Des westerns partagés par un amateur, sans prétention journalistique, sans rigueur historique et sans faux col. N'utilisez pas ces articles pour votre thèse sur le western.
dimanche 9 septembre 2012
Le temps des vautours
10000 dollari per un massacro
1967
Romolo Guerrieri
Avec: Gianni Garko, Claudio Camaso
J'avais commencé à regarder ce film sur YouTube, tranquille, peinard, insensible au sort des ayants-droits, sourd aux jérémiades du petit angelot qui dansait au-dessus de ma tête en me disant: "allons Milou, qui a bu boira, tu es en train de tuer à petit feu le marché déjà moribond du DVD spagh !". Le film commençait très bien, avec un Gianni Garko qui pionce tranquillou au bord de la mer aux côtés d'un macchabée puant, un Claudio Camaso impérial, bien meilleur que dans Avec Django la mort est là, énigmatique, presque sensuel, en un mot, un méchant formidable. Et puis la caméra prenait son temps pour dévisager les trognes, pourtant impassibles et impénétrables, comme si elle essayait de percer à jour, à force de plans fixes de dix minutes, les yeux dans les yeux, les âmes noires de ces durs à cuire. A quoi tu penses gringo quand tu scrutes sans discontinuer ton adversaire ou ton innocente victime, comment ta conscience s'adapte-t-elle dans ce monde si hostile et si cruel ? La caméra pose sans cesse sa question muette mais n'obtient pour toute réponse que des déchaînements de violence. Claudio Camaso remet son flingue dans son holster sur son épaule droite, parce que sur la hanche c'est trop classique, au niveau de l'aine ça a déjà été fait, et dans le dos c'est déjà pris aussi ! Et tout ce petit jeu de marionnettes macabre baigne dans l'originale et belle musique de Nora Orlandi, la réalisation tient la route et... et...
Il était tard, déjà 9h30, il fallait que je dorme, j'ai remis la vision de la suite au lendemain. Funeste erreur, le lendemain, le compte YouTube était fermé, la vidéo supprimée, preuve que même pour des westerns oubliés, les ayant-droits veillent. Mon grand, suspends ton vol, qu'ils me disent, cours à la fnac et paye ton obole. Sauf qu'à la Fnac, point de temps des vautours, sur Amazon tampoco, il va me falloir écumer les vendeurs étrangers pour trouver ce film en DVD. Rage, désespoir, spaghettus interruptus ! Pour l'instant, je ne m'en suis pas occupé, j'ai d'autres films qui m'attendent sur YouTube, et d'autres en DVD.
Capture: El Puro sur Western Maniac
samedi 25 août 2012
Django, prépare ton cercueil!
1968
Prepara tri la barra
Ferdinando Baldi
Avec: Terence Hill, Horst Frank, George Eastman, José Torres
J'aime bien George Eastman, il est grand, il est classe, bien sapé, et il y a un quelque chose dans sa dentition quand il sourit, des dents longues presque cartoonesques, qui le rendent immediatemment attachant, en même temps qu'inquiétant. Quelque part au début du film, il frappe un de ses hommes, comme le font tous les chefs de bande dans les westerns à chaque fois qu'ils doivent asseoir leur autorité. Plus tard, Terence Hill fait de même avec l'un de ses propres hommes, manière de montrer qu'il ne vaut pas beaucoup mieux. C'est le principe ironique du western spaghetti à l'oeuvre. Le héros tue tout un tas de monde, parfois sans raison valable (trois des hommes qu'il vient de sauver), il viole allègrement la loi (les condamnés à mort astucieusement sauvés et enrôlés), se fait tabasser quand il n'a plus trop le choix, et planque des mitrailleuses dans les cimetières au cas où. Bien sûr, le bodycount est tout simplement effarant.
Ferdinand Baldi est le réalisateur d'un paquet de bons westerns italiens, le jusqu'auboutiste Texas Addio, le tragico-lyrique Dernier des salauds et le cinglé Blindman. Celui-ci est peut-être un poil en dessous, mais à peine. Il y a une musique efficace, il y a un scénario habile malgré l'ultra-rabachage du thème de la vengeance, il y a de bonnes idées visuelles autour du thème de la pendaison, et il y a le mythe Django, puisque pour une fois ce Django là est considéré comme un vrai Django, le film pouvant être vu comme une préquelle à celui de Corbucci. Mais il manque pourtant une identité comparable aux films sus-cités. Même si on serait en peine de définir ce que c'est qu'un grand Baldi, tant ses films peuvent être différents les uns des autres, ce western là n'est définitivement pas un grand Baldi. Certaines scènes sont longuettes, voire poussives (le vieux avec son perroquet). Le meurtre de la femme de Django est expédié fissa comme une formalité douanière. Hop, le plan suivant, Django enterre sa moitié, il a revêtu sa légendaire vareuse, signe qu'il est devenu un homme sombre et tourmenté, et zou on passe à autre chose. Comme meurtre fondateur d'un traumatisme qui justifie le carnage des 75 minutes suivantes, c'est un peu léger.
