dimanche 15 juin 2008

Amigo! Mon colt a deux mots à te dire

Maurizio Lucidi
Si puo fare... Amigo !
1972
Avec : Bud Spencer, Jack Palance

Résumé : Bud Spencer soupire, mange, grommelle, baffe à tout va, prend son air de chien battu et baffe encore.

« Les bas-fonds du western spaghetti ». L’auteur de cette critique expéditive lue sur Télérama ou autre n’a certes pas vu Les Ravageurs de l’ouest (à moins qu’il ait voulu dire « les baffes font le western spaghetti »). Pourtant on comprend bien ce qu’il veut dire. Amigo ! Mon colt à deux mots à te dire est un Trinita sans Trinita, un Terence Hill et Bud Spencer sans Terence Hill. Et malgré tout l’attachement que l’on porte aux films de Terence Hill et Bud Spencer, jamais on n’en viendrait à dire que les deux Trinita sont réellement de bons films ! Alors un Terence Hill & Bud Spencer avec seulement Bud Spencer, on en est encore plus loin.
Pourtant, pourtant, un charme ineffable - imperceptible des critiques de Télérama - opère, charme tout entier porté par la stature de Bud Spencer et la nonchalance de la mise en scène. Coburn (Bud Spencer) est en effet un brave type – bon, voleur de chevaux quand même – qui n’aspire qu’à une chose : qu’on lui foute la paix. Or, où qu’il fasse, quoi qu’il baille, on lui tire dessus, on veut le pendre, on veut le descendre, on lui refile un gamin à s’occuper, on veut le marier. Bud Spencer subit tout ça sans s’énerver, baffe qui en a besoin sans se fatiguer et soupire un bon coup à chaque fois qu’on veut le tuer. Bud Spencer imprime son rythme au film, là où Terence Hill imposait aux réalisateurs une mise en scène plus athlétique et plus nerveuse dans les autres films du duo. Et finalement, cette nonchalance, ce parti pris de la force tranquille du colosse font de Amigo ! Mon colt a deux mots à te dire un film attachant qu’il est impossible de complètement détester. D’abord à cause d’une musique de Bacalov qui fleure bon les années 70, cheesy et inadéquate au possible, mais qui bien sûr s’incruste dans votre tête tout au long de l’intrigue. Ensuite à cause d’une avalanche de bons sentiments rendus nécessaires par le public enfantin auquel s’adresse le film : Bud Spencer naturellement s’attache au gamin et en viendrait presque à vouloir s’installer avec lui dans la ferme des Mc Bains.



Mais bien sûr les méchants pas vraiment méchants viennent leur chercher des noises, méchants qui à la moindre occasion se retrouvent désarmés histoire de se prendre quelques baffes. Coburn, qui se déplace toujours désarmé est un être attachant, non violent sauf quand on le cherche, refusant tout net de faire partie de la société traditionnelle (le mariage), et la conclusion du film ferait presque penser à celle d’Alexandre le Bienheureux, lorsque Coburn se retrouve marié à une mégère impossible. Amigo ! Mon Colt à deux mots à te dire, film contestataire ? On en est loin, mais force est de constater qu’on aimerait pouvoir avancer dans la vie comme il le fait sur son cheval nommé « ronfleur » : tranquillement, sans se prendre la tête, sans stress et avec flegme.


Sinon, on a aussi droit à Jack Palance en train de saborder sa carrière avec ce rôle de meneur de jeunes filles en jupon qui veut sauver l’honneur de sa soeur. Palance se choppe un torticolis suite à une baffe de Bud Spencer, il cabotine en mâchouillant un porte cigare, mais n’atteint pas le niveau de médiocrité exacerbée de Te Deum sorti la même année. Et oui, mais même dans cette partie de sa carrière, on l’aime bien Jack Palance, sa trogne impayable et ses rictus caractéristiques en font le méchant sympathique le plus populaire de l’Ouest espagnol. Alors, Amigo ! Mon colt a deux mots à te dire est-il encore un de ces westerns fayots que les aficionados aiment tout en admettant qu’ils sont complètement nuls ? Et oui, c’est exactement le cas, mais celui-ci est tout entier tourné vers Bud Spencer – en général un peu sous-représenté dans les Trinita – ce qui en fait un western fayot un peu à part, fatigué, lent, au budget de misère, mais attachant tout de même à cause de son interprète principal et de son empreinte sur la vie. Très supérieur donc aux réels bas-fonds du western italien peuplés des Ravageurs de l’Ouest et autres Dollars plein la gueule.

