris
1976
Umberto Lenzi
Avec : Tomas Milian, Claudio Cassinelli, Claudio Undari, Henry Silva
Ça commence vraiment exactement comme un western avec diligence sur fond de Monument Valley et bagarre de saloon, mais non, il n’y a pas erreur, on est bien reparti pour une petite tangente (après Brigade Spéciale) sur le polar italien, qui semble employer avec plaisir l’une des grandes stars du western italien : Tomas Milian. On se replonge donc avec délice dans cette atmosphère de violence exacerbée, où le quotidien du citoyen Romain de la fin des années 70 semble être de se faire agresser à coup de brique dans les supermarchés ou au cinéma, de se faire voler son sac ou d’assister à des braquages de bijouteries ou de trains, à des attentats en tout genre et à des courses poursuites en pleine ville. Dans le clan des pourris, les frontières entre le bien et le mal sont habilement mêlées. Un flic déterminé et peu respectueux des lois (Claudio Cassinelli, un peu fade), repêché de Sardaigne où il avait été muté parce qu’il gênait sa hiérarchie, est envoyé en sous-marin pour faire évader Monezza – « Le Fumier » en français, joué par Tomas Milian – une raclure de première mais non dénué d’humour et d’un certain sens de l’honneur, afin de retrouver Brescianelli, (Henry Silva, importé d’Amérique) une raclure de première totalement dénué d’humour puisqu’il a kidnappé une fillette de 12 ans qui a besoin d’une dialyse régulière pour survivre. Le flic et Monezza vont faire alliance avec le Calabrais (Biagio Pelligra (photo) et sa voix cassée très particulière) et son très violent et très typé pote Mario (Claudio Undari, que l’on a connu plus sympa dans Condenados a vivir) pour remonter la piste de Brescianelli qui pour tout simplifier a changé de visage par chirurgie esthétique. On voudrait nous faire croire que la star du film, c’est Tomas Milian, on voudrait nous faire croire qu’il porte le film sur ses épaules, mais c’est faux : avec son cabotinage habituel, sa perruque afro et son temps de présence à l’écran somme toute assez réduit, le charismatique cubain n’imprime pas une marque si inoubliable que ça au film, en tout cas, pas plus que dans Brigade Spéciale. Non, le vrai plaisir vient du traitement sans concession de l’action, des péripéties et fausses pistes qui s’assemblent peu à peu, des scènes « à faire » et faite avec l’aplomb d’un premier degré qui ne craint surtout pas le ridicule. Les italiens n’ont peur de rien, et ils donnent tout : ils donnent les poursuites et les fusillades, ils donnent les planques et les infiltrations, ils donnent les passages à tabac et les prises d’otage, ils donnent les flics sûrs de leur droit et les crapules flamboyantes, le tout dans un maelström incessant où nos « héros » reviennent souvent à leur point de départ mais ne baissent jamais les bras. Les surnoms d’opérette des malfrats, de Monezza au Calabrais en passant par Cravatte ou Le Lourdingue créent une poésie à part, une langue spécifique à la musicalité rehaussée par une bande sonore pop de Bruno Canfora assez réussie. On note en particulier cette jolie séquence sans parole mais avec musique, où les protagonistes interrogent la faune Romaine, jeunes en mobylettes, employés de casses, putes, restaurateurs en leur graissant la patte pour les faire parler. Umberto Lenzi, plus connu pour ses films d’horreur, signe ici une réalisation très solide sur un scénario assez convenu mais finalement assez dense : pas de temps mort, pas de prise de tête métaphysique : l’enquête, rien que l’enquête et l’engrenage des indices qui amènent d’autres violences qui amènent d’autres indices avec en toile de fond ce sentiment d’inéluctabilité et cette progression vers des solutions de plus en plus radicales pour le flic. Cela aurait pu faire un grand film. C’est juste un bon polar extrêmement plaisant. Le scénariste Dardano Sacchetti explique en bonus qu’il avait voulu créer un décalage comique entre le flic et le personnage de Tomas Milian, une sorte de Trinita du polar, mais qu’Umberto Lenzi manquant visiblement d’humour, cet aspect du film n’a pas du tout fonctionné. Il explique également que son film était le premier « Buddy Movie » dont la trame a été reprise plus tard dans le film 48 heures de Walter Hill. On peut tout de même en douter tant l’idée du duo est finalement peu exploitée dans le film au profit du concept de « bande ». Pas tout à fait un grand film donc (et si l’on en croit Francis Moury sur Dvdrama, c’est même un film mineur dans le genre), mais qu’est ce qu’on s’éclate !
Le DVD Neo Publishing : haaaa, une petite pause bienvenue entre mes westerns Studio Canal (prochainement si j’ai le temps : Le temps du Massacre et Poker d’As pour Django) : une VF et une VI, une jaquette ‘slim’ travaillée avec un joli fourreau, des bonus loin d’être complets (on ne pourrait pas avoir l’avis de Tomas Milian himself sur ces films, pendant qu’il est vivant ?) mais très instructifs tout de même : voilà ce qu’on est en droit d’attendre boudiou !!
