Critique Will Penny Le Solitaire - 1968
Voici une critique du western Will Penny Le Solitaire, parue en Mars 1968 dans le numéro 124 de la revue "Cinéma 68". La critique est signée Guy Braucourt.
WILL PENNY LE SOLITAIRE (Will Penny)
Film américain en technicolor de Tom Gries, avec Charlton Heston, Joan Hackett, Donald Pleasence.
Encore un western de la période décadente. C’est-à-dire un western où, d’une part, le héros devenant un homme ordinaire, marqué par l’âge, la fatigue et le souci de gagner son pain, le réalisme quotidien de l’Ouest américain prend le pas sur la mythologie épico-hollywoodienne (et c’est là le côté positif de l’évolution du genre et du film de Tom Gries), mais d’autre part aussi un western où le refus de l’action héroïque et la volonté d’analyse psychologique amènent de longs bavardages, des conventionnelles et mélodramatisantes confrontations de personnages (vieux solitaire et jeune femme mal mariée, petit garçon qui trouve dans l’étranger le père affectueux qu’il n’a pas). D’où un film déchiré entre des intentions estimables et une réalisation plus que contestable, tout comme — pour les mêmes raisons d’ailleurs — LA ROUTE DE L’OUEST, de Andrew McLaglen. D’autant que, autour d’un Charlton Heston égal à lui-même et sur les larges épaules duquel repose tout le film, à part un Charlton Heston dont la sensibilité bourrue fait croire au personnage, l’interprétation est des plus médiocres avec une Joan Hackett (pourtant l’une des meilleures du « Groupe ») qui n’est pas à sa place, et un Donald Pleasence dont le cinéma est en train de faire depuis CUL-DE-SAC l’un des plus mauvais et ridiculement parodiques interprètes de méchants. Il faut tout de même signaler deux détails psychologiques intéressants dans le cadre traditionnel du western : l’argument très actuel du divorce servant à balayer le mari généreux que l’héroïne doit rejoindre, l’âge avoué du héros motivant le refus du happy end attendu. Mais cela même n’était-il pas dit déjà, et avec bien plus de finesse et bien moins de mots, dans le SHANE de Stevens et le GUNS IN THE AFTERNOON de Peckinpah ? Il est décidément bien difficile de n’avoir pas de souvenirs en matière de westerns…
G.B.
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