The martyrs of Alamo
Alamo sans paroles et sans John Wayne, c’est bien aussi.
1915
William Christy Cabanne
Avec : Walter Long, Sam de Grasse, Alfred Paget, Alfred D Sears
Mexicains, si vous voulez envahir le Texas, évitez d’humilier la population, ça les rend nerveux.
The Martyrs of the Alamo, est vieux, très vieux, il date de 1915. Il est beaucoup plus proche de la date réelle des évènements d’Alamo que nous le sommes. Pas tant que ça néanmoins. 1915, c’est 79 ans après la bataille, donc il ne restait plus de vétérans de cette guerre texano-mexicaine dont la fameuse bataille d’Alamo est l’épisode le plus marquant. Mais quand même ! J’ai vu un jour un vieux petit film d’actualité qui montrait des vétérans de la guerre de sécession en train de défiler, ça m’a touché ce témoignage cinématographique direct d’une guerre qui pourtant, n’a jamais été filmée. The Martyrs of the Alamo m’a ému également : voir cette tragédie jouée par des gens nés dans le même siècle que les vrais Davy Crockett, Jim Bowie et William Travis, cela rajoute, non pas une touche de véracité, mais comme un chaleureux hommage d’une équipe à la génération de leurs grands parents.
De toute manière, si l’on en croit The Martyrs Of Alamo, des vétérans Texans d’Alamo, justement, il n’y en a pas eu, et même encore moins que chez John Wayne. Le Santa Anna de 1915 ne fait pas dans la dentelle et massacre hommes, femmes et enfants sans distinctions, à deux ou trois exceptions près. Tous les points d’orgue du film du Duke sont là : les premières réussites quand il s’agit de refouler les assauts des mexicains, la rivalité Bowie/Travis, la fameuse ligne pour départager ceux qui veulent mourir libres et ceux qui veulent vivre lâches, l’espoir dans les renforts, et la résistance jusqu’à la mort. On a même Bowie qui n’oublie pas de poignarder un dernier soldat avant de mourir, un de moins, c’est toujours un de moins.
Mais là où le film de John Wayne se perd un peu en papotage pompeux avec les dames sous un chêne centenaire, le film de Cabanne préfère montrer ce qui s’est passé avant Alamo, et après. Avant : les humiliations mexicaines, les armes cachées, la prise d’Alamo par les texans. Après : la revanche Texane de Sam Houston à San Jacinto, avec un épisode curieux ou Silent Smith se fait passer pour un sourd muet. Silent Smith, absent du film de Wayne, me semble-t-il, est un des personnages principaux de cette épopée. Son surnom dans la vraie vie historique est en fait Deaf Smith, et wikipédia n’explique pas si le coup de se faire passer pour un sourd muet est véridique ou pas.
Bref, en 72 minutes, le film muet de 1915 en montre plus que les trois heures du film de Wayne. Vous vous dites du coup : « ouais mais alors niveau action ça doit être la dèche ! » Et bien non, pas du tout. S’il est évident que le film de Wayne est plus grandiose, plus meurtrier, plus flamboyant, la bataille dans The Martyrs of The Alamo ne manque pas de tension et de coups d’éclats : le début est passionnant, bien que répétitif: les Mex se font tirer comme à la foire et Crockett vise si bien qu’il les empêche de mettre en place leurs canons. Crockett se marre sans arrêt, comme un condamné pris de folie. La curée finale est magnifique, toute en mouvement frénétique, le fort grouille soudain de mexicains, et la résistance héroïque des Texans est exacerbée. La mort des héros est fidèle à la légende : Crockett disparaît purement et simplement sous un nuage de mexicains, Bowie se bat jusqu’au bout, aidé par tous les blessés qui meurent mais ne se rendent pas. Il finit embroché. En un mot, c’est violent, et c’est beau.
Alors bien sûr il y a des trucs à la con : les mexicains sont tous abrutis, méchants et torves. Les américains sont tous valeureux et nobles ! Le fort Alamo se voit doté d’un passage secret des plus ridicule, et quand un canon est tiré, on voit jamais le résultat du tir. The Martyrs of the Alamo - dont le titre alternatif est Birth of Texas a été produit par le grand D.W.Griffith, ça n’en fait pas un chef-d’œuvre, mais une curiosité tout à fait remarquable. Le jeu des acteurs, tout en regards appuyés, haineux et déterminés, colle à l’ambiance « résistance acharnée » du film comme un russe à Stalingrad. La prise initiale d’Alamo par les Ricains - « the storming of the Alamo » - a un petit air de « Storming of the Bastille » libérateur. Bref du cinéma héroïque qui tord les boyaux, pas un grand film, mais un bon petit coup de gnole quand même…
Le DVD zone 0. Pas très cher et bien foutu, le DVD de The Martyrs of The Alamo ravira tous les petits snobs qui veulent se la péter avec des DVDs de film muet que personne ne connaît. Pour un film de cette époque, la qualité de l’image est bonne, et la musique d’accompagnement efficace, ni trop moderne, ni trop poussiéreuse. Dommage qu’un petit logo « The Alamo » soit présent en permanence pendant le film. Bien sûr, l’introduction et les petits bonus sont en anglais sans sous-titre and yer gotta be purty fluent to catch them american accent.
Le bonus le plus intéressant est le court-métrage Shrine of Texas Liberty perdu puis retrouvé, et qui a été tourné à San Jacinto.
El Alamo, antiguo Convento Franciscano
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