PS : Merci au chat de m’avoir fait gagner ce DVD. Mais où est-il passé le chat, hein ?
PPS : Je m’interroge sur la scène western du début : a-t-elle été tournée pour le film, ou est-ce un western américain ? Je penche plutôt pour un western américain, car je ne vois pas comment ils auraient pu avoir le budget pour aller tourner aux USA pour ce film alors que même en plein âge d’or du western italien ,ils tournaient en Espagne. Mais dans ce cas, lequel?
lundi 15 septembre 2008
Deadlock
1970
Roland Klick
Avec : Mario Adorf, Anthony Dawson, Marquard Bohm
Sur le Télé-Z à 0,35€, il y avait juste marqué ‘western’, comme ça, à 1h du mat sur Arte. Rien de plus, pas la moindre petite info, nada, snikt. En fait si, ça disait qu’il y a Mario Adorf, dedans, je me suis donc dis, c’est spaghetti, mais comme le Giré n’en souffle mot, j’ai dit Simone, démarre le magnétoscope, on va jeter un œil.
Et puis, le lendemain, profitant d’un moment de faiblesse de ma compagne qui était au téléphone, j’ai lancé le truc pour me faire une idée, et patatras, la première image est celle d’un homme en costard dans le désert avec une mitraillette. Mitraillette, c’est nul comme mot, ça ressemble un peu à mobylette, ça ne rend pas service à la puissance du truc et cela échoue à traduire en mots l’effet lugubre et cool à la fois de voir un film commencer par un type blessé, qui marche dans le désert avec une mitraillette et une valise.
Et – en plus de ma curiosité naturelle qui me pousse sans cesse à explorer de nouvelles choses avec l’esprit ouvert, sans a priori, en allant de l’avant, vif comme l’éclair – cette belle introduction m’a poussé à regarder plus avant ce film bien que ce ne soit pas un western et qu’une pression extérieure me rappela qu’il y avait aussi des épisodes de Desperate Housewives à regarder.
L’intrigue du film est donc contemporaine de l’année 1970 où le film a été tourné, et parvient avec une pauvreté de moyens incroyable à créer une ambiance poisseuse et suante comme on aime. Le gars blessé qui trimballe une valise remplie de billets – évidemment, quoi d’autre ? – est récupéré par un Mario Adorf moins stupide que dans Ciel de Plomb sur un camion pourri qui semble venir directement de l’époque du Salaire de la peur. Il décide de laisser crever le type dans sa baraque craquelante sans toucher à l’argent, pour garder les mains propres mais toucher l’argent sale ensuite. Dans cette zone désertique, paumée et accablée de soleil et de poussière, vivotent également deux nanas frapadingues qui se comportent comme des frapadingues. Le type ne meurt pas, et Adorf finit par le soigner, alors qu’un troisième larron (Anthony Dawson) équipé d’un Mauser à lunette (faut m’expliquer mais bon…) ramène son cache poussière dans les parages pour toucher sa part de l’argent. Les stridations minérales du groupe krautrock Can associée à de longues périodes de silence non moins strident plombe un peu plus l’ambiance. Pour un peu, le film aurait pu s’appeler Ciel de Plomb, mais Deadlock, c’est pas mal aussi dans le genre mortifère.
Comme ça, ça à l’air pas mal, mais en fait on s’emmerde quand même un peu. Le film est allemand, et par certains cotés il m’a fait penser aux films de Wim Wenders, et on va me dire que le cinéma allemand ne se résume pas à Wim Wenders, et je vais répondre que je sais, mais que moi tout ce que je connais du cinéma allemand c’est Wim Wenders et la demi-finale du mondial ’82, alors je ne dis pas ça juste parce que le film est allemand et que j’ai eu envie de comparer ça à Wim Wenders vu que c’est le seul référent que j’ai en matière de cinéma allemand (avec la demi-finale du Mondial ’82), mais bien parce que, avec ma curiosité naturelle qui me pousse sans cesse à explorer de nouvelles choses avec l’esprit ouvert, sans a priori, en allant de l’avant, vif comme l’éclair, certaines choses m’ont fait penser à Wim Wenders dans ce film, indépendamment du fait que ledit film soit allemand.
