samedi 24 octobre 2020

Cinq cartes à abattre


 

 

1968

Henry Hathaway 

Avec: Dean Martin, Robert Mitchum

Des joueurs de poker attablés s'adonnent tranquillement à leur passion, quand soudain, c'est le drame, l'un d'eux est surpris à tricher. Dans Lucky Luke, le malfrat aurait été recouvert de goudron et de plumes, mais ici il se fait pendre haut et court. Le héros de notre histoire, joueur de poker professionnel interprété par Dean Martin, tente bien de s'interposer, mais échoue à empêcher la mort du malheureux. Cette triste histoire semble bien vite oubliée dans les jours qui suivent, la vie reprend ses droits, un nouveau pasteur (Robert Mitchum) arrive en ville. Mais voilà qu'un mystérieux tueur assassine les joueurs impliqués dans le lynchage les uns après les autres.

Cinéaste assez peu réputé, ou en tout cas jugé assez quelconque comparé aux maîtres Ford et Hawk, Hathaway signe ici un petit film efficace, bien qu'assez poussif. Efficace dans le déroulement sans accroc d'une intrigue très typée roman policier, avec sa litanie de meurtres successifs inexpliqués qui peu à peu font monter l'angoisse au sein de la population de la ville. Les soupçons permanents, les inquiétudes des participants au lynchage, les bagarres entre survivants et la personnalité trouble du nouveau pasteur parviennent à forger une atmosphère à la fois oppressante et excitante de part le mystère de l'identité du tueur. Et ce, même si les moins futés des spectateurs auront rapidement compris qui est le tueur. Consciente de cette faiblesse, la scénariste prend le parti de révéler l'identité de l'assassin bien avant la fin, tout en réservant une surprise sur le rôle pervers de l'un des auteurs du lynchage initial. On y trouvera même une ébauche de réflexion sur la vengeance avec un grand V, ce thème récurrent du western, qui est ici questionnée, non pas sur sa moralité, mais sur son efficacité et sa légitimité dès lors que le vengeur risque de se tromper et d'envoyer des innocents ad patres. La figure du vengeur, si souvent justifiée et valeureuse dans la grammaire westernienne, devient ici un ange noir et aveugle.

Malgré ces qualités, le film reste poussif, tourné à l'ancienne et sans éclat particulier (on est quand même en 1968, on aurait apprécié un peu plus d'audace formelle dans ce qui donne plus l'impression d'être un épisode d'une série télé des années 50). Si on apprécie de voir un acteur noir (Yaphet Kotto) jouer un rôle positif et relativement bien écrit, je dois avouer être complètement passé à côté des rôles féminins, baillant plus qu'à mon tour à chaque fois qu'elles apparaissent. Inger Stevens m'avait déjà été passablement insupportable dans Pendez-les hauts et courts et je n'ai pas du tout été touché par le choix de vie qui s'offre à notre héros entre la mère maquerelle, jouée donc par Inger Stevens, et la mimi petite brune bien sous tout rapport jouée par Katherine Justice. Dean Martin choisira-t-il une femme de mauvaise vie, conforme à son rang de joueur de poker professionnel, ou choisira-t-il la respectabilité d'une nouvelle vie honorable et un peu plan plan? A vrai dire, on s'en fout un peu, les échanges verbaux entre ces trois là parasitent totalement l'intrigue policière en cours. La confrontation Dean Martin versus Robert Mitchum, parfait en pasteur inquiétant, est bien plus intéressante.

 Au final, un western que je ne conseillerais certainement pas à quelqu'un qui voudrait s'initier au genre, mais qui ravira certainement les nostalgiques d'un certain cinéma d'antan qui voudraient s'occuper un dimanche pluvieux, sous un plaid, avec un bon grog entre les mains.

Capture: western movies     

2 commentaires:

  1. Content de vous voir publier à nouveau des revues ! J'ai toujours adoré ces 5 cartes à abattre, même s'il fait plus "vieux" qu'il n'en a l'air. En fait c'est encore du Hathaway AOC, c'est à dire qu'on a l'impression que le gars a réalisé tous ses films dans la période 1958-60. Du Jardin du Diable jusqu'aux 100 Dollars pour un dernier John Wayne, on a l'impression que tous ses films sont sortis d'un même moule.
    Puisque vous êtes de retour en ligne, je ne saurais trop vous suggérer le visionnage de la saga Sartana au complet (celle "officielle" de 5 films), dont les américains ont mis en vente une édition blue-ray pas mal du tout (de mémoire vous n'avez publié que sur la version avec Georges Hilton, or celles avec Gianni Garko valent sacrément le détour !). Bien à vous.

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    1. Merci de ton message! Je suis de retour, je ne sais pas trop pour combien de temps. De retour parce que j'ai en ce moment un abonnement OCS et qu'il y a quelques westerns qui trainent sur ce réseau. Donc pour le moment, je n'envisage pas de me remettre au spagh, ni de me procurer tous ces Sartana, désolé...

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