Terence Hill parvient à faire oublier à nos anachroniques mémoires qu'il sera Trinita plus tard. Enfin, il ne parvient à rien du tout puisque quand il jouait le rôle, il ne savait pas qu'il serait Trinita plus tard, et justement, ça a dû en décevoir quelques uns quand ils découvrirent le film stupidement retitré Trinita prépare ton cercueil. En tout cas, au bout d'un moment, ce n'est plus Terence Hill que l'on voit, mais bien Django, un poil fantômatique comme s'il était réellement mort suite à l'attaque, un brin têtu quand il refuse à plusieurs reprises l'argent de Horst Frank et naturellement totalement taciturne. José Torres lui, interprète un de ces seconds rôles savoureux chez Baldi, où en quelques traits, il parvient à exprimer une fêlure enfouie, ici celle de l'homme pauvre qui n'en peut plus de trimer sans jamais pouvoir échapper à la pauvreté. Sa femme, jouée par Barbara Simon, est également un personnage intéressant, excusant les faiblesses de son mari, tout en faisant totalement confiance à Django. Tous ces rôles bien écrits participent à la cohésion de ce film de bonne tenue. Parfois un peu léger, parasité par les habituels défauts du genre - en particulier cette incapacité qu'ont tous les réalisateurs de western spaghetti à laisser du champ à la musique, à l'exception bien sûr de Sergio Leone - manquant un peu de moyens malgré une bonne utilisation de tous les décors habituels, Django prépare ton cercueil risque de décevoir ceux qui voudraient découvrir le genre, tandis qu'il laissera un goût d'inachevé aux amateurs, qui trouveront que tous les thèmes habituels - fantastique, politique - sont tout juste ébauchés. Certes Horst Frank joue une crapule corrompue de première, mais ce n'est ne le premier ni le dernier homme politique corrompu que l'on verra dans le monde décadant du western italien. Les aspects fantastiques, en particulier celui des morts qui reviennent sur Terre, sont finalement assez peu exploités pour laisser la place au déroulement un peu plan plan d'une intrigue terre à terre. Malgré toutes ses qualités et sa bonne réputation, ce film reste donc assez mineur en ce qui me concerne.
Captures: Rex Lee sur Western Maniac.
Prepara tri la barra
Ferdinando Baldi
Avec: Terence Hill, Horst Frank, George Eastman, José Torres
J'aime bien George Eastman, il est grand, il est classe, bien sapé, et il y a un quelque chose dans sa dentition quand il sourit, des dents longues presque cartoonesques, qui le rendent immediatemment attachant, en même temps qu'inquiétant. Quelque part au début du film, il frappe un de ses hommes, comme le font tous les chefs de bande dans les westerns à chaque fois qu'ils doivent asseoir leur autorité. Plus tard, Terence Hill fait de même avec l'un de ses propres hommes, manière de montrer qu'il ne vaut pas beaucoup mieux. C'est le principe ironique du western spaghetti à l'oeuvre. Le héros tue tout un tas de monde, parfois sans raison valable (trois des hommes qu'il vient de sauver), il viole allègrement la loi (les condamnés à mort astucieusement sauvés et enrôlés), se fait tabasser quand il n'a plus trop le choix, et planque des mitrailleuses dans les cimetières au cas où. Bien sûr, le bodycount est tout simplement effarant.
Ferdinand Baldi est le réalisateur d'un paquet de bons westerns italiens, le jusqu'auboutiste Texas Addio, le tragico-lyrique Dernier des salauds et le cinglé Blindman. Celui-ci est peut-être un poil en dessous, mais à peine. Il y a une musique efficace, il y a un scénario habile malgré l'ultra-rabachage du thème de la vengeance, il y a de bonnes idées visuelles autour du thème de la pendaison, et il y a le mythe Django, puisque pour une fois ce Django là est considéré comme un vrai Django, le film pouvant être vu comme une préquelle à celui de Corbucci. Mais il manque pourtant une identité comparable aux films sus-cités. Même si on serait en peine de définir ce que c'est qu'un grand Baldi, tant ses films peuvent être différents les uns des autres, ce western là n'est définitivement pas un grand Baldi. Certaines scènes sont longuettes, voire poussives (le vieux avec son perroquet). Le meurtre de la femme de Django est expédié fissa comme une formalité douanière. Hop, le plan suivant, Django enterre sa moitié, il a revêtu sa légendaire vareuse, signe qu'il est devenu un homme sombre et tourmenté, et zou on passe à autre chose. Comme meurtre fondateur d'un traumatisme qui justifie le carnage des 75 minutes suivantes, c'est un peu léger.
Terence Hill parvient à faire oublier à nos anachroniques mémoires qu'il sera Trinita plus tard. Enfin, il ne parvient à rien du tout puisque quand il jouait le rôle, il ne savait pas qu'il serait Trinita plus tard, et justement, ça a dû en décevoir quelques uns quand ils découvrirent le film stupidement retitré Trinita prépare ton cercueil. En tout cas, au bout d'un moment, ce n'est plus Terence Hill que l'on voit, mais bien Django, un poil fantômatique comme s'il était réellement mort suite à l'attaque, un brin têtu quand il refuse à plusieurs reprises l'argent de Horst Frank et naturellement totalement taciturne. José Torres lui, interprète un de ces seconds rôles savoureux chez Baldi, où en quelques traits, il parvient à exprimer une fêlure enfouie, ici celle de l'homme pauvre qui n'en peut plus de trimer sans jamais pouvoir échapper à la pauvreté. Sa femme, jouée par Barbara Simon, est également un personnage intéressant, excusant les faiblesses de son mari, tout en faisant totalement confiance à Django. Tous ces rôles bien écrits participent à la cohésion de ce film de bonne tenue. Parfois un peu léger, parasité par les habituels défauts du genre - en particulier cette incapacité qu'ont tous les réalisateurs de western spaghetti à laisser du champ à la musique, à l'exception bien sûr de Sergio Leone - manquant un peu de moyens malgré une bonne utilisation de tous les décors habituels, Django prépare ton cercueil risque de décevoir ceux qui voudraient découvrir le genre, tandis qu'il laissera un goût d'inachevé aux amateurs, qui trouveront que tous les thèmes habituels - fantastique, politique - sont tout juste ébauchés. Certes Horst Frank joue une crapule corrompue de première, mais ce n'est ne le premier ni le dernier homme politique corrompu que l'on verra dans le monde décadant du western italien. Les aspects fantastiques, en particulier celui des morts qui reviennent sur Terre, sont finalement assez peu exploités pour laisser la place au déroulement un peu plan plan d'une intrigue terre à terre. Malgré toutes ses qualités et sa bonne réputation, ce film reste donc assez mineur en ce qui me concerne.