6 commentaires:

  1. Tu achètes Télérama ou bien tu es allé récemment chez le dentiste ?
    Remarque, non, en général, on trouve plutôt des Voici dans les salles d'attente. C'est incroyable à quel point les magazines people peuvent être soutenus par les professions médicales.
    Pour peu que tu aies une constitution légèrement faiblarde qui t'oblige à des visites régulières et tu peux finir chroniqueur sur Direct8 ou NT1.


    Et en parlant de "hits", tu les cibles toi hein. ;o)
    Avec "télérama" et "western", je n'ose imaginer qui va débarquer.
    Je préfère encore mon "Bukkake" associé à "Marvel" tiens. Un type qui aime éjaculer sur autrui tout en lisant des comics ne peut être pire qu'un téléphage prétentieux et encolté.
    ;o))

    RépondreSupprimer
  2. J'en ai ras-le-cul, surtout depuis la chanson de Renaud Séchiant, des keums qui pissent à la raie de Télérama.
    Ce n'est pas le magazine qui fait le lecteur ! Le lecteur a son libre-arbitre et picore, s'instruit, comprend ce qu'il veut de tout ce qu'il lit.
    Et puis, on peut être un nostalgique des premiers X-men (Cyclope, Fauve, Iceberg, etc. et pas tous ces néo-mutants de pacotille marketing) et lire Télérama aujourd'hui ;-D

    Gatto, inventeur à l'instant du collectif "Touche à ma presse écrite mais paye-là avant !"

    RépondreSupprimer
  3. Télérama, c'est une vieille histoire, une histoire de famille qui n'en finit pas. On s'abonne, on se désabonne, on ne lit plus, on y revient toujours.
    En ce moment, je ne le lis plus, mais je le trouve toujours chez les parents. Je ne supporte plus leurs jeux de mots, leurs petits articles approximatifs qui se multiplient au détriment des articles de fond, leurs articles de fond qui ne servent à rien (la sempiternele analyse de sondage sur le rapport des gens à la télé) et surtout leurs petits avis expéditifs à grand renfort de bons mots.
    Et comme le dit Blindman sur la vieille mine (http://www.dvdrama.com/blog/tepepa/), ils font des efforts pour aimer le western spaghetti et le cinéma de genre en général, parce que Tarantino, parce que c'est tendance, mais au fond, ils continuent à détester.

    RépondreSupprimer
  4. Je suis scandalisé par ce que je viens de lire.
    Je me fais en ce moment même l'intégrale des X-men (je n'en suis qu'au 25 sur 400, j'ai du pain sur la planche cet été) et il s'agit bien d'Iceman et non d'Iceberg (à moins qu'un Iceberg irrupte dans d'ultérieurs épisodes).
    Vraiment, ce Gatto, il ne respecte rien !
    Céans bêtant !

    RépondreSupprimer
  5. Je me permets de protestationner avec vigouration, mais pour les lecteurs historiques de Strange, il n'y a qu'un seul et unique Iceberg et pas plus d'Iceman que de beurre en broche céand-t-s.
    Mais je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans...

    RépondreSupprimer
  6. Nous avons chargé notre département "Vérité Historique et Riz Basmati" d'enquêter sur ce différend : la vérité historique est donc la suivante : Iceberg est le nom français du seul, unique et original Iceman.
    Nous chargeons maintenant notre département "Plates Excuses et Ornithologie" de contacter El Gatto sous 24h.

    PS : nous ne manquerons pas de faire remarquer que certains ont tout de même suffisamment de classe pour lire les comics en version originale. (ce que nous confirme notre département "Fierté, Suffisance et Culture Hopi".)

    RépondreSupprimer