Surtout qu’en plus j’ai aussi vu Cours Lola, cours…
Donc, ce qui m’a fait penser à Wenders, c’est le fait que le film soit lent, que les motivations des personnages soient légèrement obscures, que certaines scènes loufoques ou décalées n’aient pas de fonction narrative et cette impression parfois que le réalisateur au fond s’en fout de son histoire, que ce qui lui importe c’est les rapports humains et tout ça. Moi j’ai toujours pensé qu’une bonne histoire bien solide était bien plus efficace pour rentrer dans les tréfonds de l’âme humaine que des divagations hasardeuses de caméra auteurisantes Wenderiennes ou Lynchéennes, surtout quand on a l'impression d'avoir déjà vu les mêmes procédés mille fois, mais ça c’est mon coté terre à terre qui s’exprime, et en tout cas dans Deadlock, il s’agit bien d’une impression, car à aucun moment le réalisateur ne perd complètement son intrigue de vue, et on a une vraie fin avec des morts. Ouf, j’ai failli regarder un film expérimental et chiant de plus, mais non, tout va bien, c’est juste un « vrai » film un peu curieux qu’on va classer dans ‘westerns atypiques’ pour que l’honneur demeure sauf. Allergiques au cinéma non formaté, vous pouvez donc regarder ce film sans problème, il y aura peu de dommage collatéral.
mardi 2 septembre 2008
Ciel de plomb
E per tetto un cielo di stelle
Giulio Petroni
Avec : Giuliano Gemma, Mario Adorf
Le titre français est superbe, plein de promesses de désenchantement lugubre et de violence frappée au coin de la destinée. Un titre pareil pour un western, bien-sûr, une fois qu’on l’a lu, on trouve ça évident. Mais bravo tout de même au gars qui a trouvé ça il y a quarante ans, il fallait y penser le premier ! L’intro aussi est pleine de promesse de mortalité désespérée dans un monde de lenteur extrême. Giuliano Gemma enterre en plein désert des innocents qui sont morts à sa place. La musique d’Ennio Morricone opère de son charme inimitable mais souvent imité tandis que Mario Adorf observe la scène de loin, sans rien dire. Giuliano Gemma sait que Mario Adorf l’observe et Mario Adorf sait que Giuliano Gemma le sait. Enfin, Mario Adorf se décide, prend une pelle sur sa mule, et va aider Giuliano Gemma à enterrer ses cadavres. Il pourrait lui dire un mot, il pourrait lui dire « bon sang, quel massacre, que Dieu ait pitié de leurs âmes », mais non il se tait, car il habite au pays du western spaghetti, où la violence va de soi, où les hommes communiquent par le regard, la pose et la nonchalance, où chacun sait ce qu’il a à faire sans se préoccuper d’un stupide vernis de civilisation. Quand on enterre des innocents dans le désert, on raconte pas sa vie.
Mais voilà, après cette bonne première séquence, le film part dans une toute autre direction. Le western spaghetti tragique et crépusculaire fait place à la comédie simple, non parodique et sans complexe. En soit ça n’est pas un problème, et dans la mesure où la violence reprend ses droits de façon fugace et régulière, cela aurait pu donner un film d’exception, où le rire est désamorcé quand on s’y attend le moins par le retour à la tragique réalité, rendant par là même cette violence encore plus choquante. Malheureusement ce n’est pas le cas car l’aspect comédie est raté, les gags sont lourdement appuyés et prévisibles, les dialogues sont longs, plats et répétitifs, le doublage est à peine correct et on s’ennuie poliment en attendant de sourire un peu. Le personnage de Mario Adorf est tellement stupide qu’il est impossible de l’apprécier. Giuliano Gemma lui, joue son rôle « sympa » avec son aisance habituelle mais ça ne suffit pas. La relation entre les deux ne fonctionne pas, et il n’y a pas seulement un semblant d’indice qui explique pourquoi Gemma s’attache à un type aussi idiot. Les quelques bonnes idées de scénario (le faux télégraphe, l’attraction de la sirène (décidément cette fascination du western italien pour le cirque…)) ne parviennent pas à rattraper les multiples scènes navrantes (la séduction de la veuve, l’arnaque de la banque, le ranch délabré, le truc sur les lapins, le cracheur de feu) ! Le tout n’est au demeurant pas si mauvais et reste tout à fait regardable, mais après une aussi prometteuse introduction, ça énerve grave le spectateur de bonne composition qui commençait à être bercé par la musique de Morricone et par la mortalité ambiante. La fin rattrape un peu le tout, enfin l’amitié entre Giuliano Gemma et Mario Adorf commence à être crédible, enfin Giuliano Gemma montre ses failles, enfin l’humanité des personnages transparaît. Mais c’est trop tard, on a le sentiment que le film est parti dans la mauvaise direction, malgré un réalisateur de talent (La mort était au rendez-vous, Tepepa), malgré Giuliano Gemma, malgré Ennio Morricone, et en dépit d’un titre français magnifique et d’une intro flamboyante. Tant pis, c’est toujours ça de pris !
Où le voir : DVD studio Canal. Chez Studio Canal, ils ont vraiment bien pris le pli de chez Evidis. Le résumé de la jaquette n’a en effet rien à voir avec l’intrigue ! Encore un petit effort les gars : mettez aussi des photos d’illustration qui proviennent d’un autre film et vous arriverez enfin au niveau de qualité Evidis. Par contre il faudra baisser un peu le prix aussi, sinon, on joue plus !