vendredi 23 mai 2008

Don’t come knocking



Wim Wenders
2005
Avec Sam Sheppard, Jessica Lange

Wim Wenders fait partie de ceux qui étaient réalisateurs à la mode intellectuello-bcbg des années 80 (Les ailes du désir, Paris Texas) et dont on regarde chaque nouveau film avec un intérêt poli dans les années 2000. Million Dollar Hotel manque de souffle, Land of Plenty manque de souffle. Wenders filme lentement, mélancoliquement – comme il l’a toujours fait – la vie de marginaux auxquels on a bien du mal à s’attacher. Don’t come knocking narre le retour aux sources d’un acteur de western – jadis une star – qui apprend qu’il a un fils. Sam Sheppard met toute son énergie dans ce personnage (il a écrit le scénario) et pourtant, on n’est pas emballé. Wenders filme magnifiquement les paysages de westerns américains et pourtant, on n’est pas emballé. Comme d’habitude, le réalisateur place ici et là quelques personnages et scènes incongrus qui ne semblent avoir d’autre but que d’être incongrus pour le seul plaisir de l’incongruité. Alors oui, sûrement, il y a une raison dans la tête du réalisateur pour montrer un joueur de golf en plein désert, pour montrer une fille quasi-fantôme qui se ballade avec les cendres de sa mère sous le bras, pour montrer le héros qui reste des heures sur un canapé en plein milieu de la rue. Le problème de ces petites vignettes incongrues, c’est que lorsque le récit contient des moments qui semblent faire sens dans le sens primairement classique du terme (vous savez, un film avec une histoire, des personnages auxquels on s’attache, un début, un milieu, une fin (dans cet ordre)) on n’est plus trop sûrs d’avoir saisi la quintessence de ce qu’il y avait à saisir. On citera par exemple la compagnie d’assurance qui veut récupérer son acteur, l’acteur qui fait le con au casino qui s’inscrivent dans une dramaturgie avec des petits bouts de suspense dedans, mais dont on se demande finalement s’ils étaient bien nécessaires au film. La relation père-fils suit le schéma classique à coup de grands dialogues bateaux (« tu ne seras jamais mon père ! ») et de simili happy-end final. Qu’apporte cette histoire par rapport au même film qui serait tourné par l’écurie Disney avec trémolos dans la voix, tapes dans le dos et le chien qui jappe autour ? Rien. Certes, c’est tourné différemment (c’est du Wenders quand même), mais le résultat final n’apporte rien de plus à une histoire clichée. Le fan de western peut voir ce film pour les superbes paysages américain, mais il y aura fort à parier qu’il se sentira beaucoup plus attiré par le faux western dont on aperçoit des affiches (Just like Jesse James) – voire par l’espèce de western typé années 30 que joue l’acteur au début et à la fin du film (on reconnaît George Kennedy en réalisateur) – que par cette banale histoire parsemée d’incongruités.

2 commentaires:

  1. Si ce smiley signifie que j'abuse moi aussi des doubles parenthèses, je suis pourtant loin d'atteindre le niveau de notre cher Mariaque.

    RépondreSupprimer