samedi 23 juin 2007

Chasse à mort



Rambo, c’est rien qu’une lopette…

Death Hunt
Peter R. Hunt
1981
Avec: Charles Bronson, Lee Marvin, Carl Weathers, Angie Dickinson

Attention, spoilers
Albert Johnson (Charles Bronson) aime bien les chiens. Il sauve un beau toutou blanc de la mort lors d’un combat de chiens et le rachète à son propriétaire (Ed Lauter). Mais ce cupide rustre prétend bientôt que Johnson lui a volé son chien, et il part monter une petite expédition punitive avec quelques potes. Charles Bronson étant Charles Bronson, ça tourne assez mal et il y a bientôt un mort dans l’histoire, plus le chien. De son coté, le Sergent Edgar Millen (Lee Marvin) de la police montée aurait bien voulu rester peinard à ne rien faire, mais maintenant qu’il y a un mort, il est obligé de se bouger. La chasse à l’homme commence donc, et comme on est en plein Yukon par ce bel hiver de 1931, ça complique un peu les choses…
Chasse à mort raconte l’histoire de deux hommes, deux vrais, parmi les derniers d’une génération, qui s’affrontent et s’estiment. Charles Bronson, vieilli, pourchassé dans la rigueur de l’hiver Canadien fait passer Rambo pour un chasseur du dimanche. Il a le même type de marginalité, il sait aussi réserver quelques coups fourrés à ses poursuivants, on finit également par apprendre qu’il a un solide passé militaire qui le rend plus ou moins invulnérable, mais il n’a pas un M60 pour tirer dans le tas comme cette femmelette de Stallone ! Impossible de ne pas penser au film de Ted Kotcheff, pourtant réalisé un an plus tard, d’autant plus que Carl Weathers, figure emblématique de Rocky tient ici un rôle important. Certaines scènes sont identiques ou presque (remplacez l’hélicoptère par un avion), mais dans un décor plus beau, d’autres sont mieux, et aussi dans un décor plus beau. Alors faites votre choix.
Lee Marvin, plus tout à fait jeune non plus, joue son numéro de bourru sympathique et obstiné. Il sourit en observant Bronson de loin aux jumelles, et Bronson lui sourit en retour. Au fond, ces deux là s’adorent et se respectent. Tous les autres, du jeune rookie (Andrew Stevens) qui apprend petit à petit que la police ne fonctionne pas qu’à coup de règlements, aux chasseurs de primes et miliciens de tout poil qui sentent l’odeur de l’argent aussi bien que leurs chiens sentent l’odeur du fuyard, ne sont que des résidus d’humanité qui incarnent la déchéance du progrès dans une nature belle, grandiose et presque encore inviolée. La radio et l’aviation font leur chemin, petit à petit, même dans les contrées aussi reculées que le Yukon, et Bronson et Marvin savent qu’ils n’ont plus leur place ici. La fin de l’histoire - attention au spoiler qui suit - rappellera à ceux qui connaissent, la conclusion du Dernier face à face. Parfois l’homme est confronté à des choix, et préfère faire confiance à l’instinct de justice qui réside dans ses tripes plutôt qu’à la justice plutôt expéditive des hommes.

Les scènes d’action sont bien menées, la musique est haletante et la violence sanguinolente éclate par brefs épisodes sporadiques, il est juste un peu dommage que le tempo ralentisse un petit peu sur la fin. Angie Dickinson a quelque peu vieilli elle aussi depuis l’époque où elle contait fleurette avec le Duke, et surtout dans ce film là, elle ne sert absolument à rien. Elle ne s’en excuse pas et disparaît bien vite pour laisser les mâles assurer le spectacle à coup de dynamite et de canon scié. Qu’on le veuille ou non, c’est là l’essence du western, et c’est pour ça qu’on allume le poste, qu’on glisse le DVD (-R rôooo) dans le lecteur et qu’on monte le son. Et la cerise sur le gâteau, c’est bien sûr une certaine mélancolie qui se dégage des paysages hivernaux, ces hommes tout petits dans le blanc du grand nord, et cette volonté fiévreuse dans le blanc des yeux. On notera aussi les agissements d’un trappeur un peu cinglé qui arrache les dents en or de ses victimes. Je ne dis pas ça pour vous donner envie de voir le film, non, mais si j’étais vous j’essaierai quand même de le trouver. Je remercie d’ailleurs ici le shérif modérateur du forum western movies de m’avoir fait découvert ce petit western qui ne fait ni dans la dentelle, ni dans l’excès, ni dans les sentiments. Simple, droit sur ses raquettes, sans prétention intellectuelle inutile, solide et avec des stars et beaucoup de moyens. Bon comme un bon bol de chocolat, au coin d’une cheminée dans un chalet en rondins, avec le bruit des pas feutrés dans la neige au dehors…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire