samedi 30 janvier 2010

Le serment de Rio Jim - The Bargain


The Bargain
1914
Reginald Barker

Avec: William S. Hart

Le voilà. The Bargain c'est le western qui propulse William S. Hart au rang de star du cinéma. On y trouve tout ce qui fera le succès de ses films: figure du bandit qui se range par amour, attaque de diligence les deux flingues en pogne, fuites dans la wilderness (tourné au Grand Canyon, quand même 8 ans avant le Sky High de Tom Mix!), réalisme à tous les étages et désespoir déterminé dans le regard. On n'y trouve pas non plus ce qui alourdira ses œuvres les plus tardives: bon sentiments, puritanisme à gogo et redondance des intrigues. The bargain est direct, sec, incisif et simple. Les scènes s'enchaînent sans temps mort, les décors et les situations sont variées, les péripéties sont parfois inattendues, telle celle montrant un shérif fautant à la table de jeu, et oui personne n'est tout blanc ou tout noir dans ce petit monde...
L'ouest décrit n'est pas un ouest de pacotille comme celui de
Tom Mix. Ce n'est pas forcément un Ouest véridique comme on voudrait tant le croire, mais c'est un Ouest qui a quelque chose à raconter, sans doute le dénuement de ces années et la pauvreté, la rusticité et la simplicité d'un monde disparu. Les hommes ne sont que vareuses élimées, galures déformés et hauts de forme usés. Les bâtiments couverts de poussière craquent silencieusement et les rocs déjà subliment les tourments humains.
Au milieu de tout cela,
William S. Hart et Thomas H. Ince posent leur expérience du théâtre, présentation introductive des personnages (qui montre au passage, que le grimage était déjà très performant à l'époque), découpage en cinq actes et jeu d'acteur affirmé. Et malgré cette influence théâtrale, on n'oublie pas non plus qu'on a affaire a du vrai cinéma, en témoigne ce long travelling dans la salle de jeu, qui détaille le petit monde crapuleux de l'ouest (et raciste envers les mexicains) avec en plus des personnages qui sortent du champ et que l'on retrouve - raccords - au bon endroit ensuite. Fabuleux non?
Coté acteurs, chaque hésitation, chaque douleur, chaque fragment d'espoir de notre acteur fétiche se ressent encore sur ces pellicules qui ont bientôt cent ans. Soudain notre héros éclate de rire, d'un rire franc du collier. Hart, avec son visage encore juvénile parvient toujours à nous toucher un peu alors qu'on commence à connaître son jeu par cœur.
Alors vous l'aurez compris, si vous devez ne voir qu'un seul western muet, choisissez un Ford majeur (The Iron Horse ou Three Bad Men), mais si vous avez le courage d'en voir un deuxième, choisissez donc un Hart!

2 commentaires:

  1. Sachez, mon cher, combien votre sacerdoce, poussé jusque dans ses originels extrêmes, est, pour nous, un enchantement à chaque fois renouvelé.

    RépondreSupprimer
  2. Merci, très gentil, et tant mieux si j'ose dire, parce qu'il m'en reste quelques uns d'originels. Mais j'ai également dans les cartons un retour au spagh prochain.

    RépondreSupprimer