mercredi 17 mars 2010

Three Word Brand


Three Word Brand
Lambert Hillyer
1921
Avec: William S. Hart.

En ce mois d'octobre 1921, les acteurs semblent s'être donné le mot pour sortir des films dans lesquels il jouent deux rôles. Mary Pickford dans Little Lord Fauntleroy, James Kirkwod dans The great impersonation et Charlie Chaplin dans The idle class. William S. Hart surenchérit en jouant carrément trois rôles dans Three Word Brand.

Au crépuscule de sa carrière, Hart joue un père de famile qui se sacrifie pour sauver ses deux jumeaux de la menace des indiens, et c'est donc le premier film de Hart dans lequel il m'est permis d'assister à la mort de l'acteur, et ce, en outre au bout de dix minutes seulement, avec quelques peaux rouges qui trépassent également dans l'explosion du chariot. Le prologue est simple et direct, touchant, inscrivant comme souvent la petite histoire dans la grande, avec ce changement de génération, la disparition des Cheyennes et la civilisation toujours en marche.

Devenus grands, les deux jumeaux (tous deux joués par Hart) ont chacun été élevés par une famille adoptive différente et ignorent l'existence l'un de l'autre. L'un est devenu Gouverneur, adepte de la politique non politicienne, l'autre est devenu co-propriétaire de ranch, dur à cuire et répondant presque toujours par courtes phrases de trois mots (pas plus), d'où le titre Three Word Brand (Brand étant son prénom).

Ce renoncement de l’acteur au personnage du bon-mauvais bougre cavalant par monts et par vaux, toujours joué par Hart jusqu'ici, pour un prosaïque rancher plus attaché aux veaux qu'au vaux dit bien l'état d'esprit de l'acteur à l'époque, qui ne doit plus qu'un seul film à la Paramount après celui-ci, et qui désire avoir des enfants et acheter un ranch. On arrive bien au bout de la piste pour notre grand acteur.

Néanmoins, business is business, et une intrigue politicienne à base d'accès à l'eau vient interférer avec l'éveil à l'amour de Brand, Hart nous refaisant pour la centième fois la scène de l'homme rustre en arrêt béat, la bite au garde à vous devant la féminité épanouie (c'est une image rhétorique bien sûr, pas une image du film). Pas mal de redites (tournant au poncif) émaillent ici et là Three Word Brand, le clou du spectacle étant cependant constitué par Brand prenant incognito la place du gouverneur à Salt Lake City, donnant ainsi l'occasion à Hart de performer un grand numéro d'acteur, riche en sueur froide, en décalgags et en mimiques inquiètes (la future femme du gouverneur s'étonnant de le retrouver "brun comme un indien").
Pour le reste, les méchants de l'histoire offrent peu de consistance, bien qu'ils parviennent à blesser séverement le gouverneur (voir illustration). S'ils avaient réussi, Three Word Brand aurait été le film où Hart meurt deux fois, mais il n'y aurait alors pas eu le happy end qui semblait alors tout à fait incontournable dans le western de l'époque. A la fin, Brand get the girl et lui dit "I love you". Trois mots, encore...

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