samedi 23 février 2008

Wild Bill




Wild Bill
1995
Walter Hill
Avec: Jeff Bridges, David Arquette

En tant qu’introduction à la fameuse série télévisée Deadwood, ce Wild Bill mérite d’être vu à partir du moment où l’on remarque certaines coïncidences :
- le film raconte la fin de Wild Bill Hickok à Deadwood, tandis que la série Deadwood y consacre ses quatre premiers épisodes
- le film est réalisé par Walter Hill, or Walter Hill a également réalisé le premier épisode de la série. Walter Hill est également crédité comme « producteur consultatif » (ou un truc comme ça) sur la série.
- Keith Carradine joue Wild Bill dans la série alors qu’il joue Buffalo Bill dans le film Wild Bill

- La série date de 2004 et le film de 1995, ce qui est très récent en terme d’échelle westernienne.
Fort de ces constatations, on n’a plus qu’à se mater le film et jouer au jeu des sept différences. D’abord Wild Bill. Si Jeff Bridges est un poil en dessous de Keith Carradine, les deux acteurs savent parfaitement rendre la personnalité énigmatique de ce célèbre pistolero de l’Ouest, bien habillé, excellent tireur, mais un brin dépressif sur sa fin de vie.
Ensuite la ville. Le Deadwood de Wild Bill est notablement plus construit et évolué (en particulier le quartier chinois) que l’espèce de coupe-gorge glauque de la série. Néanmoins on retrouve bien les rues perpétuellement boueuses dans les deux cas, ce qui devrait me pousser à vérifier si ce n’est pas là un fait historique, mais je laisse les érudits à cette tâche ingrate.


Enfin les autres personnages et le scénario. Si la série s’attache à montrer que la fin de Hickok fut loin d’être glorieuse (le légendaire pistolero se faisant abattre par un moins que rien), le film invente une vague histoire de vengeance pour justifier l’acharnement de Jack McCall (David Arquette excellent en période pré-gloire screamesque) et tenir le film sur une heure et demie sans faire chier le spectateur. Le final culmine dans un portnawak scénaristique avec prise d’otage et bain de sang en règle avant que Wild Bill finisse sa vie plus ou moins dans sa position historique officielle. C’est bien crétin et ça rappelle la fin de Tombstone qui dérive dans le grand délire avec un Doc Holliday qui revient presque d’entre les morts pour dessouder Jimmy Ringo (ou un autre, je ne sais plus) avec une rapidité déconcertante. En terme d’authenticité, certains westerns des années 90 étaient à peu près aussi éloignés de la réalité historique que leurs prédécesseurs, par cette propension à en rajouter dans le coté spectaculaire et actioner de leurs scénarios.


Et puis on notera la fadeur absolue du personnage de Calamity Jane en comparaison de celle de Deadwood, Ellen Barkin faisant tout son possible pour paraître vulgaire et manish sans utiliser un seul juron (film grand public oblige), même pas le plus petit shit. Par contre contrairement à la série, il y a une scène de cul ridicule entre Calamity Jane et Wild Bill (film grand public oblige), ce qui pourra contenter certains mais fera certainement soupirer le plus grand nombre.


On peut donc dire sans grand risque : Deadwood : 1/ Wild Bill : 0


Et c’est bien dommage, car le film part très bien, avec une présentation fracassante de l’homme aux deux pistolets qui brillent, Wild Bill ayant cette manie de se battre avec à peu près tout le monde et de les tuer tous à chaque fois qu’il le peut. Ainsi Wild Bill descend des types patibulaires dans un relais, quatre ou cinq soldats dans un saloon, un guerrier indien qui le provoque, son adjoint dans la rue par erreur, un type sur un fauteuil roulant dans un duel assez cocasse, ainsi que le mari de la femme qu’il aime et quelques autres. C’est pas que ce soit vraiment transcendant, mais la base du western étant de regarder des hommes tirer sur d’autres hommes dans l’Ouest des Etats-Unis de la deuxième moitié du XIXe siècle, on peut dire que de ce coté là, Wild Bill remplit parfaitement son contrat de façon honnête et efficace.


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