Captures: Rex Lee sur Western Maniac.
lundi 20 août 2012
Texas
1969
Il Prezzo del Potere
Tonino Valerii
Avec: Giuliano Gemma, Warren Wanders, Ray Saunders, Antonio Casas, Benito Stefanelli
J'ai vu ce film une première fois il y a dix ans à la cinémathèque et je n'avais rien compris. L'organisateur de la séance nous avait prévenu, il avait fait comme il avait pu, avec les moyens du bord, le film était incomplet. Je l'ai revu aujourd'hui en version plus complète, mais en italien sans sous-titres. Je n'ai donc toujours rien compris aux détails de cette intrigue qui transpose l'assassinat de JFK dans l'Ouest au lendemain de la guerre de Sécession. Vouloir regarder du western spaghetti est un chemin de croix, jonché de mauvais films que l'on regarde malgré tout pour voir la scène à sauver du film (il y en a toujours une), et parsemé de très bons films que l'on a souvent du mal à voir dans de bonnes conditions.
Texas est de la deuxième espèce. À vrai dire cela se sent curieusement dès le générique, qui n'est pourtant qu'un plan fixe sur une carte des États-Unis. C'est bizarre, hein, mais tout de suite on le sait: ça va être un bon film! La musique langoureuse de Luis Bacalov s'élève et comme les chiens de Pavlov, on salive d'avance. Le fait de ne pas comprendre très bien l'italien permet de se concentrer sur la technique de Valerii. Contrairement a Castellari, Tonino Valerii ne cherche pas à épater la galerie, et pourtant on sent une maîtrise de la mise en plan et de la dramaturgie tout entière au service de l'intrigue, une fluidité dans les mouvements de caméra qui n'est pas là pour en mettre plein la vue, mais bien pour s'effacer devant les personnages. Tout cela produit un film qui se suit parfaitement bien, avec le plaisir d'une mise en scène intelligente. Les moyens sont relativement conséquents en terme de figuration et de décor, même si les puristes de la vraisemblance trouveront naturellement à redire sur la crédibilité visuelle d'un film aussi ambitieux du point de vue scénaristique et historique. En effet, même si on ne comprend qu'un mot sur dix de l'italien et que sa vision de la VF remonte à dix ans, la tonalité générale du film se comprend très bien, les thèmes du traitement des noirs et du conflit d'un certain progressisme face aux vieilles traditions du Sud sont les pierres angulaires du récit, ainsi que la corruption, le pouvoir de la presse, l'importance de l'Etat, l'histoire du Texas. Et malheureusement, tout cela se ressent très peu au niveau des décors et de la figuration: très peu de noirs sont employés, les décors, la vestimentation sont ceux d'un western spaghetti classique, rien ne cherche à faire "vrai" par rapport à la richesse des thèmes abordés. Gageons qu'avec les mêmes moyens que Valerii obtiendra plus tard pour Mon Nom est Personne, il aurait réussi un film autrement plus beau et cohérent.
La distribution comme d'habitude, ravira les amateurs de western italien, on retrouve le barbu chevelu qui se fait sans cesse martyriser par Terence Hill dans Trinita, subissant ici un sort tout aussi peu enviable, Antonio Casas, qui disparaît bien vite, et bien d'autres encore. Mais certaines têtes secondaires de western spaghetti ont des rôles particulièrement bien écrits par rapport à la norme du genre, en particulier Benito Stefanelli en Shérif corrompu, montrant de véritables talents de comédien, Joaquin Parra (photo ci-dessus) le meurtrier sacrifié qui réussit en peu de plans à construire un personnage. Dans la catégorie des non-habitués, Ray Saunders, touchant à force de clamer son innocence, Warren Wanders en espèce d'agent secret et Manuel Zarzo, formidable en infirme aux béquilles meurtrières, enrichissent aussi le film de façon très convaincante. Dans le registre notables en veston, Fernando Rey est bien là, et le président (Van Johnson) et le vice-président à qui incombe la tâche de lui succéder (Jose Suarez) ne sont pas non plus traités à la va-vite, Valerii prenant le temps de développer chaque personnage.
Dans tout ça finalement, c'est Giuliano Gemma qui est peut-être le moins convaincant. Son visage sied assez mal au rôle, et il n'est pas aidé ici par sa tenue trop banale, voire moche. Mais on l'aime bien le Giuliano, et alors que l'intrigue se développe, de coups fourrés en trahison, de révélations en discussions politiques et éthiques, Tonino Valerii fait un sans faute sur le plan dramaturgique et émotionnel, avec la mort violente et crispée du Noir (Ray Saunders) et l'arrivée théâtrale de Gemma en plein procès avec son ami mort sur le dos. Car malgré tout le sérieux de l'entreprise, Tonino Valerii fait bien un western spaghetti, d'un esthétisme bien présent avec des scènes que l'on ne peut trouver que dans le genre. Il fait mouche avec la séquence de la roulette russe à un seul joueur, il fait mouche avec la scène du duel dans le noir avec un cigare, il fait mouche avec la destruction des bandits à la dynamite (anticipant Mon Nom est Personne). La bagarre entre Gemma et Warren Wanders est l'une des plus convaincantes jamais vue dans le western italien et ce plan de Warren Wanders et Jose Juarez se serrant la main au dessus du cercueil du président recouvert du drapeau américain, aux cotés de sa veuve éplorée (Maria-Luisa Sala) est tout simplement magnifique. Vous l'avez donc compris, Texas est un western italien à voir, en français avec des bouts d'italien dedans, en anglais, en japonais, en VHS décadrée et rippée en 8 bits, comme vous voulez, mais voyez-le!
Où le voir: dans votre salon, dans votre chambre, dans vos chiottes, je m'en fous, mais voyez-le !
