Le mari de l'indienne
The Squaw Man
1914
Oscar Apfel et Cecil B. DeMille
Premier film crédité pour Cecil B. De Mille, The Squaw Man est un film ambitieux pour l’époque, multipliant les lieux (l’Angleterre, l’Ouest et même les Alpes) et les époques (plusieurs ellipses de plusieurs années font avancer l’histoire à grands bonds). Basée sur une pièce mélodramatique à très grand succès (220 représentations à partir de 1905) dans laquelle William S. Hart jouait le méchant Cash Hawkins, l’intrigue peine pourtant quelque peu à résonner à nos oreilles du vingt et unième siècle, tant elle repose sur des concepts démodés de nos jours : l’homme aristocratique innocent qui émigre pour sauver l’honneur de son nom, l’Ouest rustre mais prometteur d’une vie nouvelle et le passé qui rattrape toujours son homme. L’aristocrate, joué par Dustin Farnum, se marie à une indienne qui lui donnera un fils. L’absence de romance entre le blanc et la fille, la question du regard des autres totalement éludée et la caractérisation très pauvre de l’indienne désamorcent totalement le mélodrame bon marché qui se noue pourtant petit à petit : l’enfant enlevé à sa mère, la mère poursuivie par la justice, le drame imminent qui se prépare. La jeunesse de DeMille dans le métier, ou l'absence de réel talent d’Apfel, anéantit toute émotion, ou tout questionnement sur l’injustice sociale (une mère privée de son fils parce qu’elle n’a ni la race ni le rang qui conviennent à la destinée de son rejeton) qui est pourtant le ressort principal de l’intrigue. Si l’on ajoute à cela une manière de filmer très datée même pour l’époque malgré ce que l'on peut lire ici où là (peu ou pas de mouvements de caméra, aucun gros plan, une histoire développée comme une succession de tableaux à la manière des pionniers du cinéma des années 1900), on a bien du mal à se passionner pour ce film qui fut pourtant selon l’Histoire officielle, le premier long métrage tourné à Hollywood*. Mais même sur ce terrain, Apfel et DeMille semblent bien plus motivés pour échapper aux sbires d’Edison (qui pourchassaient nombre de cinéastes pour non respect de brevet) que d’exploiter à leur avantage les paysages et la lumière de ce cadre nouveau. Pour le sens du spectacle de DeMille, il faudra donc attendre. Le succès de ce film sera néanmoins tel que DeMille en fera un remake en 1918, et un autre en 1931. A voir donc, si vous êtes curieux.
*Robert Florey, dans son livre Hollywood années zéro, raconte comment DeMille loua en 1913 une remise à Jacob Stern située dans un champ au Nord Est de Sunset Boulevard pour y tourner The Squaw Man. Le premier studio Paramount fut ensuite construit juste à coté, et quand Paramount installa ses nouveaux locaux sur Melrose Avenue en 1926, « De Mille fit soigneusement démonter et transporter la remise de Jacob Stern qui avait vu ses premiers pas de réalisateur. »
Où le voir. DVD zone 1, mais bon, on le trouve aussi sur youtube.
1914
Oscar Apfel et Cecil B. DeMille
Premier film crédité pour Cecil B. De Mille, The Squaw Man est un film ambitieux pour l’époque, multipliant les lieux (l’Angleterre, l’Ouest et même les Alpes) et les époques (plusieurs ellipses de plusieurs années font avancer l’histoire à grands bonds). Basée sur une pièce mélodramatique à très grand succès (220 représentations à partir de 1905) dans laquelle William S. Hart jouait le méchant Cash Hawkins, l’intrigue peine pourtant quelque peu à résonner à nos oreilles du vingt et unième siècle, tant elle repose sur des concepts démodés de nos jours : l’homme aristocratique innocent qui émigre pour sauver l’honneur de son nom, l’Ouest rustre mais prometteur d’une vie nouvelle et le passé qui rattrape toujours son homme. L’aristocrate, joué par Dustin Farnum, se marie à une indienne qui lui donnera un fils. L’absence de romance entre le blanc et la fille, la question du regard des autres totalement éludée et la caractérisation très pauvre de l’indienne désamorcent totalement le mélodrame bon marché qui se noue pourtant petit à petit : l’enfant enlevé à sa mère, la mère poursuivie par la justice, le drame imminent qui se prépare. La jeunesse de DeMille dans le métier, ou l'absence de réel talent d’Apfel, anéantit toute émotion, ou tout questionnement sur l’injustice sociale (une mère privée de son fils parce qu’elle n’a ni la race ni le rang qui conviennent à la destinée de son rejeton) qui est pourtant le ressort principal de l’intrigue. Si l’on ajoute à cela une manière de filmer très datée même pour l’époque malgré ce que l'on peut lire ici où là (peu ou pas de mouvements de caméra, aucun gros plan, une histoire développée comme une succession de tableaux à la manière des pionniers du cinéma des années 1900), on a bien du mal à se passionner pour ce film qui fut pourtant selon l’Histoire officielle, le premier long métrage tourné à Hollywood*. Mais même sur ce terrain, Apfel et DeMille semblent bien plus motivés pour échapper aux sbires d’Edison (qui pourchassaient nombre de cinéastes pour non respect de brevet) que d’exploiter à leur avantage les paysages et la lumière de ce cadre nouveau. Pour le sens du spectacle de DeMille, il faudra donc attendre. Le succès de ce film sera néanmoins tel que DeMille en fera un remake en 1918, et un autre en 1931. A voir donc, si vous êtes curieux.
*Robert Florey, dans son livre Hollywood années zéro, raconte comment DeMille loua en 1913 une remise à Jacob Stern située dans un champ au Nord Est de Sunset Boulevard pour y tourner The Squaw Man. Le premier studio Paramount fut ensuite construit juste à coté, et quand Paramount installa ses nouveaux locaux sur Melrose Avenue en 1926, « De Mille fit soigneusement démonter et transporter la remise de Jacob Stern qui avait vu ses premiers pas de réalisateur. »
Où le voir. DVD zone 1, mais bon, on le trouve aussi sur youtube.
Capture : If Charlie Parker Was a Gunslinger, There'd Be a Whole Lot of Dead Copycats, où l'on peut voir au tag Sex Education une photo de Tina Aumont dont j'ai un mal fou à me remettre.
"petite greluche poseuse", quel langage pour parler d'une dame.
RépondreSupprimerj'ignorais, Tepepa, que tu fréquentais ce superbe blog. Ils ont des séries époustouflantes. Tina Aumont, je me souviens l'avoir vue dans "Torso", un giallo dans lequel elle finissait en morceaux. mais quels charmants morceaux.
A vrai dire, je ne fréquentais pas ce blog avant avoir cherché une capture de The Squaw Man. Tina Aumont, elle joue aussi dans L'homme l'orgueil et la vengeance, ce faux spagh édité par Evidis:
RépondreSupprimerhttp://tepepa.blogspot.com/2007/06/lhomme-lorgueil-et-la-vengeance.html