Rio Grande
Rio Grande
John Ford
1950
Avec : John Wayne, Maureen O’Hara, Ben Johnson, Harry Carrey Jr., Claude Jarman Jr.
John Wayne est le commandant d’un petit fort reculé pas loin du Rio Grande. Les Apaches lui mènent la vie dure, et le plus rageant c’est qu’ils traversent le Rio Grande pour se réfugier au Mexique où la cavalerie américaine n’a pas le droit de pénétrer. Comme si cela ne suffisait pas, le fils du Duke (Claude Jarman Jr ) vient d’être affecté dans sa garnison. Et vla ti pas en plus que la mère du garçon (Maureen O’Hara ) rapplique, bien décidée à sortir le fiston de la rigueur militaire.
On prend les mêmes et on recommence. Troisième film de Ford sur la cavalerie américaine (après Le Massacre de Fort Apache et La Charge Héroïque), Rio Grande reprend un casting très proche de La Charge Héroïque, dans une tentative de retrouver la bonne humeur et l’émotion de ce grand film. Mais là où La Charge Héroïque faisait souffler le souffle épique de l’épopée (attention, double pléonasme), Rio Grande se contente d’une intrigue somme toute mineure où l’action manque encore plus cruellement de nervosité que dans le film au ruban jaune. Là où La Charge Héroïque faisait pleurer le boy scout de moins de vingt ans par la grâce d’une seule chanson (She wore a yellow ribbon), Rio Grande enchaîne les chansons country du groupe « Sons of the pioneers ». On aime ou on n’aime pas, c’est un fait, mais en ce qui me concerne, la musique doit accompagner l’action et l’émotion, et non pas les ralentir ! Là où La Charge Héroïque faisait rêver en technicolor sur fond de Monument Valley, Rio Grande peine à faire exister l’espace en noir et blanc, et à rendre palpable cette rivière mythique qui sépare le Texas du Mexique. Là où La charge Héroïque parvenait à émouvoir par la nostalgie de ce vieux capitaine en pré-retraite, Rio Grande n’éveille qu’un intérêt poli avec cette histoire de réserve paternelle qui finit par se fissurer sous les coups de boutoir de la fibre maternelle de Maureen O’Hara.
On n’est pas loin du ratage complet, et seule une certaine réserve à l’égard du maître Ford vénérés de tous m’empêche de dire que le film est totalement chiant et sans intérêt. D’ailleurs ce serait faux, puisque malgré l’ennui qui plombe le film, on remarque tout de même forcément John Wayne qui assure, comme toujours, et surtout dans les scènes comiques. On cause souvent à foison sur John Wayne, le Cowboy réactionnaire dur à cuire, mais on évoque rarement son talent pour la comédie, qui explose pourtant littéralement dans certains films comme L’homme tranquille ou Rio Bravo. Face à la femme, John Wayne est toujours drôle, et dans Rio Grande il ne déroge pas à la règle. Mais honnêtement, il vaut mieux le revoir dans L’homme tranquille ou La Charge héroïque que dans ce film mineur où le talent de Ford n’apparaît qu’en demi-teinte.
Même pour Victor McLaglen qui fait son numéro habituel, même pour cette belle bataille finale dans un pueblo mexicain où la cavalerie arrive juste avant que les carottes soient cuites et qui voit le Duke recevoir une flèche en pleine poitrine, avant de repartir au final avec une simple écharpe sous le bras, je recommande beaucoup plus chaudement La Charge Héroïque, plus humain, plus drôle, plus attachant. Rio Grande montre bien que même les plus grands réalisateurs ne maitrisaient pas toujours la recette particulière de leur réussite.
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