Captures: Rex Lee et El Puro sur Western Maniac (Voyez-le, ce film!)
vendredi 10 août 2012
Johnny Yuma
1966
Romolo Guerrieri
Avec: Mark Damon, Rosalba Neri, Lawrence Dobkin, Luiggi Vannuchi
Ce qui est vraiment dommage avec ce film, c'est qu'on doive se taper la tronche fade de blanc bec de Mark Damon pendant une heure et demie. Je n'aime pas ces espèces de gueules d'ange proprettes qui traversent le western spaghetti comme une incongruité dans un monde mal rasé. Oui, même le beau Guiliano Gemma a eu tendance à me hérisser le poil. Je m'y suis fait parce qu'il est difficile de faire l'impasse sur Giuliano Gemma, parce qu'il a eu un énorme succès et qu'encore aujourd'hui il est admiré de tous, ce qui m'étonnait alors. Aujourd'hui cependant, je suis comme tout le monde, j'aime bien le beau Giuliano. Mais ses imitations fadasses, non. Ne comptez donc pas sur moi pour faire un petit mot gentil sur Mark Damon, sa carrière américaine, sa carrière italienne, sa carrière de producteur. Mark Damon, malgré son humour, fait tache dans cette bonne petite production européenne, avec ses chemises colorées, ses cheveux bouclés et son sourire cajoleur.
Parce que pour le reste tout y est. Une excellente musique qui rendrait tragique un film de mariage en Super 8. Une intrigue alambiquée avec une belle dame manipulatrice (Rosalba Neri) et un frère cruel (Luiggi Vannuchi). Des seconds rôles conséquents (Lawrence Dobkin). Des décors sud-espagnols parfaitement exploités. Des morts virevoltants et des regards durs. Des morts non virevoltants mais tragiques (l'assassinat de l'enfant), justifiant le carnage à venir. Et pour ne rien gâcher, une fin plutôt surprenante. Il faut encore et toujours que je le précise pour les newbies: on n'est pas au niveau d'un Sergio Leone. Mais la réalisation tient la route, le budget tient la route, l'interprétation tient la route. On se demande pourquoi des petits westerns de ce genre ne sont jamais sortis en DVD en France, alors que Les ravageurs de l'Ouest étaient jetés en pâture à ceux-là même qui voulaient prouver la nullité absolue du western italien. Quel dommage, alors que Johnny Yuma, à n'en pas douter, se doit de figurer dans la filmothèque de tout spaghettophile qui se respecte.
Captures: Rex Lee et Liko sur Western maniac
dimanche 15 juillet 2012
Il était une fois le Western Européen, volume deux.
Ça y est, il est enfin sorti. Chèque débité en avril, livre livré début juillet, on l'aura attendu. Que nous réserve ce volume deux quand on pouvait avoir l'impression que le premier volume couvrait déjà largement le genre? Disons le tout net, ce livre est réservé aux vrais fanatiques du genre, pas aux simples curieux pour qui le premier tome sera largement suffisant. Il explore plus en détail des pans entiers du western européen qui ne sont pas forcément les plus porteurs, à savoir le western français, le western allemand, et le western espagnol. C'est justement sur les périodes les moins connues que Jean-François Giré se révèle le plus captivant: les richesses insoupçonnées par beaucoup du western français au temps du muet, et tout le pan du western espagnol pré-Leone, où les réalisateurs s'attachaient à concocter des petits westerns honnêtes d'influence américaine. On est là en plein dans l'intérêt didactique premier de ce genre d'ouvrage: certes, tout peut se dénicher sur Internet, mais sans fil directeur, sans guide, comment s'y retrouver?
Malheureusement, cela ne suffit pas à faire un livre. Le reste des pages est constitué d'articles d'auteurs invités qui s'expriment sur tel ou tel thème du genre: une analyse des noms des héros du western spaghetti (on est étonné de la récurrence du prénom Gary dans le genre) et une rétrospective du western fayot. Malgré la bonne tenue de ces feuillets, l'ensemble n'apporte pas grand chose de neuf au lecteur et le mot remplissage vient immédiatement à l'esprit. A part un bon chapitre sur la musique, vibrant de passion, le lecteur est également submergé d'index en tout genre, qui se croisent les uns les autres, renvoient à d'autres pages de ce volume ou du volume 1, et poussent très loin le recensement de tout ce qui s'apparente de près ou de loin au western avec une composante européenne quelconque. Je ne sais pas exactement pourquoi Bouba le petit ourson est référencé dans un livre sur le western européen, mais il y est...
En résumé, si vous aimez le western européen, mais pas au point de devenir super-calés sur les westerns espagnols, allemands, ou les comédies western françaises avec Fernandel, ce livre n'est pas pour vous. Si au contraire, vous êtes curieux de tout ce qui a trait au western européen au sens large, du western Turc aux "festerns" en passant par les téléfilms oubliés, vous pouvez foncer.
A noter: je n'ai pas repris ici les polémiques sur le nouveau style, parfois acerbe de l'auteur, les histoires de plagiat ou le manque de sérieux dénoncé par les plus fins connaisseurs du genre. Les auteurs y ont répondu, c'est à lire sur Western-maniac.
Malheureusement, cela ne suffit pas à faire un livre. Le reste des pages est constitué d'articles d'auteurs invités qui s'expriment sur tel ou tel thème du genre: une analyse des noms des héros du western spaghetti (on est étonné de la récurrence du prénom Gary dans le genre) et une rétrospective du western fayot. Malgré la bonne tenue de ces feuillets, l'ensemble n'apporte pas grand chose de neuf au lecteur et le mot remplissage vient immédiatement à l'esprit. A part un bon chapitre sur la musique, vibrant de passion, le lecteur est également submergé d'index en tout genre, qui se croisent les uns les autres, renvoient à d'autres pages de ce volume ou du volume 1, et poussent très loin le recensement de tout ce qui s'apparente de près ou de loin au western avec une composante européenne quelconque. Je ne sais pas exactement pourquoi Bouba le petit ourson est référencé dans un livre sur le western européen, mais il y est...
En résumé, si vous aimez le western européen, mais pas au point de devenir super-calés sur les westerns espagnols, allemands, ou les comédies western françaises avec Fernandel, ce livre n'est pas pour vous. Si au contraire, vous êtes curieux de tout ce qui a trait au western européen au sens large, du western Turc aux "festerns" en passant par les téléfilms oubliés, vous pouvez foncer.
A noter: je n'ai pas repris ici les polémiques sur le nouveau style, parfois acerbe de l'auteur, les histoires de plagiat ou le manque de sérieux dénoncé par les plus fins connaisseurs du genre. Les auteurs y ont répondu, c'est à lire sur Western-maniac.
vendredi 13 juillet 2012
Tuez les tous et revenez seul
1968
Enzo G. Castellari
Avec: Chuck Connors, Frank Wolff.
"Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Arnaud Amaury ne savait certes pas que sa célèbre phrase évoquerait pour certains le titre d'un western spaghetti plus de huit-cents ans plus tard. "Tuez les tous et revenez seul", donc, un titre comme seul le genre peut nous offrir, et que Enzo G. Castellari s'applique à respecter à la lettre. Non seulement tout le casting y passe, mais également une proportion non négligeable de l'armée nordiste. Sorte de mix entre Les douze salopards et Quand les aigles attaquent (sortis tous les deux à la même période à peu de choses près), ce western débute par un classique jeu du chat et de la souris, une répétition bon enfant sans conséquences qui laisse augurer d'un simple film pour enfant sans haine ni violence. Que nenni, quand les choses sérieuses commencent, nos professionnels anéantissent une garnison entière après avoir pourtant tout fait pour ne pas trop se faire remarquer. La troupe hétéroclite est menée par Chuck Connors, une star du petit écran aux USA dans la série The Rifleman. Son visage reptilien, marqué de cicatrices est parfait pour le genre, tout autant que son sourire fraîcheur de vivre si typique des héros du western italien. Athlète confirmé, Chuck Connors saute, bondit, cogne, tire et cogne encore et encore. Ses acolytes ne sont pas en reste, Leo Anchoriz en premier lieu, avec son étonnant banjo bazooka, et l'imposant Hércules Cortés capable de castagner 12 nordistes à la fois. Alberto Dell'Acqua impressionne par ses voltiges (plus que les galipettes numériques de tous les Spider-man de ces 10 dernières années) et surtout, Giovanni Cianfriglia impose sa magnifique stature et ses lancers de couteaux. Tous apportent quelque chose de plus que de la simple figuration. Ils sont vivants, crédibles, ils existent par leurs jeux de regards, leurs postures, leurs gueules. Franco Citti, avec sa gueule d'ange abimée, se démarque par de simples regards soupconneux, et même Hércules Cortés qui joue pourtant le rôle d'une grosse brute, parvient à faire passer plus de choses dans sa moue dubitative que bien des acteurs de premier plan. Quand à Frank Wolff, et bien c'est du Frank Wolff pur jus comme on l'aime...
Enzo G. Castellari soigne sa mise en scène et travaille ses plans et ses cadrages comme à son habitude. On note par exemple un plan d'un Nordiste qui plonge les mains dans une citerne, filmé du fond de la citerne où se cachent deux des salopards. Ça n'est pas nécessaire à l'intrigue, mais c'est beau. Le budget est relativement confortable au niveau de la figuration, la musique fait son job tout à fait correctement, et le tout se suit sans déplaisir aucun. Les nordistes, une fois de plus, sont d'ignobles tortionnaires, les coups tordus se suivent et se ressemblent et à la fin, la morale n'est pas sauve. Bref, tout va pour le mieux dans la petite géographie formatée du western italien.
Où le voir: disponible par exemple en VOD sur CanalPlay Infinity.
Captures: Jo et El Puro sur Western-maniac
Enzo G. Castellari
Avec: Chuck Connors, Frank Wolff.
"Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Arnaud Amaury ne savait certes pas que sa célèbre phrase évoquerait pour certains le titre d'un western spaghetti plus de huit-cents ans plus tard. "Tuez les tous et revenez seul", donc, un titre comme seul le genre peut nous offrir, et que Enzo G. Castellari s'applique à respecter à la lettre. Non seulement tout le casting y passe, mais également une proportion non négligeable de l'armée nordiste. Sorte de mix entre Les douze salopards et Quand les aigles attaquent (sortis tous les deux à la même période à peu de choses près), ce western débute par un classique jeu du chat et de la souris, une répétition bon enfant sans conséquences qui laisse augurer d'un simple film pour enfant sans haine ni violence. Que nenni, quand les choses sérieuses commencent, nos professionnels anéantissent une garnison entière après avoir pourtant tout fait pour ne pas trop se faire remarquer. La troupe hétéroclite est menée par Chuck Connors, une star du petit écran aux USA dans la série The Rifleman. Son visage reptilien, marqué de cicatrices est parfait pour le genre, tout autant que son sourire fraîcheur de vivre si typique des héros du western italien. Athlète confirmé, Chuck Connors saute, bondit, cogne, tire et cogne encore et encore. Ses acolytes ne sont pas en reste, Leo Anchoriz en premier lieu, avec son étonnant banjo bazooka, et l'imposant Hércules Cortés capable de castagner 12 nordistes à la fois. Alberto Dell'Acqua impressionne par ses voltiges (plus que les galipettes numériques de tous les Spider-man de ces 10 dernières années) et surtout, Giovanni Cianfriglia impose sa magnifique stature et ses lancers de couteaux. Tous apportent quelque chose de plus que de la simple figuration. Ils sont vivants, crédibles, ils existent par leurs jeux de regards, leurs postures, leurs gueules. Franco Citti, avec sa gueule d'ange abimée, se démarque par de simples regards soupconneux, et même Hércules Cortés qui joue pourtant le rôle d'une grosse brute, parvient à faire passer plus de choses dans sa moue dubitative que bien des acteurs de premier plan. Quand à Frank Wolff, et bien c'est du Frank Wolff pur jus comme on l'aime...
