L'Ange noir du Mississippi
Bienvenido, padre Murray
1962
Ramòn Torrado
Avec: René Muñoz, Fernando Sancho
A nouveau, il est facile de céder aux moqueries pour ce film, non seulement mineur, mais mineur même dans le cœur des plus acharnés des aficionados du western européen. Pourtant, L'Ange Noir du Mississippi est une curiosité à plus d'un titre. D'abord par son sujet, le racisme enduré avec philosophie par un pasteur noir dans une ville de l'Ouest, sujet finalement relativement rare dans le western (et malgré le récent succès du Django de Tarantino, c'est un sujet que l'on continuera à ne pas voir souvent). Les westerns traitant du racisme anti-noir ou anti-indien sont généralement assez pesants et plein de bonnes intentions souvent maladroites.
Celui-ci n'échappe pas à la règle, mais ça n'empêche pas une certaine efficacité dans la violence et son impact, celle du lynchage inaugural, celle, situationnelle, de l'accueil glacial réservé au pasteur par ceux-là même qui espéraient sa venue. Mon œil contemporain, non historien, sourit à nouveau de l'ironie qui veut qu'une telle ode à la tolérance soit tournée dans la dictature franquiste pendant que la plus grande démocratie du monde était occupée à mettre un terme à sa propre ségrégation raciale dans la violence. Mais passons, c'est encore ma vision tordue des choses. Sans grande originalité, notre pasteur (René Muñoz, fluet et placide, très convainquant) parvient, à grand renfort de petits arrangement avec la religion, à mettre un paquet de gens de son coté, y compris le grand Fernando Sancho, occupé à roder le personnage exubérant qui fera sa gloire. La religion, et c'est un point qui n'a pas dû déranger les franquistes, est vue comme civilisatrice, un antidote à la violence, alors même que l'actualité nous rappelle tous les jours que la religion est la plus grande source de violence dans ce monde. Encore ma vision tordue des choses. Notons tout de même que notre pasteur se retrouve obligé de passer à l'action. Après avoir assommé deux bandidos, il se signe rapidement, pour conjurer le mauvais sort. J'ai voulu y voir un lien avec Tuco, un air de famille de plus avec ces grands films à l'origine de ce blog, films qui m'ont amené à découvrir des petits films dispensables comme celui-ci, mais pas inintéressants...
Captures: Stéphane sur Western Maniacs
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