mercredi 27 janvier 2021

Les Chasseurs de Scalps


 

1969 

Sydney Pollack 

Avec: Burt Lancaster, Ossie Davis, Telly Savalas 

Ce qui faisait le sel de ce film à l'époque, (et encore il y a une trentaine d'années quand je l'ai découvert) c'était la rupture avec les conventions habituelles du western (Burt Lancaster énaurme dans son contre-emploi), le côté iconoclaste de l'ensemble faisant souffler un petit vent de folie grisant (largement porté par Telly Savalas) et décoiffant. Une prise de position à la fois plus adulte et moins théâtrale pouvait faire croire au spectateur qu'on ne se moquait plus de lui, et qu'enfin on arrêtait de lui servir le mythe du héros de l'ouest tantôt droit et valeureux, tantôt abject mais romantique, pour ne montrer par le biais de l'humour que des hommes assez grossiers versus des hommes plus cultivés, renversant au passage leurs clichés respectifs (ie le kebla (Ossie Davis) et les natives sont finalement les plus finauds et respectables), le tout emballé, du coup, dans une critique anti-raciste bienvenue (si). 

 

Aujourd'hui, si j'ai encore été sensible au jeu des acteurs et à la qualité de l'ensemble (et pis une image restaurée ça aide aussi), si certaines trouvailles, telle cette bagarre sans vainqueur final où la boue empêche de distinguer le blanc du noir, ont encore réussi à m'épater, je trouve que le motif global de la fable est devenu lourdingue et pataud, que le manque de rythme rend parfois les ficelles un peu grossières (au point d'avoir l'impression parfois, qu'on se moque de moi), et que le film désormais défonce des portes qui ont été largement ouvertes depuis bien longtemps. On sait où on nous emmène, sauf qu'on a vu tellement de films qui mettent des coups de pied dans les conventions du western, et parmi ceux-là tellement de chefs-d’œuvre, que là, pour le coup, on a du mal à vraiment accrocher. 

 Mais sinon c'est bien...

 

 Photo: Western Movies

dimanche 17 janvier 2021

Westworld Saison 3


 

La saison 3 de la série Westworld nous montre enfin le monde extérieur, un monde futuriste froid et aseptisé loin des majestueux paysages de western des saisons 1 et 2. D'un côté, ce changement de décor nous fait gagner en intérêt et en intensité, dans la mesure où la saison 2 tournait largement en rond dans le parc, d'un autre côté on perd la légère originalité de la série pour se retrouver dans une intrigue de science fiction beaucoup plus classique avec des réplicants hôtes face à des humains.

A vrai dire cela fonctionne plutôt bien, surtout après l'ennui poli ressenti tout au long de la saison 2. L'originalité de l'histoire consiste à révéler que, tout comme les hôtes qui hantaient le parc de Westworld, les humains qui peuplent le monde réel n'ont aucun libre arbitre, contrôlés qu'ils sont par une IA en forme de boule rougeoyante qui analyse, probabilise et modélise leurs destinées à grand renfort d'algorithmes. La référence aux réseaux sociaux actuels et aux méthodes marketing destinées à moduler nos subconscients en acheteurs compulsifs est bien sûr transparente. 


 

L'IA en question a été inventée par un certain Enguerrand Serac (joué par un Vincent Cassel plutôt bon), à moins que Serac ne soit qu'un avatar de ladite IA, ce n'est pas très clair au final. Cette IA prend soin d'éliminer tous les humains qui ne rentrent pas dans sa modélisation, psychopathes, poètes et autres gauchistes. L'hôte joué par Evan Rachel Wood, qui était une jeune femme sensible dans la saison 1 est désormais une blonde platine fatale de type Terminatrice, les yeux fixes, déterminée à utiliser l'IA pour libérer l'humanité, à moins que ce soit pour la détruire, son but étant volontairement flou jusqu'à la fin. 

Hop, ça ne manque pas d'action, on ne cherche pas sans arrêt à nous retourner les situations avec des twists à n'en plus finir et ma foi, sans que ce soit la série du siècle, on a réussi pendant ces huit épisodes à ne plus penser aux affres angoissantes de notre époque (au moment où j'écris ces lignes: le Covid et Trump). C'est déjà ça de pris. Certaines sous intrigues ne semblent pas résolues et on n'est donc pas à l'abri d'une saison 4. On verra bien ce que ça nous réserve.