Enzo G. Castellari soigne sa mise en scène et travaille ses plans et ses cadrages comme à son habitude. On note par exemple un plan d'un Nordiste qui plonge les mains dans une citerne, filmé du fond de la citerne où se cachent deux des salopards. Ça n'est pas nécessaire à l'intrigue, mais c'est beau. Le budget est relativement confortable au niveau de la figuration, la musique fait son job tout à fait correctement, et le tout se suit sans déplaisir aucun. Les nordistes, une fois de plus, sont d'ignobles tortionnaires, les coups tordus se suivent et se ressemblent et à la fin, la morale n'est pas sauve. Bref, tout va pour le mieux dans la petite géographie formatée du western italien.
Où le voir: disponible par exemple en VOD sur CanalPlay Infinity.
Captures: Jo et El Puro sur Western-maniac
mercredi 11 juillet 2012
Le colt du révérend
Reverendo Colt
1970
Leon Klimovsky
Avec: Guy Madison, Richard Harrison
Plusieurs petites choses sont à porter au crédit de ce petit western de série. Guy Madison joue le rôle d'un ancien chasseur de prime devenu révérend par un sens éthique assez peu commun dans le western spaghetti. Ce n'est pas, comme l'on pourrait s'y attendre, un déguisement destiné à tromper l'ennemi, ce n'est pas un prêtre exubérant et haut en couleur qui joue de la grenade. Bien qu'il joue souvent du revolver, ce révérend là est un vrai révérend, qui refuse les avances des putes qu'il fréquentait jadis et qui rachète ses propres crimes en s'acquittant d'une mission évangélique. On est, de ce point de vue, assez proche d'un western américain. Cela se confirme lors de la séquence du fort où le révérend soutient un siège accompagné d'une troupe hétéroclite: femmes, vieux colonel, joueur de poker, bandit repenti par amour dans la plus pure lignée de William S. Hart. Le chef des bandits, métis, avec son bandana et sa boucle d'oreille est plutôt symptomatique des rebelles de l'époque qui s'invitaient régulièrement dans le western, et les flashbacks récurrents nous recadrent bien vite dans le petit monde du western italien, même si les ralentis sont ici directement empruntés à Sam Peckinpah.
Tout cela est mené sans fioriture mais avec métier. Leon Klimovsky n'a pas de chance avec sa postérité, à chaque fois qu'il sort un film potable, on se demande si ce n'est pas Castellari qui l'a realisé (voir Quelques dollars pour Django), parce qu'en effet la famille Girolami est fortement impliquée dans l'entreprise. Quoi qu'il en soit, le film est réalisé avec soin, le budget n'est pas trop riquiqui et on ne s'ennuie pas. La musique de Gianni Ferrio (qui a composé entre autres, la musique du Dollar troué) vous reste dans la tête au moins jusqu'au lendemain, ce qui est plutôt bon signe. Le thème principal, s'accompagne tantôt de guitare, tantôt de sifflements, tantôt de trompette pour le meilleur effet. Les aficionados pourront comme d'habitude s'amuser a reconnaître les seconds rôles (dont Richard Harrison curieusement sous-employé), les allergiques à la poussière d'Almeria passeront leur chemin comme d'habitude.
Où le voir: DVD seven 7 de bonne facture. Les images sont très bonnes et rendent service au soleil accablant qui est un véritable protagoniste du film. Une scène coupée nous montre une femme se dénudant, chose assez rare dans le western italien (mais à force de répertorier toutes ces scènes on va finir par ne plus me croire). La scène est présentée sans paroles, mais avec le thème principal en accompagnement, ce qui lui donne une certaine tenue (jeu de mot involontaire). On a également droit à une classique présentation du film par Jean-Francois Giré (heureusement qu'ils n'ont pas demandé à Brion) et surtout à un formidable récapitulatif de la carrière de Guy Madison par Christophe Champclaux qui aligne les films, les dates, les anecdotes et les digressions avec fluidité, sans être barbant, en restant simple et sans porter de jugement de valeur sur telle ou telle partie le la carrière de l'acteur. Du bon boulot, on en viendrait presque à regretter les coupes effectuées au montage, alors que d'habitude on est plutôt contents que ce genre d'exercice ne dure pas trop longtemps.
Capture: Rex Lee sur Western-Maniac.
1970
Leon Klimovsky
Avec: Guy Madison, Richard Harrison
Plusieurs petites choses sont à porter au crédit de ce petit western de série. Guy Madison joue le rôle d'un ancien chasseur de prime devenu révérend par un sens éthique assez peu commun dans le western spaghetti. Ce n'est pas, comme l'on pourrait s'y attendre, un déguisement destiné à tromper l'ennemi, ce n'est pas un prêtre exubérant et haut en couleur qui joue de la grenade. Bien qu'il joue souvent du revolver, ce révérend là est un vrai révérend, qui refuse les avances des putes qu'il fréquentait jadis et qui rachète ses propres crimes en s'acquittant d'une mission évangélique. On est, de ce point de vue, assez proche d'un western américain. Cela se confirme lors de la séquence du fort où le révérend soutient un siège accompagné d'une troupe hétéroclite: femmes, vieux colonel, joueur de poker, bandit repenti par amour dans la plus pure lignée de William S. Hart. Le chef des bandits, métis, avec son bandana et sa boucle d'oreille est plutôt symptomatique des rebelles de l'époque qui s'invitaient régulièrement dans le western, et les flashbacks récurrents nous recadrent bien vite dans le petit monde du western italien, même si les ralentis sont ici directement empruntés à Sam Peckinpah.
