Les ravageurs de l'ouest (première moitié)
Plus débile que Trinita, c’est possible. Mais aussi bien que Trinita, c’est plus dur.
C'era una Volta Questo Pazzo Pazzo West
1972
Enzo Matassi
Avec Gordon Mitchell, Dennis Colt, Vincent Scott
Voilà une œuvre qui tente de surfer sur le succès de la série des Trinita, comme des centaines de westerns fayot ont cherché à le faire dans les années 70. Deux frères crasseux, cons et bagarreurs sont chassés de chez eux par leur cataclysmique mégère de mère. Ils se rendent à la « grande ville » pour retrouver leur frère Michael qui tient un saloon.
Plus débile que les Trinita il faut déjà imaginer. C’est pourtant possible. Dans Les Ravageurs de l’Ouest, la scène du repas familial est absolument abominable : Denis Colt et Vincent Scott mangent à même dans l’auge tout en donnant (mal) la becquée au père taré, avec les poules qui volent à travers l’étable et les vaches qui croupissent au fond. Les deux frères partis à la ville sont en guenilles immondes et mangent face à face à califourchon sur leur unique âne qui s’appelle Ouragan. Gordon Mitchell est en roue libre complète, tout grands sourires et navrant de débilité, mais ce n’est rien à coté de ses deux frères : Dennis Colt, qui a totalement perdu toute sa superbe de Django & Sartana, un rien bouffi et inexpressif, et Vincent Scott, gringalet tout sauf crédible dans les bastons, et qui semble perdre ses cheveux par plaques, à moins que ça ne soit un effet de la mauvaise qualité d’image Evidis. Evidemment, de la baston ou toutes les tables sont par terre, il y en a, du dépucelage des deux nigauds qui n’ont jamais vu une femme, il y en a, des repas pris dans la poêle, il y en a, des rots homériques il y en a, le tout avec un mauvais esprit parfaitement assumé qui frise l’état de grâce (et les tas de graisse, comme ce gros barbu qui se prend une raclée d’au moins 20 minutes). C’est tout simplement incroyable de nullité !Mais attention messieurs dames je vous vois déjà saliver en vous demandant comment vous aller pouvoir vous procurer ce petit bijou et le regarder sans perdre la face en société. Si Les Ravageurs de l’Ouest est effectivement un monument de connerie, c’est aussi un panthéon de scènes ratées. Il n’y a tout simplement aucune scène qui ne soit tournée correctement. Les bastons en léger accéléré font pitié, le jeu des acteurs est tellement médiocre qu’il est tout à fait impossible d’être affecté d’une façon quelconque par leurs péripéties. Le montage a été effectué au massicot, ce qui fait que certaines scènes n’ont pas d’explication rationnelle autre que le remplissage, comme ce Shérif accoudé à une barrière, qui soudain sort hors champ, pour se retrouver à l’intérieur du saloon. Le manque de moyen flagrant a beau être utilisé à bon escient (« Toutes ces rues, mais on va se perdre !»), les décors font si peu « western » qu’on serait presque près à pardonner une nouvelle incursion dans tous ces lieux du désert d’Almeria, qu’on connaît par cœur, parce que là on dirait plutôt un village oublié de la grande banlieue de Rome. Et je ne parle même pas du générique, pâle succession de prises de vue bucoliques, encombré de zooms inutiles et de tremblements incontrôlés. L’ensemble est tellement pénible à regarder que tous les gags tombent à plat, aucun sourire ne vient perler sur les lèvres du spectateur décati par tant de nullité. C’est grâce à ce film qu’on se rend compte qu’il faut une bonne dose de talent pour réussir un film con comme On l’appelle Trinita ou Wayne’s world, le réalisateur se doit en effet de respecter une subtile mécanique du gag (même s’ils sont nuls) et d’avoir suffisamment de moyens pour garantir un minimum de crédibilité aux situations comiques (même si elles sont navrantes). En gros, il ne suffit pas de vouloir faire un film nul pour en réussir un.
Pour ma part, Les Ravageurs de l’Ouest est un western fayot tellement raté que j’ai abandonné au bout de quarante minutes, soit tout de même la moitié du film. Au moment où la mère et le père débarquent à leur tour en « ville », c’en était trop pour moi, toutes mes excuses pour le cas improbable où la deuxième moitié serait à pisser de rire par terre. Je me suis promis de regarder la suite un jour, dans des conditions psychiques différentes, en espérant que cette deuxième partie se révèlera comme le chef d’œuvre du film comique des années 70. Si ça se produit, promis, vous aurez droit à un petit mot. En attendant, ce film est à réserver aux nombreux inconditionnels de Gordon Mitchell, ainsi qu'aux fans de l'immense Dennis Colt (c'est à dire Flingobis uniquement).
Evidis darling, 4.99€ pour cette daube inregardable, ça mériterait de porter plainte pour harcèlement moral. D’ailleurs la jaquette ne sait pas trop sur quel pied danser : « Une descente aux enfers à vivre "en famille" ». On sent la tentation de vendre le produit comme un western sérieux (« descente aux enfers ») au cas où on ne remarquerait pas que c’est une merde, mais le terme « en famille » tente maladroitement de rajouter un second degré tout aussi subtil que l’humour du film lui-même. Du grand lard !
Je me suis forcé à regarder cette daube aux fayots au-delà des 40 mn. En un mot : pitoyable de bout en bout. A la fin, les scènes de bagarre entre les deux frères sont reprises, avec les mêmes "dialogues", mais l'image est un peu délavée pour faire comme si ce n'était pas les mêmes... à moins que ce soit la copie du film qui ait subi un mauvais traitement. Bref, les deux frangins - Dennys Colt et le blond dégénéré dont j'ai oublié le nom - retournent à la maison pour prendre le repas et là, magnifique, il y a non seulement le père sénile mais aussi le grand frère devenu débile à nourrir, avec une machine genre poire à lavement géante remplie de fayots bouillis !
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