La mort au large
L’Ultimo squalo
1981
Enzo G.Castellari
Avec James Franciscus, Vic Morrow, Micaela Pignatelli, Joshua Sinclair
Quelque part sur la côte Ouest des Etats-Unis, une petite station balnéaire est terrorisée par un requin en plastique. Malgré tout, la petite course locale de planche à voile aura bien lieu.
Les amateurs de western spaghetti connaissent bien le nom d’Enzo G.Castellari, réalisateur d’un certain nombre de westerns, dont le merveilleux Keoma. Il connaissent aussi les frères De Angelis, auteurs de la non moins merveilleuse musique de Keoma (pour quelques uns en tout cas…). Les voir ici tous réunis pour un film de requin devrait logiquement au moins attirer leur attention, ce qui fut mon cas.
Six ans après Spielberg, Castellari met donc son talent de faiseur au service d’un quasi remake des Dents de la mer 1 et 2 avec même plagiat par anticipation du 3 en ce qui concerne la mort du bestiau. Avec un requin un peu moins réussi, un Quint un peu moins loup de mer, un politicien véreux un peu moins enfoiré, un journaliste qui se fait frapper par le héros on ne sait pas trop pourquoi, mais des scènes d’action qui vont beaucoup plus loin dans le grand guignolesque. Quitte à bouffer un hélicoptère, autant couper d’abord en deux le mec suspendu en l’air (qui ne lâche même pas prise…) ! Quitte à s’attaquer à la fille du héros, autant lui bouffer la jambe mais la laisser vivre, de façon à rajouter un peu de sadisme à l’histoire ! Quitte à attaquer une planche à voile ou une embarcation légère, autant leur faire faire des bonds de trois mètres à chaque fois !
Mais tout disposé que j’étais à l’avance à railler ce film, je dois bien avouer que j’ai été singulièrement épaté par un certain nombre de scènes particulièrement réussies et par l’absence totale de crainte du ridicule du cinéaste. Castellari n’a peur de rien, et il ne nous vole pas : il fait vraiment au mieux avec son modeste budget. Là où certains auraient pu prendre le manque de moyens comme prétexte pour faire un film tout en suggestion, Castellari ne se cache pas dans le sable et part du principe qu’une scène d’action ratée vaut mieux que pas de scène d’action du tout. Ainsi la scène d’anthologie est-elle celle où le requin emmure vivants nos deux héros dans une grotte sous l’eau, à coup de museau dans la rocaille! En outre, certaines scènes sont malgré tout très spectaculaires, par exemple lorsque le requin fait chuter tous les véliplanchistes les uns après les autres, comme un chien dans un jeu de quilles. Le ponton à la dérive avec quatre ou cinq personnes dessus et un caméraman qui se fait couper en deux (encore un…) offre un moment de tension assez efficace, même si le spectateur doit s’accommoder d’un requin plastiquement assez réussi mais beaucoup trop statique pour être crédible ! (En plus qu’est ce que c’est que ce requin qui sort de l’eau et ouvre la gueule à chaque fois avant d’attaquer ?).
Les frérots De Angelis composent une musique bien prenante, bien que moins mémorable que celle de Williams. Castellari s’offre un final avec une petite musique douce de piano violonneux, à contre-emploi, qui sans désamorcer la tension, provoque une certaine mélancolie et fait du passage obligé de la mort du requin une des meilleures scènes du film. Tout comme les italiens ont rendu les duels de western poignants grâce à la musique, Castellari et les frères De Angelis font de l’explosion du requin un moment d’extase douce, où la musicalité est surlignée par des ralentis sur fond d’océan infini. Cette scène fait en outre écho à la scène initiale ou le pseudo-Quint découvre médusé un bout de planche à voile déchiqueté.
Et oui, comme pour les westerns spaghetti, il suffit parfois de trois ou quatre petits détails bricolés avec amour et conviction pour faire d’un film méprisé par l’intelligentsia un petit film cher à son cœur.
Si un soir vous hésitez entre Navarro et Capital, passez vous plutôt La Mort Au Large. C'est plus con, mais c'est moins malhonnête!
Maintes fois évoqué, sinon vanté sur eightdayzaweek.blogspot.com (et sur seurtine.blogspot.com) puisque tenu pour l’un des meilleurs clones du Jaws de l’été 75, l’opportuniste réalisation de Castellari se présente tout de même comme une version rigoureusement nanardeuse, extrême-bisseuse, du cauchemar Melvillo-Spielbergien. Pour preuve éclatante ce requin, jamais deux fois le même (et jamais de la même taille !), montré sans cesse à grands renforts de stock-shots (images d’archives type Cousteau) à peine étalonnés nappant d’une couche supplémentaire de ridicule un pudding déjà riche en bienheureuses naseries… Micro-plagiats scrupuleux et réguliers (mais d’espiègles démarquages aussi (la baignade des jeunes planchistes ) !), émotions téléfilmiques (le chevet de la fille de Benton, récemment attaquée par le vilain squale), fxs baveux et répétitifs (le molosse ne semble goûter que les gambettes de ses victimes), surenchères voulues (en vain !) spectaculaires (le requin se tape un hélicoptère !), et j’en passe parce que les cuisses me chauffent, font de cet Ultimo Squalo une authentique (et tardive) pépite de complaisance aquatico-latine comme on en tapissa longtemps les murs des vidéo-clubs, ces 80’s bien engagées…
RépondreSupprimerPour tous les fans de bébêtes, un blog quand même pas mal exhaustif:
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et surtout, l'indéboulonnable "Aggressions Animales" !!:
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