Tout cela est mené sans fioriture mais avec métier. Leon Klimovsky n'a pas de chance avec sa postérité, à chaque fois qu'il sort un film potable, on se demande si ce n'est pas Castellari qui l'a realisé (voir Quelques dollars pour Django), parce qu'en effet la famille Girolami est fortement impliquée dans l'entreprise. Quoi qu'il en soit, le film est réalisé avec soin, le budget n'est pas trop riquiqui et on ne s'ennuie pas. La musique de Gianni Ferrio (qui a composé entre autres, la musique du Dollar troué) vous reste dans la tête au moins jusqu'au lendemain, ce qui est plutôt bon signe. Le thème principal, s'accompagne tantôt de guitare, tantôt de sifflements, tantôt de trompette pour le meilleur effet. Les aficionados pourront comme d'habitude s'amuser a reconnaître les seconds rôles (dont Richard Harrison curieusement sous-employé), les allergiques à la poussière d'Almeria passeront leur chemin comme d'habitude.
Où le voir: DVD seven 7 de bonne facture. Les images sont très bonnes et rendent service au soleil accablant qui est un véritable protagoniste du film. Une scène coupée nous montre une femme se dénudant, chose assez rare dans le western italien (mais à force de répertorier toutes ces scènes on va finir par ne plus me croire). La scène est présentée sans paroles, mais avec le thème principal en accompagnement, ce qui lui donne une certaine tenue (jeu de mot involontaire). On a également droit à une classique présentation du film par Jean-Francois Giré (heureusement qu'ils n'ont pas demandé à Brion) et surtout à un formidable récapitulatif de la carrière de Guy Madison par Christophe Champclaux qui aligne les films, les dates, les anecdotes et les digressions avec fluidité, sans être barbant, en restant simple et sans porter de jugement de valeur sur telle ou telle partie le la carrière de l'acteur. Du bon boulot, on en viendrait presque à regretter les coupes effectuées au montage, alors que d'habitude on est plutôt contents que ce genre d'exercice ne dure pas trop longtemps.
Capture: Rex Lee sur Western-Maniac.
vendredi 6 juillet 2012
Cinq gâchettes d'or
Oggi a me... domani a te!
1968
Tonino Cervi
Avec: Montgomery Ford, Bud Spencer, William Berger, Tatsuya Nakadai
Le héros de ce sympathique western sans prétention est affublé d'une vareuse type Django, agrémentée d'une grande écharpe sombre. Comme Tuco, il choisit ses armes avec soin chez l'armurier et comme Duncan, il est métis. Comme l'Homme sans nom, il tue avec dexterité ceux qui se mettent en travers de son chemin. Comme le Hollandais, il se cherche des hommes de main, experts aux armes et complémentaires les uns des autres. Comme dans La poursuite sauvage, le héros n'a que sa vengeance en tête. Comme dans Et pour quelques dollars de plus, la géographie de l'Ouest est schématisée par ses quatre points cardinaux, si tout le monde pense que vous êtes partis à l'Est ou au Nord, c'est que vous êtes au Sud. Comme Mendoza, le méchant (Tastsuya Nakadai) a un regard de dément, et il est dément pour de bon. Comme dans Wanted, le héros a été victime d'une sombre machination, et comme dans Dieu pardonne, moi pas, Bud Spencer a l'occasion de démontrer sa puissance. Finalement comme dans n'importe quel western italien, la confrontation finale est une interminable partie de cache cache servie par une musique Morriconesque à souhait. Le western italien finit par former un tout cohérent, comme une mémoire collective que l'on se ressasse sans cesse, sans chronologie ni ordre pré-défini dans les motifs qui le composent. Et c'est bien comme ça.
1968
Tonino Cervi
Avec: Montgomery Ford, Bud Spencer, William Berger, Tatsuya Nakadai
Le héros de ce sympathique western sans prétention est affublé d'une vareuse type Django, agrémentée d'une grande écharpe sombre. Comme Tuco, il choisit ses armes avec soin chez l'armurier et comme Duncan, il est métis. Comme l'Homme sans nom, il tue avec dexterité ceux qui se mettent en travers de son chemin. Comme le Hollandais, il se cherche des hommes de main, experts aux armes et complémentaires les uns des autres. Comme dans La poursuite sauvage, le héros n'a que sa vengeance en tête. Comme dans Et pour quelques dollars de plus, la géographie de l'Ouest est schématisée par ses quatre points cardinaux, si tout le monde pense que vous êtes partis à l'Est ou au Nord, c'est que vous êtes au Sud. Comme Mendoza, le méchant (Tastsuya Nakadai) a un regard de dément, et il est dément pour de bon. Comme dans Wanted, le héros a été victime d'une sombre machination, et comme dans Dieu pardonne, moi pas, Bud Spencer a l'occasion de démontrer sa puissance. Finalement comme dans n'importe quel western italien, la confrontation finale est une interminable partie de cache cache servie par une musique Morriconesque à souhait. Le western italien finit par former un tout cohérent, comme une mémoire collective que l'on se ressasse sans cesse, sans chronologie ni ordre pré-défini dans les motifs qui le composent. Et c'est bien comme ça.
vendredi 15 juin 2012
Le Jour Du Jugement
Il giorno del Giudizio
1971
Mario Gariazzo
Avec: Ty Hardin
Sergio Leone a inventé le western italien, Sergio Corbucci lui a donné son âme, Sergio Sollima sa conscience. D'autres ont expérimenté, inventé, osé. D'autres ont seulement suivi, se sont contentés de refaire avec moins de moyens ce qu'ils avaient vu ailleurs. Mario Gariazzo est de ceux-là. Le jour du jugement a certes cette originalité du héros qui passe son temps à se déguiser, mais tout le reste n'est qu'une ressucée de scènes et d'idées déjà vues ailleurs. En premier lieu le gimmick du jouet mécanique qui rythme les duels et qui n'est qu'un malhabile plagiat des duels à la montre de Et pour quelques dollars de plus. En deuxième lieu l'homme qui coupe la corde du pendu à la carabine - mais pas forcément pour son bien - rappel direct du Bon la Brute et le Truand.
