dimanche 25 mars 2007

Django ne prie pas



Evidis en remet une couche pour un western psychologique intéressant (mais si, c'est possible).
Mario Siciliano
1968
Avec Gianni Garko, Sean Todd

Sa mère lui avait pourtant répété 1000 fois : « Django n’ouvre jamais ta porte aux inconnus !» Mais Django a oublié ces bons conseils, il ouvre sa porte à des vigilants Nordistes qui lui tuent sa femme et le laissent pour mort. Traumatisé, Django ne se souvient pas de l’identité des tueurs, sa vengeance est impossible. Petit à petit, il devient un cinglé de la gâchette, meurtrier et psychopathe. Son ami Daniel est désemparé.

Je ne pensais pas qu’Evidis pouvait encore me réserver de mauvaises surprises, mais il ne faut jamais douter de rien. Ici l’image est à peu près correcte si l’on excepte les habituelles rayures, et l’aspect «noir et blanc teinté» absolument pas d’origine. Mais la bande son est sourde, très sourde, au point que certains dialogues sont complètement inaudibles, à moins de monter le son à 1400W, ce qui a pour effet indirect d’inciter les voisins à appeler la police.

Donc, encore un film à peu près correct dont l’appréciation est gâchée par les mauvaises conditions de visionnement. Car il y a beaucoup de bons points à sauver, dans Django ne Prie Pas. En premier lieu le thème de la vengeance, qui est complètement écarté ici au profit de l’évolution psychologique du personnage de Django, qui sombre peu à peu dans la démence. Cette démence est mise en image assez efficacement par des effets de zoom à chaque fois que Django voit un motif rappelant une étoile, l’étoile que portaient les vigilants qui ont assassiné sa femme (au passage, le western italien se donne grand plaisir à écorner l’image droite et noble du soldat nordiste, du Bon la brute et le truand, à Adios California). Deuxième point fort du film, la mise en scène tente des effets parfois surprenants (la caméra quitte Django qui dort, va se perdre dans les rochers, revient sur Daniel qui s’est endormi, pour revenir sur Django qui en fait ne dort pas…), parfois curieux (la caméra qui s’attarde et zoome sur une branche d’arbre sans raison apparente) et parfois classiques (gros plans, zooms, cadrages exotiques, montage nerveux…) mais réussis. Même si beaucoup de défauts subsistent, la moyenne est donc plutôt honorable.Malheureusement, les acteurs ne m’ont pas convaincus, en particulier Gianni Garko qui ne parvient pas à donner à Django suffisamment de charisme pour qu’on s’attache à lui, ni de folie pour qu’on le craigne,quoique son jeu soit loin d’être aussi monolithique que certaines stars du western italien. La musique, assez « hollywoodienne » est parfois efficace, mais peu marquante. Autre bizarrerie dans Django ne Prie Pas, les décors sont parfaitement utilisés, mais le budget costume n’est visiblement pas à la hauteur de la variété vestimentaire habituellement constatée dans le genre. Tous les personnages sont grosso modo habillés des mêmes oripeaux classiques du cowboy de série B : petit chapeau, petit veston ajusté et ceinturon à grosse boucle. Droits dans leurs bottes, les affreux comme les gentils manquent singulièrement de crasse et de prestance, bien que la barbe de trois jours soit de rigueur. Mais heureusement, et c'est là finalement le plus important, ce western n’est pas avare en « scènes spaghetti », c'est-à-dire des situations ou des plans qui ne font pas particulièrement avancer l’histoire, mais qui définissent l’atmosphère trouble et le charme du western spaghetti : le prologue en plein orage, une porte qui s’ouvre et se referme, un gros plan sur des éperons ou une étoile, un duel à cheval original, Django et une femme titubant dans le désert aride, Daniel qui ramène son frère en croix... Autant de stimuli visuels, qui s’ils ne suffisent pas à faire un grand film, satisferont pleinement l’amateur spaghettophile.

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