mercredi 11 novembre 2020

Fureur Apache


 

 Ulzana's Raid

1972

Robert Aldrich

Avec: Burt Lancaster

Dans le western américain des années 70, la mode était plutôt à la réhabilitation du peuple indien, à travers des films comme Little Big Man ou Soldat Bleu qui étaient souvent très démonstratifs pour dénoncer la violence des Tuniques Bleues envers les "sauvages". Ici, au premier abord, on pourrait penser que Robert Aldrich fait l'inverse en dépeignant sans détour les tortures ignobles que les Apaches étaient capables de perpétrer sur leurs prisonniers. Rien ne nous est épargné des horreurs subies, même si le réalisateur a tout de même le bon goût de ne nous montrer que le résultat final des atrocités et non pas leur déroulement. 

Fameux en grande partie pour cette violence sans concession, le spectateur contemporain remarquera immanquablement que certains effets "gore" on mal vieilli. Pour autant, je ne recommanderai pas ce western à un jeune enfant, surtout que toutes ces tortures sont basées sur des faits réels et que les Apaches inspiraient une véritable terreur aux colons blanc. La scène où ce soldat préfère abattre la femme qu'il est censé protéger plutôt que de la voir tomber aux mains des indiens, puis se suicider à son tour quand il finit par être rattrapé est en ce sens révélatrice.

Pour le reste, l'histoire est simple: un groupe de soldats menés par un vieil éclaireur (Burt Lancaster) est à la poursuite d'une bande d'Apaches qui s'est échappée de sa réserve et attaque tout ce qui bouge sur son passage. La troupe de soldats a aussi en son sein un éclaireur indien qui leur explique que si les Apaches sont si cruels avec leurs victimes, c'est qu'ils pensent ainsi leur voler leur force avant qu'ils ne meurent. Bon, on est content de le savoir.

Robert Aldrich ne juge pas. Le vieil éclaireur non plus. Le film nous narre la poursuite d'une bande d'Apaches par une troupe de soldats, avec un rythme soutenu, peu de blabla démonstratif, et aucun parti pris, à part le parti pris du réalisme et de l'efficacité. Il se rapproche en cela des films de guerre récents de Kathryn Bigelow, Démineurs et Zero Dark Thirty. Brillant mais sans âme. Sans âme, mais brillant.   


Image: forum.westernmovies.fr

samedi 7 novembre 2020

Les Sept Mercenaires

 


 

The Magnificent Seven

2016

Antoine Fuqua

 Avec: Denzel Washington, Chris Pratt, Lee Byung-Hun et d'autres

 Il y a deux manières de voir ce remake du multi-diffusé Les Sept Mercenaires. Soit on est vieux dans sa tête et on s'insurge. D'une part de voir un classique du western ainsi malmené par son remake qui baigne dans l'habituelle lumière ocre des films d'aujourd'hui. Où sont passés les mexicains du film de John Sturges? Pourquoi ne retrouve-t-on pas ce passage assez intéressant dans la dramaturgie du film d'origine où nos héros sont en échec, forcés de quitter le village? Pourquoi également, ce qui nous rendait la bande de Yul Brynner sympathique a disparu, à savoir cette espèce de grandeur d'âme des mercenaires qui se révèle lors de leur recrutement, cette idée qu'il faut aller aider les pauvres gens même s'ils ne seront pas payés en retour ? On pourra également s'insurger contre les nombreux anachronismes ethniques du film: voir travailler ensemble un noir, un mexicain, un asiatique et un indien est tellement improbable dans l'ouest du dix-neuvième siècle que ça sortira du film toute personne un minimum au fait des réalités sociales de l'époque. Enfin, on pourra également regretter le bigger, stronger, louder qui pollue inévitablement toute tentative de remake d'un film des années 60: il n'y a aucune explosion dans le film d'origine, vous en aurez 5 ou 6 ici. Les morts pleuvent littéralement. La Gatling, qui ne surprend plus personne, fait un véritable carnage. Le méchant, bien sûr, est extrêmement méchant et monodimensionnel, tue toute personne qui le contredit, n'a aucune épaisseur, aucun charisme au contraire de Calvera, le chef des méchants interprété par Eli Wallach dans le film de Sturges. A la fin du film, il y a au bas mot 500 morts, il ne reste plus grand chose du village, de sa population ni des sept mercenaires, mais c'est pas grave, la jolie rousse qui les a recruté au début semble heureuse.

On peut aussi prendre le film différemment. C'est bien filmé, c'est bien cadré, les costumes sont recherchés et il y a de l'action à foison. Denzel Washington et Chris Pratt sont plutôt efficaces et le duo formé par Ethan Hawk et Lee Byung-Hun fonctionne plutôt bien. On est également heureux de revoir l'engagé Baleine de Full Metal Jacket (Vincent D'Onofrio) et la petite bande des sept fonctionne bien. Même s'il est clair que leur caractère multi-ethnique est improbable, ceci a été fait pour que le film ratisse le plus large possible, on est même surpris qu'au final les survivants soient le noir, le mexicain et l'indien. Au passage on nous épargne l'espèce de racisme latent du film d'origine sur la couardise des mexicains. Alors c'est sûr, ce n'est pas un grand western, c'est sûr c'est un peu du n'importe quoi du début à la fin, mais au final, un jeudi soir sur France 3, quand dehors l'épidémie fait rage et vous confine, ça passe crème.

Capture: western movies