Pour autant, ce type de film a toute sa place dans la petite histoire du western spaghetti. Le rappel incessant de thèmes similaires traités dans tous les sens forge une mémoire collective, une mythologie propre, et ces petits films mal foutus y contribuent. Malgré tout cela n'empêche pas l'ennui. Les seconds rôles connus des aficionados pullulent, mais les moyens sont maigres. Le rythme est trop lent, les coups de poing résonnent comme des tambours et la sueur qui perle sur le front de Rick Boyd, c'est très clairement de la flotte. Les airs d'Ennio Morricone, comme d'habitude, sont suffisants pour donner de l'amplitude émotionnelle au film et chose assez rare dans le western spaghetti, on trouve quelques plans de seins nus. Mais ça ne suffira pas à vous faire aimer le film si vous n'êtes pas portés sur le genre. Ça vous satisfera tout juste dans le cas contraire.
Capture: Rex Lee sur Western-Maniacs
1971
Mario Gariazzo
Avec: Ty Hardin
Sergio Leone a inventé le western italien, Sergio Corbucci lui a donné son âme, Sergio Sollima sa conscience. D'autres ont expérimenté, inventé, osé. D'autres ont seulement suivi, se sont contentés de refaire avec moins de moyens ce qu'ils avaient vu ailleurs. Mario Gariazzo est de ceux-là. Le jour du jugement a certes cette originalité du héros qui passe son temps à se déguiser, mais tout le reste n'est qu'une ressucée de scènes et d'idées déjà vues ailleurs. En premier lieu le gimmick du jouet mécanique qui rythme les duels et qui n'est qu'un malhabile plagiat des duels à la montre de Et pour quelques dollars de plus. En deuxième lieu l'homme qui coupe la corde du pendu à la carabine - mais pas forcément pour son bien - rappel direct du Bon la Brute et le Truand.
Pour autant, ce type de film a toute sa place dans la petite histoire du western spaghetti. Le rappel incessant de thèmes similaires traités dans tous les sens forge une mémoire collective, une mythologie propre, et ces petits films mal foutus y contribuent. Malgré tout cela n'empêche pas l'ennui. Les seconds rôles connus des aficionados pullulent, mais les moyens sont maigres. Le rythme est trop lent, les coups de poing résonnent comme des tambours et la sueur qui perle sur le front de Rick Boyd, c'est très clairement de la flotte. Les airs d'Ennio Morricone, comme d'habitude, sont suffisants pour donner de l'amplitude émotionnelle au film et chose assez rare dans le western spaghetti, on trouve quelques plans de seins nus. Mais ça ne suffira pas à vous faire aimer le film si vous n'êtes pas portés sur le genre. Ça vous satisfera tout juste dans le cas contraire.
Capture: Rex Lee sur Western-Maniacs
samedi 2 juin 2012
Il était une fois le western Européen vol II, le blog
Si vous êtes impatients de recevoir votre volume 2 de la bible de Jean-François Giré, il y a un blog pour suivre l'avancement des opérations:
http://westerneuropeen.blogspot.fr/
On y apprend par exemple que le bouquin sera finalement disponible en librairie, contrairement à ce que j'avais indiqué ici-même auparavant...
Le livre devrait arriver mi-juin.
mardi 8 mai 2012
Top 5 / Flop 5
Le top 5 des posts les plus vus sur ce blog (depuis que google fournit les stats, c'est à dire mai 2008):
C'est bien, très bien pour un blog western. J'en suis très heureux. Si je comprends pourquoi Rocco et Solange y sont, la présence des Dalton me sidère un peu, et j'ose espérer que Terence Hill et Bud Spencer sont là à cause de la popularité persistante du duo, et non pas à cause du mot Cul dans le titre. Quant aux Martyrs, on pourrait croire qu'ils sauvent l'honneur, mais j'ai comme un doute, il doit bien y avoir une raison peu reluisante là-dessous.
Bref, les années passent, Internet ne mûrit pas vraiment.
Et voici le flop 5:
A noter que les stats google sont une vaste blague, puisque certains articles prétendument jamais lus ont malgré tout des commentaires.
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C'est bien, très bien pour un blog western. J'en suis très heureux. Si je comprends pourquoi Rocco et Solange y sont, la présence des Dalton me sidère un peu, et j'ose espérer que Terence Hill et Bud Spencer sont là à cause de la popularité persistante du duo, et non pas à cause du mot Cul dans le titre. Quant aux Martyrs, on pourrait croire qu'ils sauvent l'honneur, mais j'ai comme un doute, il doit bien y avoir une raison peu reluisante là-dessous.
Bref, les années passent, Internet ne mûrit pas vraiment.
Et voici le flop 5:
Années 1910, western américain, William S. Hart
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0 Nombre de vues
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20/10/09
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Années 1920, western américain
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0 Nombre de vues
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09/01/10
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Années
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5 Nombre de vues
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27/03/10
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Années 1920, Fred Thomson, western américain
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3 Nombre de vues
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20/03/10
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Années 1920, western américain, William S. Hart
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17/03/10
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Années 1920, western américain, Yakima Canutt
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0 Nombre de vues
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15/11/09
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Merci à tous de cliquer sur ces messages ;-)
A noter que les stats google sont une vaste blague, puisque certains articles prétendument jamais lus ont malgré tout des commentaires.